Lancé en mars dernier par le Chef de l’Etat, Faure Gnassingbé, le Plan national de développement (PND) mobilise les autorités pour attirer les investisseurs nationaux et étrangers qui jouent un rôle prépondérant pour la réussite de ce projet ambitieux. Mais, l’insécurité grandissante à Lomé, avec son lot de braquages met clairement en péril le PND.
Depuis plusieurs mois et presque chaque semaine, les brigands frappent au cœur de Lomé. C’est avec un visage préoccupé que le Gal Yark Damehame, ministre de la Sécurité et de la Protection Civile s’est présenté face à la presse, le mardi 09 juillet, au moment de présenter le bilan sécuritaire des 6 derniers mois.
Ce rapport semestriel révèle 40 cas de braquage pour 4 morts, 18 blessés et une somme totale de 142 millions et 5 cas déjoués. Le bilan fait également état de 32 vols à main armée dont 04 déjoués, mais qui ont causé tout de même 06 blessés et 4 millions FCFA dérobés, en augmentation par rapport à l’année précédente à la même période. Le rapport déplore par ailleurs une soixantaine de cas d’assassinat, 8 cambriolages.
Plus rien n’arrête les braqueurs…
Depuis 5 ans, la criminalité prend des proportions inquiétantes au Togo. Lomé, comme les autres villes de l’intérieur du pays, connaît son lot de petits cambriolages. Mais les scènes d’insécurité qui se s’enchaînent ces dernières semaines commencent par alimenter une certaine psychose au sein de l’opinion. Des bandits bien armés sèment la terreur dans la ville, avec des armes automatiques le plus souvent en pleine journée.
Depuis la présentation du rapport semestriel du ministre de la sécurité, en l’espace d’une semaine, plus 4 braquages ont été signalés. Le samedi 13 juillet dernier, c’est une boutique de transfert d’argent (Flooz et Tmoney) qui a été braquée à Bè-Kpéhénou. L’un des occupants de la boutique a été sérieusement blessé.
Le mercredi 10 juillet, c’est un chauffeur qui a été abattu à Shenchen (Avéta) sur la route de Lomé-Vogan. « Ils (ndlr : les malfrats) ont bloqué la route avec un banc et une moto. Ils sont au nombre de trois (03). Ils sont cagoulés. Ils parlaient un français de rue. Ils ont demandé de l’argent à mon patron. Quand il a dit qu’il n’a pas d’argent, ils ont tiré sur lui au niveau de la poitrine », a confié l’apprenti qui n’a eu la sauve qu’en prenant la poudre d’escampette.
Le 5 juillet dernier, Selon les témoins, un homme qui venait de retirer l’argent à la BTCI de Super Taco a été rattrapé en cours de route par les braqueurs qui l’ont menacé avec du fusil. Le monsieur à bord du véhicule avec son chauffeur n’a pas pu résister. Les bandits ont emporté les 19 millions 300 mille francs CFA que la victime venait de retirer à la banque.
Quelques jours plutôt, c’est dans l’enceinte de l’Université de Lomé qu’un homme a été attaqué par les braqueurs. Ils auraient dérobé une somme de 5 millions.
Dans la perspective de mettre la main sur ces bandits, le ministre de la Sécurité a invité les populations à coopérer avec les forces de sécurité afin de démanteler les réseaux des braqueurs.
Depuis quelques semaines, des gendarmes armés ont été déployés au niveau de plusieurs rondpoints de la capitale. Mais vraisemblablement, cette stratégie n’a pas suffi à dissuader les brigands. Par conséquent, les braquages continuent de plus belle.
Une situation inquiétante à l’heure où le Plan national de développement cristallise les attentions.
Le PND en péril…
Lancé par le Chef de l’État le 04 mars 2019, le PND se veut être un plan ambitieux du gouvernement dont la vision est de transformer structurellement l’économie, pour une croissance forte, durable, résiliente, inclusive, créatrice d’emplois décents pour tous et induisant l’amélioration du bien-être social des populations à l’horizon 2022.
D’après l’esprit et la philosophie du projet, il revient aux opérateurs économiques de jouer pleinement leur rôle en faisant du PND un véritable moteur de développement. Mais alors, il se fait que c’est à ce secteur privé et aux honnêtes citoyens, de potentiels investisseurs, que les braqueurs s’en prennent. Paradoxalement, les autorités continuent à encourager les investisseurs à venir s’implanter au Togo.
Comment est-il possible de bâtir un projet si ambitieux dans un tel contexte ? Il est évident que cette situation, si elle persiste, va impacter négativement le secteur de l’investissement. Donc, le PND. En effet, il est impossible de faire des investissements sans la sécurité, soutiennent certains investisseurs. « Nous demeurons convaincus que l’insécurité se nourrit de la pauvreté qu’elle alimente, créant de ce fait le cycle infernal de la violence. Ce cycle de violence doit cesser. Il ne peut y avoir d’investissement, de création de richesse et d’emplois dans un climat d’insécurité », a laissé entendre un homme d’affaire étranger installé au Togo depuis deux ans.
Au-delà des investisseurs, cette flambée de violence inquiète aussi les populations. « Pendant que d’autres braquent silencieusement notre richesse commune, d’autres braquent à la hollywoodienne des richesses individuelles obtenues au prix de durs labeurs. Avec des meurtres parmi leurs cibles, des populations sans défense. Pourquoi ces bandits ne s’aventurent pas vers la minorité qui pille depuis des années la richesse commune ? », s’interroge un concitoyen.
Pour rappel, les résultats attendus de ce plan sont essentiellement la création d’emplois (500.000 emplois d’ici 2022), la création de la richesse, le renforcement de la confiance faite au secteur privé, le renforcement du partenariat avec les autres États et gouvernements, l’activation des financements agricoles, la vulgarisation de la digitalisation économique qui est à améliorer en vue des externalités positives, et enfin le renforcement de l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé.
Source : Fraternité No.321 du 17 juillet 2019
Source : Togoweb.net