Le 11 décembre 2018, l’Evêque émérite de Lomé, Mgr Philippe Fanoko Kpodzro a fait une sortie à travers une conférence de presse au cours de laquelle il a appelé Faure Gnassingbé et tout son régime à reporter les élections législatives du 20 décembre et privilégier les réformes constitutionnelles et institutionnelles, afin d’éviter un bain de sang. Mais cette sortie n’a pas été du goût du régime de Faure Gnassingbé. Et la première personne à charger le prélat était Gilbert Bawara, celui-là même à qui on prête le rôle du porte-parole du gouvernement.
En réalité, nombreuses sont les personnes proches du régime qui s’en sont pris à l’Evêque après cette sortie le 11 décembre dernier. Il a été taxé d’opposant, celui qui cherche à semer le trouble dans le pays et qui fait l’apologie d’une situation chaotique. Mgr Philippe Kpodzro a surtout retenu la réaction du ministre en charge de la Fonction publique.
« Mgr Kpodzro devrait faire acte de contrition, en ce qui concerne l’échec sinon le dévoiement et les dérives de la Conférence nationale, avant de se lancer dans les supplications. Mgr Kpodzro est parmi les artisans des turpitudes et errements de la conférence nationale. Le prélat sait que la constitution originelle de 1992 a été conçue dans une logique d’exclusion. Si le découpage électoral d’aujourd’hui devait se faire sur les mêmes bases qui avaient déterminé la composition du HCR-PT dont tout le monde sait qu’il n’assurait pas la représentativité de la société togolaise et de toutes les contrées, nul doute que l’unité du pays et la cohésion nationale seraient gravement en péril. Mgr Kpodzro devrait s’interroger sur sa responsabilité personnelle quant à l’échec de la conférence nationale, faire preuve de plus de retenue, d’humilité et de sagesse », avait déclaré Gilbert Bawara.
Ces propos n’ont pas laissé indifférent le prélat qui, au cours d’une autre conférence de presse qu’il a donnée hier à Lomé pour faire le bilan de la situation sociopolitique du pays, après les élections législatives du 20 décembre dernier, a déploré le fait qu’on veuille lui coller une étiquette qui n’est pas la sienne.
« Il m’est revenu plus d’une fois que certains journalistes de la place, voire quelques personnalités politiques proches du pouvoir, me collent l’étiquette d’opposant et vont jusqu’à affirmer que je serais contre la personne du Chef de l’Etat… Il y en a qui vont plus loin dans la surenchère, à l’exemple de mon fils BAWARA, me taxant de fauteurs de trouble et bien d’autres grossièretés que la pudeur m’interdit de répéter face à cette auguste assemblée », a regretté Mgr Kpodzro.
Et d’ajouter en guise de leçon au ministre de la Fonction publique : « Je voudrais rappeler qu’aucun enfant bien éduqué ne saurait dire à l’endroit de son propre père ou de toute personne âgée, qui plus est un prélat, donc une personnalité morale et religieuse de telles stupidités. Un responsable politique doit être astreint à la retenue, et à la délicatesse. Cela s’enseigne dans les facultés de sciences politiques. A mon âge et eu égard à mes charges, Archevêque Emérite… Quel intérêt aurais-je, à la fin de mon parcours terrestre si proche, au moment où je m’apprête à répondre devant mon créateur, de ce que j’ai fait de ses brebis à moi confiées ? ».
Toutefois, l’Evêque émérite de Lomé est convaincu en lui-même que Gilbert Bawara ne sait pas ce qu’il fait. Et donc, pour lui, il faut lui pardonner. « En ce qui me concerne, à l’exemple du Grand Maître, le Christ notre Seigneur, alors qu’il venait d’être crucifié sur la croix et qu’il subissait les méprisables railleries d’un des larrons condamnés à subir le même sort que lui, humblement, j’élève ma voix vers le Seigneur en disant : « Seigneur, pardonne lui, pardonne leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » », a-t-il dit.
Pour Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, au moment où le Seigneur s’apprête à le rappeler à lui, il n’a aucun intérêt à vouloir le mal pour le Togo et ses fils. Donc ceux qui lui prêtent l’intention de vouloir déstabiliser le pays le font à tort.
« Quel intérêt aurais-je à semer le trouble dans les troupeaux confiés à mon humble personne, par pure grâce, au moment où le grand maître s’apprête à m’en demander des comptes ? Pourquoi sèmerais-je des troubles dans mon pays à l’heure où le grand bilan m’attends devant le grand tribunal des cieux où les dessous de tables, les ‘’taméas’’, les manœuvres de tout genre ne passent pas ? Mais, voyons, quel profit censé pourrais-je tirer de la prévalence d’une situation chaotique dans mon pays ? Pourquoi devrais-je en vouloir à Faure, notre Chef d’Etat, qui est pour moi, mon très cher fils, à plusieurs égards ? », s’est-il demandé.
I.K
Source : www.icilome.com