Le pouvoir de Faure sur la voie de l’impasse et de la perdition

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Jamais depuis 2005, le pouvoir de Faure Gnassingbé n’a connu de difficultés et d’humiliation qu’il feint d’ignorer.

Le semblant d’accalmie et la lenteur de la CEDEAO dans sa réaction suite au refus de la mise en œuvre de sa feuille de route donnent aux tenants du régime RPT-UNIR l’illusion d’avoir repris la situation en main.

La peur bleue des élections transparentes et de la perte du pouvoir ajoutées à cette illusion aveuglante poussent les thuriféraires autorisés de l’empire à une rage incontrôlée et suicidaire. Le service de communication de Faure Gnassingbé devient aussi bien cacophonique que chaotique. Plus rien ne va. Tout va dans tous les sens comme une troupe en déroute.

Au soir du 31 juillet, les griots d’UNIR en mission mal mûrie ont fait croire au monde entier que la feuille de route était en faveur du parti au pouvoir. On n’oubliera pas la tentative du traficotage de la feuille de route par les laborantins de la maison sans succès.

Aujourd’hui, ceux qui ont prétendu que les recommandations de la CEDEAO étaient en leur faveur sont incapables d’appliquer un seul petit point de ce document.

La vraie image d’une dictature vêtue de peau de démocratie est mise à nue.

Acculé, le régime cinquantenaire commet la pire des gaffes qui risque de lui être fatale.
Le 23 septembre dernier en effet, le Comité de suivi recommande une CENI paritaire à raison de 8 représentants par chaque partie et un chronogramme consensuel de la CENI recomposée. La mouvance présidentielle n’a pas exprimé son désaccord.

Mais plus de deux semaines après, le constat est amer : le pouvoir de Faure foule aux pieds les consignes de la CEDEAO et fonce avec une CENI bancale et inféodée dans la préparation contestée des législatives. L’un des ministres du système hostile au changement dira d’ailleurs que les élections auront lieu avec ou sans la C14 et qu’on n’a pas besoin d’avoir une CENI consensuelle pour aller aux élections. Il a ajouté qu’il n’y aura jamais de recomposition des CELI et CLC comme le réclame la C14.

À bien analyser ces déclarations, on est en droit de conclure que le gouvernement togolais dit tout haut qu’il rompt avec la feuille de route de la CEDEAO. C’est ici qu’il faut aussi comprendre les propos d’un autre ministre qui dit: « Le Togo n’est pas une colonie du Ghana ». Cette phrase est révélatrice d’un malaise plus profond et s’adresse implicitement à la CEDEAO et au Ghana qui finissent par agacer la dictature togolaise.

Enfin, pour confirmer son hostilité à la feuille de route et aux dernières recommandations du Comité de suivi, l’assemblée nationale détenue par le pouvoir tourne en rond et peine à nommer les 8 représentants de la C14. Ce mardi 09 octobre, elle joue à la diversion en votant uniquement les représentants des partis extra-parlementaires de la C14 et de la société civile cooptée par cette dernière. Le staff de l’hémicycle trouve qu’à cause des desiderata de l’UFC qui refuse de quitter la CENI, il faut reporter à plus tard le vote en vue de la nomination des autres représentants des partis parlementaires de la C14.

L’UFC est-elle plus puissante que l’assemblée nationale et l’État ? Ce parti de Gilchrist est-il désigné par l’opposition qui a présenté la liste de ses représentants le 30 septembre dernier ? Que feront les députés du parti au pouvoir à la prochaine plénière ? Rejeter un représentant de la C14 et le remplacer par celui de l’UFC pour prouver que UNIR préfère l’UFC à un autre parti de l’opposition ? La mouvance présidentielle a-t- elle le droit de s’ingérer dans les affaires de l’opposition?

Au demeurant, le pouvoir de Lomé peut-il aller aux élections en violation de la feuille de route et sans la C14 comme l’a annoncé le ministre Gilbert Bawara?

Rien n’est sûr, car les informations persistantes précisent que la CEDEAO fera à tout prix respecter sa feuille de route que le gouvernement togolais tend à jeter dans la poubelle comme pour dire qu’il ne respecte jamais les accords. Et le remède à l’entêtement du régime en place au Togo risque d’être plus amer que la feuille de route du 31 juillet puisque la CEDEAO peut tout tolérer cette fois-ci sauf des élections unilatérales, frauduleuses et contestables qui pourront déboucher sur des violences.

Les détenteurs du pouvoir RPT-UNIR, sous l’effet de la panique et de la boulimie du pouvoir, ont volontairement choisi d’opter pour la voie de l’impasse, mais aussi de la perdition parce que les prochaines élections transparentes au Togo sont synonymes de la disparition du système RPT-UNIR.

Joachin S.

Source : www.icilome.com