La vie politique est écumée par des opportunistes et plaisantins qui font corps avec le pouvoir cinquantenaire des Gnassingbé dans la destruction des pratiques et normes de la démocratie au Togo.
Pour la énième fois, le gouvernement annonce pour bientôt des élections locales. Du fait de l’absence de ce scrutin depuis 32 ans et surtout de ses spécificités pour lui conférer son essence, il faut un minimum de consensus. Les élections locales ont pour soubassement la décentralisation. Et cette forme de gouvernance permet de réaliser une percée dans la démocratie à la base en ce sens qu’elle instaure une participation des membres des collectivités locales.
Pour obtenir l’adhésion des communautés à la base, gage de la réussite des locales, il faut un minimum de conditions de transparence et d’équité.
A ce jour où le ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales Payadowa Boukpessi annonce les Locales, pour au plus tard la fin du premier semestre 2019, rien n’est défini. Or, la spécificité de ce scrutin exige une adhésion des populations à la base pour bénéficier de leurs contributions au développement local. Jusqu’alors, la délimitation territoriale des 116 communes créées, le fichier électoral, les critères d’attribution du nombre des élus municipaux sont dans le secret du pouvoir. Les contentieux liés aux élections sont gérés par la Cour Suprême et le Tribunal Administratif. Or, au Togo, il n’y a que deux Cours d’Appel à Lomé et à Kara et une seule Cour Suprême à Lomé. Les tribunaux administratifs, point. Il y a aussi nécessité des réformes électorales pour assainir le cadre électoral afin d’assurer l’adhésion et la transparence.
En dehors du Fonds d’Appui aux Collectivités Territoriales, la dotation annuelle de l’Etat prévue à l’article 311 de la Loi relative à la Décentralisation et aux Libertés Locales, il revient à chaque commune de rechercher les ressources nécessaires pour son développement. Pour ce faire, on a plus que besoin de la participation active et effective des populations. Quel avenir pour une commune constamment secouée par une crise de gouvernance ?
A tout point de vue, les réformes institutionnelles, constitutionnelles et électorales telles qu’exigées par les formations politiques en l’occurrence le CAR, l’ANC, le PNP, la CDPA sont plus que nécessaires pour asseoir la base de la gouvernance locale. Mais au nom de l’opportunisme et de la plaisanterie politique, des aigrefins et béquilles du régime s’opposent à ces réformes.
UFC, NET, PDR, des vermines pour une vraie démocratie
Au Togo, il y a des partis politiques qui ne comptent que sur le boycott des partis politiques traditionnels de l’opposition pour avoir quelque chose dans une élection. Les dernières législatives de la honte sont une parfaite illustration en ce sens que des godillots du pouvoir on été fait député pour narguer les Togolais honnêtes, dignes et sérieux.
Dans ce jeu, Gerry Taama du Nouvel Engagement Togoalis (NET) excelle brillamment. « Les points des réformes qui ont été validées par la C14 à l’Assemblée nationale n’ont absolument aucune relation avec les élections locales. La limitation de mandats, les élections à 2 tours et la recomposition de la Cour constitutionnelle n’ont rien à voir avec les élections locales. Elles sont organisées pour des circonscriptions locales et l’organe en charge du contentieux de ces élections est la Cour suprême », a débité l’ancien militaire pour cacher mal son opportunisme destructeur. Il a été rejoint par l’autre allié du régime, l’Union des Forces de Changement (UFC). « Conditionner l’organisation des élections locales à l’adoption préalable des réformes constitutionnelles n’est pas logique. Le scrutin local n’a effectivement rien à voir avec la limitation du mandat présidentiel contenue dans le projet de réformes qui sera bientôt examiné par les députés », ânonne Jean-Claude Homawoo.
Le Parti pour la Démocratie et le Renouveau (PDR) de Zarifou Ayeva, autre béquille de longue date du pouvoir, abonde aussi dans ce sens. « Quand on regarde les réformes qu’on demande, ça n’a rien à avoir avec les élections locales qui vont venir. Donc on ne peut pas avoir comme préalables les réformes avant les élections locales. Ce n’est pas possible », a déclaré samedi le Secrétaire Exécutif du PDR, Kolani Lardja. Tout porte à croire que ces béquilles du régime ne sont aucunement en phase avec les réalités liées aux locales. Des élections locales mal organisées risquent d’aggraver les tensions, la haine et la détérioration du climat social.
Si la limitation du mandat présidentiel, les élections à deux tours et la recomposition de la Cour Constitutionnelle ne sont pas nécessaires pour les locales est-ce à dire qu’on peut aller à ce scrutin sans d’autres réformes ? C’est clair qu’on ne peut composer avec des gens de ce pedigree minable pour continuer d’enfoncer le pays.
Il importe que le peuple souverain s’approprie la lutte politique pour redonner du sens aux élections au Togo.
Kokou AGBEMEBIO
Source : www.icilome.com
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