Le « New Deal » Africain de Macron : Ou Comment Accélérer la Relance de l’Économie Française avec l’Afrique !

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29 chefs d’États africains sont venus chercher de l’argent à Paris le 17 et 18 mai 2021. Ils n’ont obtenu principalement que des promesses de s’endetter encore plus sous le contrôle des institutions où le conseil d’administration est dominé par les créanciers ! On se demande pourquoi, les 29 dirigeants africains, ne se sont pas posés la question de savoir pourquoi est-ce qu’ils n’ont à ce jour pas de programme africain ou sous-régional ou sectoriel de relance de l’économie africaine ? D’ailleurs, pourquoi l’argent disponible pour soutenir cette relance économique, quitte l’Afrique en « clandestin », démontrant l’absence de vérité des comptes public ?

Face à cette incurie, certains ailleurs ont trouvé une occasion rêvée pour exceller dans l’ambiguïté et le dol. Face parfois à une certaine incompétence côté débiteurs africains, et une certaine arrogance hégémonique, côté créanciers occidentaux, ce jeu trouble des créanciers des dirigeants africains se fait aux dépens du Peuple africain. Pour combien de temps encore ?

1. Jeu Trouble des Créanciers et des Débiteurs : Les Peuples Africains Sont Perdants

À l’initiative du Président français, Emmanuel Macron, le « Sommet sur le financement des économies africaines » s’est tenu à Paris le 17 mai (pour le Soudan) et le 18 mai pour les 29 pays africains et présents dans le cadre d’une relation suprémaciste entre débiteurs et leurs principaux créanciers. Les participants étaient accompagnés des institutions servant de courroie de transmission, d’exécution ou de contrôle de l’exécution des décisions des créanciers, notamment le Fonds monétaire international, le Groupe de la Banque mondiale, et accessoirement le groupe de la Banque africaine de développement et les institutions régionales comme l’Union africaine (Président en exercice et Président de la Commission de l’UA) et l’Union européenne (Présidence de l’Union européenne et le Président du conseil européen).

Du côté du groupe des créanciers occidentaux, il faut noter que 1. l’Allemagne, 2. la Belgique, 3. le Canada, 4. l’Espagne, 5. les Etats-Unis, 6. la France (pays initiateur et organisateur), 7. l’Italie, 8. le Japon, 9. les Pays-Bas, 10. le Portugal, 11. le Royaume-Uni, ont répondu à l’appel du Président français, Emmanuel Macron. Le Président espagnol s’est excusé du fait justement de l’absence de financement suffisante de l’Union européenne pour organiser de manière plus humaine et efficace les migrations nord-sud passant entre le Maroc et l’Espagne.

Si officiellement, il était question pour l’Élysée de « répondre » à l’appel du 21 avril 2020 de certains présidents africains et européens choisis d’agir en faveur de la « mobilisation de la « communauté internationale » pour affronter les conséquences de la crise sanitaire et économique causée en Afrique par la pandémie sanitaire du Coronavirus COVID-19, la réalité est tout autre.

Le rapport de 11 pages du Sommet sur le « financement des économies africaines » passe sous silence l’essentiel : le rôle de l’Afrique dans la relance de l’économie française. Les dirigeants africains concernés gagneraient à demander à des experts africains indépendants de se pencher sur le sujet afin de ne pas, à nouveau, se lancer sur des pistes glissantes du renouvellement du cycle infernal de la servitude volontaire. A moins que ce ne soit un choix de leur part, ce collectivement.

La Chine, Les Émirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite étaient aussi présents. L’absence du Président M. Xi Jinping de la Chine, d’Ali Bongo du Gabon rappellent que 27 pays africains sur les 56 reconnus n’étaient pas présents. La Turquie qui prépare en juin 2021, l’organisation d’une grande conférence sur l’investissement en Afrique en Turquie n’étaient pas invités, ni la Russie en train de prendre pied en Centrafrique.

Alors, le président français Emmanuel Macron innove en changeant de format, mais pas le fond du dossier. On passe du pré-carré au pré-rectangle, autrement dit, c’est comme élargir la francophonie à tous ceux qui expriment l’envie d’être « francophone » ou « francophile » sans avoir besoin de le prouver.

2. Macron Relance l’Economie Française : Du « Pré Carré » au « Pré Rectangle »

Face à un constat de baisse d’influence économique et de puissance politique de la France dans le monde et en particulier en Afrique, le sommet de la relance de l’économie française ne pouvait pas faire abstraction du pré carré français en Afrique, et de l’ingérence permanent de la France dans les affaires des Africains.

Rappelons que le pré carré relève du « domaine réservé », couvre un espace géographique et/ou linguistique protégé par des fortifications visibles, invisibles ou ésotériques fondés par des accords secrets. Pour en être membre officiellement ou officieusement, il faut être parrainé par l’un des membres qui répond de votre loyauté à la hiérarchie et les règles internes de fonctionnement et de positionnement. En guise de carte de membre, il faut, entre autres, participer à des « sommets dit du pré-carré ». Mais avec l’innovation en termes d’élargissement tant du côté des créanciers que des Etats africains non-membres du pré-carré, il importe de s’ajuster en conséquence et parler de « pré-rectangle ». En cela, Emmanuel Macron a innové.

Le problème est que les dirigeants africains, membres actifs, passifs ou zélés, de ce pré carré français ont globalement une mauvaise réputation auprès de leurs populations respectives notamment aux plans de la mauvaise gouvernance économique et politique. Beaucoup sont des autocrates, voire des dictateurs qui foulent des deux pieds, la Constitution de leur pays, ce avec l’approbation des autorités françaises. Les morts et les frustrations qui s’en suivent sont passés par pertes et profits. La pauvreté, les inégalités, les crimes économiques et la contre-vérité des comptes publics deviennent un sport national pour certains privilégiés, qui continuent à bénéficier du passeport de l’impunité.

Il ne faut donc pas s’étonner que l’avenir de la France passe par l’organisation ou le maintien du statu quo politique en Afrique, d’où la formule consacrée en France : « L’Afrique est l’avenir de la France », ce que Emmanuel Macron a confirmé le 29 août 2017 par la formule « C’est en Afrique que se joue largement l’avenir du monde », et donc de la France. Mais le précédent Président François Hollande semble avoir un consensus avec son successeur puisqu’il a rappelé ceci le 6 février 2015 : « L’Afrique, c’est notre avenir », toutefois, il faisait preuve d’un peu plus d’humilité car le sommet avec les chefs d’Etat africains était intitulé : « Forum Franco-Africain. Pour une croissance partagée : renforcer le partenariat économique entre l’Afrique et la France ».

3. Un Sommet pour Répondre aux Préoccupations des Dirigeants Africains et Moins des Peuples Africains

C’est donc dans ce contexte plus proche des réalités du terrain qu’il faut comprendre les atermoiements sur le titre de ce sommet qui est passé du titre paternaliste teinté de suffisance et de vassalité que constitue le « sommet sur le financement des économies africaines » à celui promus par les médias « mainstream » de « sommet sur les économies africaines ». La déclaration finale le 18 mai 2021 à Paris ne clarifie pas s’il y aura un financement des économies africaines, mais a permis de faire un appel « sentimental » que résument au moins les deux conclusions majeures qui d’ailleurs n’engagent personne :

# Première proposition : « Répondre aux besoins de financement pour promouvoir une relance rapide, verte, durable et inclusive » avec un appel pour « décider rapidement d’une allocation générale de droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international » dont seulement moins de 5 % seront alloués à l’Afrique et pour des projets de court terme. Cette approche innovative des autorités béninoises a été accompagnée par plusieurs promesses sans engagements des créanciers ;

# Deuxième proposition : « Soutenir une croissance de long-terme stimulée par un secteur privé et un entrepreneuriat dynamique et par le développement et le financement de projets d’infrastructures de qualité ». Cette proposition renvoie la responsabilité des actions sur les dirigeants africains tout en s’assurant que les risques engagés pour les pays créanciers soient couverts par des instruments de garanties et de partages de risques.

La mise en œuvre de ces propositions pose le problème du retour sur investissement pour la France, ce aux dépens des Africains comme l’histoire de la France en Afrique le rappelle cruellement.

Le vrai problème est qu’il n’est jamais question dans le rapport final du Sommet de « peuple africain » encore moins du « citoyen africain ». Il est donc bien question de répondre aux préoccupations des dirigeants africains et non des peuples africains. Cette dichotomie ouvre un espace de malentendus, de confusions et d’ambiguïtés savamment utilisées par les médias officiels. C’est un véritable piège dans lequel de nombreux chefs d’Etat africains sont en train de tomber à nouveau.

Aussi, la liste des propositions dont celles qui vont être citées dans ce rapport sont destinées à satisfaire des actions qui seront menées par les dirigeants africains sans que nécessairement les résultats servent les intérêts des peuples africains.

Il est question pour les signataires du Sommet :

# « de s’engager à soutenir l’Association internationale de développement (AID-20), une des institutions du Groupe de la Banque mondiale ;

# « de renforcer les institutions financières publiques africaines avec une « mobilisation accrue de la Banque africaine de développement (BAD) » ;

# « d’améliorer le financement durable du développement et éviter un nouveau cycle de surendettement » ;

# « de développer « une Alliance pour l’entreprenariat en Afrique en mobilisation tous les partenaires intéressés à « appuyer le développement du secteur privé africain par des moyens financiers, techniques et le renforcement des capacités ».

Ces quelques serments et vœux sans engagements de réalisation et de financement n’engagent que ceux qui y croient. Mais le problème est qu’en vérité, c’est en définitive une forme nouvelle de servitudes volontaires des 29 dirigeants africains dans l’accès au cas par cas du traitement de la dette, de l’octroi de crédit, de l’achat des vaccins via le programme COVAX de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et des possibilités d’une création monétaire sous contrôle des créanciers.

Alors le génie d’Emmanuel Macron consiste à répondre à la volonté des 29 dirigeants africains de vouloir s’endetter sans comprendre les enjeux et l’intérêt de la France dans ce dossier, et sans se poser la question de savoir, si cela répond aux intérêts des peuples africains.

4. Un Pays Endetté Peut-Il Endetter à Court Terme 29 Pays Africains ?

Le Président Emmanuel Macron a tenté de faire venir 56 chefs d’Etat africains à Paris. Il fallait trouver le thème qui pouvait faire consensus. La solution passait par l’ambiguïté surtout si en face, les 29 chefs d’Etat et de gouvernements africains ont répondu présents sans s’interroger sur la finalité à terme de leur engagement. Le problème est que ces dirigeants africains n’ont obtenu, comme souvent, que des promesses non pas de voir leurs dettes annulées, mais de contracter de nouvelles dettes à court terme et de nouvelles conditionnalités. Qui trompe qui ?

C’est principalement la pandémie du coronavirus COVID-19 qui a fait entrer les pays occidentaux, créanciers de l’Afrique, en récession économique deux à trois fois plus sévèrement qu’en Afrique. En comparaison, cette pandémie a engendré, en cumulé à la mi-mai 2021 pour les 56 pays africains, autour de 130.000 morts alors que la France (avec 107 000 morts) et le Royaume Uni (avec 127 000 morts) à eux deux, ont déjà atteint le double de nombre de morts des 56 pays africains réunis.

Du point de vue de l’endettement, la France n’est pas un modèle à suivre. Avec une dette publique estimée autour de 122,4 % de la richesse nationale (Produit intérieur brut (PIB) en 2021, la France peut-elle réellement « aider » à « financer des économies africaines » ou à « surmonter la récession provoquée par la pandémie COVID-19 » ? En effet, à la suite des critiques dans les réseaux sociaux, le titre jugé « paternaliste » et « condescendant » et donné originellement à ce sommet a été ajusté pour envoyer une image de contrition, voire d’un minimum d’évidence de l’apport minimaliste de la France. Mais rien ne change sur le fond.

Alors que les choses soient claires : la France ne peut venir « aider » et surtout sortir l’Afrique des multiples crises dont elle est en partie co-responsable avec les dirigeants africains, encore moins de la crise sanitaire par les effets d’annonces d’un « Plan Marshall » plus virtuel que réel. Un pays endetté comme la France ne peut financer 29 pays africains sans trouver une solution pour défendre ses intérêts et faire payer une partie de sa dette par les pays débiteurs, plus friands de « photos » avec les dirigeants-créanciers que de justificatifs sur la vérité de leurs comptes publics.

De ce fait, l’aide au développement est devenu au fil du temps, un moteur polluant du financement de l’économie africaine, surtout que dans certains pays, cette aide est largement inférieure à l’apport sans conditionnalités du financement et de l’argent transférés par la Diaspora africaine, y compris pour des petits investissements créateurs d’emplois.

5. Moteur Polluant du Financement de l’Économie Africaine : L’Aide Au Développement

La réalité historique est que ce sont les pays européens et plus particulièrement la France, qui ont finalement et systématiquement accompagné les déviations de certains dirigeants africains frileux qui défendent en Afrique, les intérêts français confondus parfois avec les intérêts d’une françafrique de plus en plus décrié sans que rien ne change. Au sortir de l’esclavage en 1848 avec la création de la Banque du Sénégal en 1853, tout au long du processus de décolonisation jusqu’en 1960, puis lors des indépendances africaines juridiques jusqu’en 1980, et enfin des crises politiques multiformes liées à la mauvaise gouvernance entre 1980 et 2021 et au remède de cheval des ajustements structurels qui a permis de transférer des dettes en titres de propriétés sous couvert de privatisations bâclées, et enfin à la suite des coups d’Etat fomentés de l’extérieur, l’Afrique s’est structurellement installée dans une gouvernance économique qui tolère l’absence de vérité des urnes, l’absence de vérité sur les comptes publics avec comme conséquence, la corruption, l’abus du droit et l’abus de pouvoir comme moteur polluant du financement de l’économie africaine. L’aide au développement n’a servir que de levier et les pays dits « donateurs » ne se sont pas gênés pour en tirer des généreux retours sur investissement.

La notion d’aide au développement demeure pour beaucoup d’Africains un mot « magique » qui absout le « donateur » et le « receveur » de toute responsabilité, surtout s’il s’accompagne d’un processus de mise à l’honneur sous forme de reconnaissances, promotions, médailles ou prix, de préférence par une entité occidentale considérée, à tort, comme détenteur d’une « justice immanente ». Ce quiproquo culturel a modifié en profondeur la psychologie individuelle et collective de nombreux Africaines et Africains dont certains chefs d’Etat africains.

Le point de vue « intéressé » des créanciers rencontre celui, non moins intéressé des dirigeants africains fonctionnaires. Ensemble, ils finissent par créer une culture propre de la médiocrité et de l’abus des droits comme élément fédérateur d’un de maintien mutuel au pouvoir, si possible en mystifiant le Peuple, que ce soit en Afrique, mais aussi en Occident. Cela se fait d’autant plus facilement avec les réseaux sociaux, surtout lorsque les lobbies de l’influence se spécialisent dans la promotion du « fake news », base d’un consensus sur la confusion des genres et de la relativité de l’éthique et du sacré. La démocratie finit par s’organiser sur les bases d’un environnement politique liberticide. En Afrique, on met en prison, surtout tous ceux qui servent de « lanceurs d’alerte » ou promeuvent l’image de la personnalité sans « casseroles » …

La réalité sur le terrain est que de nombreux Africaines et Africains, y compris des Chefs d’Etat ont opté pour la servitude volontaire dès lors qu’elles ou ils trouvent leur compte dans ce jeu de la valorisation du paraître au détriment de la valorisation du bien-être. Mais la valorisation de l’avoir n’est pas du reste, puisque qu’avec les transferts d’argent surtout dans un espace ésotérique ou mystique, la reconnaissance et acquisition de biens ou autres formes de sous-traitances valorisantes sont le lot quotidien de nombreux africains. Ceux-ci continuent à refuser de comprendre que leur mieux-être ne peut venir de ceux, au pouvoir, qui trouvent intérêts à préserver leur bien-être aux dépens de ceux des Africaines et Africains.

Beaucoup de ces Africains sont possédés par un esprit de crédulité et sont identifiés pour être utilisés stratégiquement contre les intérêts des Africains, même si ici et là, quelques expériences pilotes sans lendemain de certaines organisations non gouvernementales font office de paravent pour continuer à croire à la « bonne foi » du généreux bienfaiteur qui camoufle ses « dons » en des crédits régulièrement rééchelonnés.

C’est dans ce contexte afrocentrique qu’il faut aussi considérer ce sommet comme une tentative de reformulation de l’« aide au développement avec retour sur investissement » en un sommet du « financement des 29 économies africaines ». Tous ceux d’Afrique ou du Moyen-Orient qui ont répondu présents, ne peuvent pas être « fiers » d’avoir apporté leur contribution « sonnantes et trébuchantes » au financement du sommet lui-même. Mais alors, qu’est-ce qui a « empêché » les dirigeants africains de préparer et de proposer leur « propre » plan de relance de l’économie africaine ?

6. Les 29 Dirigeants Africains Sont-Ils Incapables de Proposer leur Plan de Relance de l’Économie Africaine ?

Les dirigeants des pays européens, qui collectivement comme individuellement, n’ont jamais reconnu leurs « responsabilité » dans le drame économique, social, environnemental et humain africain, ont systématiquement refusé de mettre en place un véritable Plan de relance des économies africaines à l’image du Plan Marshall dont a bénéficié l’Europe depuis les années 1960. Ce ne sont pas les 1 % du PIB promis, puis devenus 0,7 % de leurs richesses (PIB) avec une moyenne autour de 0,4 % effectif du PIB qui ont permis un développement accéléré des économiques africaines. Il est donc assez curieux que ceux qui n’ont aucun intérêt stratégique au développement des économies africaines, et pour certains, ont accompagné le retard, l’extraversion et la mauvaise gouvernance de l’économie africaine, puisse se targuer « d’aider » en « urgence » et à la suite d’une pandémie sanitaire, une Afrique qui s’en est mieux sortie sur le plan économique que les économies occidentales. L’Afrique est donc plus résiliente et le serait davantage si la corruption et la vérité des comptes publics fondées sur l’exigence de rendre des comptes aux populations et le droit de ces derniers de sanctionner en toute sécurité et liberté leurs dirigeants africains pouvaient avoir lieu dans le cadre de la vérité des urnes, ce sans influence et ingérences des créanciers publics et privés.

Depuis les indépendances juridiques, à la suite des différentes crises pétrolières, d’ajustements structurelles imposées par les institutions de Bretton-Woods, ou électorales sans vérité des urnes en Afrique, le financement des économies africaines fait l’objet de tractations dont les termes ne sont pas connus des populations. Le Président Emmanuel Macron gagnerait en crédibilité s’il avait le courage de mettre sur la place public le contenu des accords secrets qu’imposent la France aux économies africaines de la zone franc afin de jouer « carte sur table ». La transparence, paradoxalement, pourraient sauver l’image de Macron en Afrique. En contrepartie, les 29 dirigeants africains présents au sommet seront-ils capables de s’unir pour proposer, rapidement et enfin, une stratégie commune pour une relance de leur économie ? Il faut espérer que certains d’entre eux ne se soient pas précipités à Paris pour bénéficier facticement d’une confirmation avant l’heure de leur énième mandat présidentiel en toute violation de la Constitution de leur pays respectif.

Les promesses d’annulation partielle des intérêts de la dette, les injections lilliputiennes de liquidités et surtout le renouvellement à répétition des crédits passés en crédits nouveaux, non sans délais de grâce, finissent par cacher l’essentiel.

Comment est-ce que 29 chefs d’État africains peuvent-ils aller à un tel sommet sans une stratégie commune opérationnelle, un programme et un projet commun économique pour l’Afrique de l’après-crise sanitaire ? comment est-ce que l’ensemble de ce dossier n’ait pas été préparé avec les Africains y compris la Diaspora africaine indépendante ? Enfin, pourquoi les modalités de prise de décision ne sont pas éclaircies au point de considérer ce sommet comme une « convocation » de plus ? Pourtant, c’est bien la France, avec le soutien actif de son relais ivoirien, qui a torpillé le projet de la création de la monnaie commune sous-régionale en usurpant le nom de l’ECO-CEDEAO pour en faire un ECO-UEMOA, une copie quasi-conforme du Franc CFA version UEMOA et garantie par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), elle-même obligée d’accepter le bon vouloir du Trésor français quant à la convertibilité de cette monnaie locale en monnaie internationale ?

Parmi les 29 pays, il faut citer le Rwanda, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, la République Démocratique du Congo (actuellement le président en exercice de l’Union africaine), la République du Congo, le Togo, l’Angola ainsi que de nombreuses institutions comme le Fonds monétaire international (FMI), le groupe de la Banque mondiale (BM), le Groupe de la Banque africaine de Développement (BAD), l’Union africaine (UA) avec en face quelques pays créanciers comme l’Allemagne, les Etats-Unis, la France (pays organisateur), l’Union européenne, etc. L’absence d’une représentation au sommet de la Chine notamment le Président chinois Xi Jinping ou encore l’absence du Gabon, notamment le Président Ali Bongo, n’est pas passée inaperçue surtout que le Gabon vient de faire son entrée remarquée au sein du club alternatif à la Francophonie, le Commonwealth notamment son volet économique qui manque cruellement à la francophonie.

Le paradoxe est que la France, un pays créancier mais endetté, peut réussir le pari de faire venir 29 pays africain qui semble incapable d’avoir au moins un plan de relance continentale, ou à défaut un plan de relance sous-régional. Encore faut-il avoir une banque centrale africaine ou sous-régionale, ou au moins un fonds monétaire africain, et bien sûr une monnaie africaine indépendante et convertible !

7. L’Europe Paye Son Refus de Financer un Plan Marshall Africain dès les Années 1960

Annoncée comme la conférence du financement des économiques africaines par la France vers la mi-avril 2020, il fut question de proposer le 17 et le 18 mai 2021 à Paris en France, à l’instar des pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne), des mesures d’exception sous forme de création monétaire et d’annulation partielle de la dette. Réajusté comme un sommet international de « financement et de relance des économies africaines » sans la participation des sociétés civiles africaines, le Président français, Emmanuel Macron, tente de changer l’image des sommets entre l’Afrique et la France. Le prochain portant sur le pré-carré France-Afrique est reportée en octobre 2021. Il importe de noter d’ailleurs que ce sommet « Macron » a cherché à élargir son « influence » hors des pays de la zone franc en Afrique.

Le Plan Marshall africain comme à l’instar du Plan Marshall Américain (New Deal) pour les Etats-Unis ou le Plan Marshall des Américains pour l’Europe n’a pas, à ce jour, trouvé d’équivalent entre l’Europe et l’Afrique. Ce refus systématiquement de l’Europe semble paradoxalement porter ombrage aux économiques européennes qui, dans le fonctionnement de leur administration publique et certaines de leurs entreprises multinationales du secteur privé, sont restées trop collées à une esprit paternaliste colonialiste.

En filigrane, la volonté décomplexée de contrôler économiquement et financièrement l’Afrique existe bel et bien. Mais l’idée sous-jacente, qui relève de la théorie du complot, -ce qui ne lui enlève pas ses chances d’être planifiée-, consiste à œuvrer aussi pour imposer une sorte de guerre des virus et des bactéries en Afrique, afin d’éradiquer les Africains et occuper l’Afrique vidée de sa population autochtone. Les populations africaines ne doivent restées vigilantes, car ceux qui ont éradiqué les indiens d’Amérique ou les Noirs en Australie l’ont fait à partir d’une idéologie suprémaciste, voire racistes et donc fascistes.

Faut-il y voir une réponse à la bergère avec la décision du Président gabonais, Ali Bongo, d’élargir ses horizons en acceptant de travailler avec la communauté anglophone de la Commonwealth ? Certainement pas, puisqu’il a comme ministre des Eaux et forêts, un Britannique et comme partenaires du Gouvernement, une famille très riche en Afrique du Sud impliquée dans des scandales de corruption…

L’économie postcoloniale témoigne enfin de ses limites en ayant imposée à l’Afrique le blocage de l’industrialisation, l’absence d’intégration dans les chaines de valeurs africaines, et la neutralisation systématique du développements des capacités productives en Afrique basées sur une agriculture de transformation, de l’innovation avec la digitalisation de l’économie africaine, et bien sûr, l’ouverture des frontières pour soutenir et doubler les échanges intra-africains, en passant d’environ 11 % aujourd’hui à 40 % d’ici 2030.

8. Le DTS comme Monnaie Non Circulante Permet-Elle à La France de Relancer l’Économie des Dictatures ou des Autocraties en Afrique ?

Face aux pertes d’opportunité pour les économies africaines extrêmement extraverties du fait de la récession économique en Occident et dans les pays asiatiques, et sans un fonds monétaire africain (FMA) pour soutenir la relance des économies africaines, le continent se retrouve à aller chercher des compléments de financement auprès des créanciers publics, au lieu de créer une crédibilité fondée sur la solvabilité pour accéder librement et à des taux d’intérêts faibles, le marché internationaux des capitaux.

Personne ne peut passer sous silence la servitude involontaire des pays de la zone franc avec la prédation française sur les économies de la zone franc via le Franc CFA. L’usurpation du nom « ECO-CEDEAO » pour l’appellation « ECO-UEMOA » ne trompent personne. Et cette période transition vers un Franc CFA tentant de changer de nom en usurpant celui proposés par les Africains ne devrait pas durer éternellement. Les réactionnaires « monétaires » ne pourront pas tenir face au rouleau compresseur de l’émergence d’une ou de plusieurs monnaies de référence en Afrique, ce avec la création d’institutions économiques et financières communes au niveau sous-régional, notamment dans les communautés économiques régionales africaines.

Chacun sait que le moratoire des pays occidentaux regroupés sous le G7 n’a abouti à aucune annulation de dettes pour les économiques africaines mais bien à un rééchelonnement de la dette, soit un report dans le temps, non sans conditionnalités visibles et invisibles, souvent inscrits dans des accords secrets économiques, financiers et militaires. Le résultat de tout ceci est que la France, qu’elle le reconnaisse ou pas, soutient :

# directement des dictatures ou autocraties en Afrique ;

# indirectement le non-respect des Constitutions avec la mise en œuvre des 3e, 4e et plus mandats présidentiels comme au Togo, en Côte d’Ivoire, au Tchad récemment.

La promesse de la France d’annuler les intérêts sur la dette soudanaise (17 mai 2021) ne doit pas cacher le fait qu’aucune dette n’a été annulée pour les 28 autres pays présents au sommet. A ce propos et face à la mise à disposition éventuelle par au moins 13 pays riches présents au sommet, d’un crédit à court terme de 34 milliards de $EU via le Fonds monétaire international, il importe de rappeler que la Russie de Putin a annulé en 2017, plus de 20 milliards US$ de dettes de pays africains.

A force de ne pas soutenir les forces démocratiques indépendantes dans les pays africains, la France risque de perdre graduellement son influence partout où les dirigeants africains conscients des intérêts de leurs populations respectives, font jouer la compétition, la concurrence et trouvent d’autres partenaires au développement comme la Russie ou la Chine qui posent d’ailleurs d’autres problèmes.

En réalité, c’est qu’à force d’empêcher les pays africains de créer des richesses à partir de la transformation de leurs richesses sur place avec la création d’emplois locaux, les pays occidentaux, et l’Union européenne en particulier, ont toujours empêché l’émergence d’un quelconque « Plan Marshall » à l’américaine. En faisant semblant avec la communication et le contrôle de la médiatisation de l’information déversée en Afrique, les apports sous forme d’assistance paternaliste avec en moyenne de 0,4 % de leur richesse nationale (Produit intérieur brut) utilisée comme « aide au développement avec retour sur investissement » en Afrique, les pays européens qui devenus les champions de ceux qui parlent de « Plan Marshall » sans y mettre les moyens en faveur des populations, ont choisi de soutenir les dirigeants africains adossés à des militaires cachés ou pas dans l’ombre.

La conditionnalité, non écrite mais évidente pour tous africains indépendants, consiste à mettre en avant et comme priorité « première », les intérêts des créanciers sur les intérêts des populations africaines. Les intérêts des créanciers se confondant, sinon se conjuguant avec les intérêts de certains dirigeants africains, il ne faut pas sortir des « Grandes Écoles de l’Administration, du Commerce ou de Polytechnique » pour comprendre pourquoi l’intérêt du Président français est justement de ne pas inviter les forces vives et indépendantes africaines, de plus en plus regroupées sous forme d’organisations de la société civile pour s’assurer que la création monétaire, l’injection d’argent frais, ou encore les annulations en trompe l’œil des dettes iniques ou résultants de taux d’intérêts usuriers, ne profiteront pas aux dirigeants africains, encore trop souvent mal élus, pour ne pas dire non démocratiquement élus, mais profiteront au peuple et citoyens africains.

La présence des représentants d’État africains et d’institutions de soutien au développement comme le Fonds monétaire international, la Banque africaine de développement, l’Union européenne ne permet pas de croire à un renouveau mais plutôt à un regroupement d’amis ayant les mêmes intérêts. Il s’agit pour le Président Emmanuel Macron, de mieux resserrer les liens avec les pays africains « amis forcés ou pas » de la France. Celle-ci est de plus en plus menacée par une concurrence accrue des pays émergents économiquement en matière de financement du développement du continent africain. Soit dit en passant, comment la France elle-même très endettée, proche de 118 % de sa richesse nationale, peut-elle prétendre financer les économies africaines de manière pérenne ?

Du coup, il faut se poser la question de savoir si toute cette activité du Président Emmanuel Macron n’a pas pour objet d’engranger des points pour démarrer les campagnes électorales régionales et présidentielles qui s’annoncent difficiles pour son parti politique. En filigrane, les pays comme la Chine n’ont pas oublié la « froideur » avec laquelle la France a snobé son « programme d’appui à la relance mondiale autour de la « route de la soie » … Il s’agit pourtant de « business » mais au profit d’abord des intérêts de la Chine. La résultante en Afrique est un surendettement des Etats africains envers la Chine, alors que l’économie africaine reste sous-financée avec à peine 63,7 % pour l’Afrique subsaharienne en 2020, alors qu’il faut au moins dépasser les 100 % pour dynamiser le secteur de l’entrepreneuriat en Afrique, un des vœux pieux du Sommet.

9. La Chine Ne Veut Pas et Ne Vendra Pas Sa Dette Africaine à La France

La vérité est que les pays asiatiques dont la Chine, ont financé les programmes d’infrastructures et d’appui au développement à long-terme en Afrique, non sans financer aussi directement certains chefs d’États. La résultante est que face à la défection de l’Union européenne sur de nombreux grands projets africains et plus particulièrement l’industrialisation, une grande majorité de pays africains ont renoué avec l’argent facile et certains chefs d’État se sont retrouvés endettés, voire « surendettés ». La corruption et l’impunité des crimes économiques en Afrique comme dans les pays des corrupteurs qui sous-tendent souvent l’octroi des grands contrats de type partenariat public-privé n’ont fait que contribuer à aggraver l’endettement des pays africains. En conséquence, parler de refinancement de l’économie africaine, c’est en fait parler d’achat ou de transfert de dettes entre créanciers.

Alors mettons le pied dans le plat ! Si la France d’Emmanuel Macron veut acheter la dette à long terme du Togo envers la Chine qui a financé l’aéroport de Lomé et que la valeur faciale de la dette est réduite de 100 à 20, la Chine, perdante en apparence, pourrait y gagner en récupérant une partie de la somme qui risquent de ne jamais être payées. Mais la réalité est que la France avec ses accords secrets de défense, militaires et financiers, sait comment imposer des conditionnalités au Togo, pour récupérer, de fait, le bien qui sous-tend l’échange de dettes à des conditions privilégiées. Autrement dit, la France, avec ou sans ses partenaires privés français ou pas, pourraient ainsi se retrouver à récupérer d’abord, puis à devenir le propriétaire de biens et des capacités productives africaines, en l’espèce dans notre exemple, l’aéroport de Lomé, ce qu’elle pourra d’ailleurs assez facilement transformer en « base militaire » sans contreparties véritables si ce n’est le contrôle de ce pays qui prétend être souverain. La Chine gagnerait à officialiser sa position quant à sa volonté ou pas d’entrer dans un système trilatéral avec les puissances occidentales en Afrique, ce aux dépens des peuples africains.

10. Après le Peuple Africain, Macron Marginalise la Diaspora Africaine Indépendante

Ce « New Deal français » repose sur un échange inégal où principalement y gagnent l’État français, les entreprises transnationales françaises et certains dirigeants africains autocrates qui refusent pour le moment de plaider coupable, à l’instar de Vincent Bolloré qui a eu le courage, à moins qu’il n’ait été « marabouté », de le faire.

On est donc bien loin de l’injection d’argent frais, de crédits supplémentaires ou même d’une annulation ou d’un rééchelonnement sans conditionnalités de la dette des pays africains. La rente française en Afrique relève de plus en plus de l’antiquité. La compétition saine sur des bases d’une environnement de la régulation des affaires en Afrique est en horreur à la France. Il y a des « passe-droits ». Ce ne sont pas les chancelleries « administratives » françaises qui viendront contredire cette affirmation puisqu’elles sont les courroies de transmission de la perpétuation du « statu quo » de dirigeants africains s’inscrivant dans une logique de la « servitude volontaire ».

L’évidence est que ce n’est pas à la France de « relancer » l’économie africaine, mais aux Africains. Une Afrique sans les interventions militaires françaises, même épaulés par les forces africaines, est indispensable pour relancer les économies africaines. Autrement dit, l’appui militaire d’autres pays dont les intérêts ne s’opposent pas aux intérêts des populations africaines, est possible.

La France doit le comprendre et l’accepter. Il n’y a là rien d’anti-français, ou d’anti-Macron.

Pour ce faire et sans au préalable, une série de conférences inclusives entre les Africains et sans la France, sans oublier les différents courants de la Diaspora africaine indépendante sur le rôle de la France en Afrique, l’analyse et la stratégie unilatérale d’Emmanuel Macron sur le « financement et la relance des économies africaines » risque de n’être que partiales et partielles.

A défaut, il y aura une reproduction sous d’autres formes, parfois insultantes pour les Africains, d’un paternalisme postcolonial des réseaux ésotériques et mafieux de la Françafrique. Il s’agit de clubs des serviteurs, blancs comme non-blancs, de la France en Afrique, qui n’acquièrent leurs lettres de noblesse, que par la preuve d’actions stratégiques et tactiques avérées contre les intérêts des populations africaines. Le modèle où la France est omni présente en Afrique. Du fait de sa perte d’influence militaire et économique, il faut bien constater que la France, se substitue aux « africains », puis avec sa présence militaire, tend à vouloir « représenter » l’Union européenne dans les zones africaines (Sahel, mais récemment Mozambique) où la France se retrouve à payer ses errements stratégiques et politiques en Libye avec la déstabilisation de ce pays.

En privant pour certains, en retardant pour d’autres, un retour en Afrique des différentes Diasporas africaines d’une part, puis d’autre part, en s’alignant sur les violations des droits, constitutionnel, la violation des droits de l’Homme et des Peuples, la France ne se rend pas compte qu’elle s’est alignée sur l’incompétence d’une grande partie des dirigeants politiques et l’incurie des militaires les soutenant, sauf pour neutraliser les actions de libération des populations par les patriotes africains et panafricains.

Malgré le bruit médiatique sur la non-responsabilité de la France dans tous les problèmes africains, il faut bien s’étonner que la France s’affiche, malgré tout et fréquemment, à côté de ceux-là mêmes qui, régulièrement, affichent comme résultat, une mauvaise gouvernance économique, politique et juridique assortie de la destruction de l’éthique et des valeurs sociales… Autrement dit, le bilan de la mauvaise gestion publique des Etats africains ne peut être passée sous silence dans un sommet portant sur le financement d’une certaine relance des économies africaines. En effet, une partie importante de l’aide publique au développement et même certains investissements dits « directs » relancent principalement le porte-monnaie des dirigeants africains au pouvoir, et leurs courroies de transmission privées.

Alors, il importe de trouver des « mécanismes » pour endetter encore plus les dirigeants africains tout en les plaçant sous les fourches caudines du Fonds monétaire international.

11. Les Droits de Tirage Spéciaux Sous Contrôle Du Fonds Monétaire International

Face à l’impossibilité pour la Banque centrale européenne de générer de la création monétaire pour les économiques africaines, il fallait innover. Mais il faut bien se rendre compte que si les instruments choisis comme les droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international viennent à être utilisées, il s’agira là encore d’une grave erreur stratégique, voire d’une tromperie sur la marchandise que certains dirigeants africains ont déjà approuvée sans en comprendre les enjeux.

Il est question d’augmenter le nombre de DTS détenu par les pays membres du FMI. Créé en 1969 par le FMI, Le DTS est un avoir de réserve international pour compléter les réserves de change officielles des pays membres du FMI. La valeur du DTS repose sur un panier de cinq monnaies : le dollar des États-Unis, l’euro, le renminbi chinois, le yen japonais et la livre sterling. Selon le FMI, à ce jour, 204,2 milliards de DTS (soit environ 293 milliards $EU) ont été alloués aux pays membres, y compris les 182,6 milliards de DTS alloués en 2009 au lendemain de la crise financière mondiale.

Le FMI souhaite décider en juin 2021 de l’émission de DTS de 650 milliards de dollars des Etats-Unis ($EU) avec 34 milliards, soit environ 5 % réservé à l’Afrique. Il s’agit donc pour Emmanuel d’obtenir l’accord des Africains au FMI pour assurer l’émission des DTS pour 650 milliards. La part qui sera octroyée à la France sera, selon les promesses d’Emmanuel Macron, mise à disposition des 29 pays africains.

Pourtant, les DTS servent d’abord à financer les déficits de balance de paiements, donc des déficits de court terme. Mais ce dont a besoin l’Afrique, c’est de financement long et stable. Si certains pays créanciers y voient là une manœuvre pour endetter à nouveau les 29 pays africains afin de procéder plus tard à des échanges de dettes, la réalité est que les pays africains qui détenaient, quelques avoirs en réserves au niveau du FMI sous forme de DTS, risquent :

# d’être pris dans un chantage de la conditionnalité les forçant à importer des pays créanciers, une façon d’empêcher d’importer de la Chine avec les DTS ;

# de perdre ou de voir leurs avoirs de réserve diminuer à la suite de conversions ou des échanges entre pays créanciers et pays débiteurs contre de la liquidité pour effectuer des paiements d’urgence, sous la pression des mêmes créanciers ; et enfin

# de vendre leurs DTS pour rembourser une dette conjoncturelle, mais assurément pas une dette de long terme.

Le plan du gouvernement français pour relancer l’économie française aura besoin de l’appui sans compétition des 29 pays africains pour acheter ses produits. C’est cet « arsenal anticrise africain » qui va permettre d’enrayer la chute d’une partie des activités subies par Emmanuel Macron en France. Il est donc bien question de soutien à un plan de relance de la France en Afrique.

Le paradoxe de tout ceci est qu’en économie, la relation Épargne égale Investissement ne s’applique plus pour les 29 pays africains qui entretiennent des relations d’État à État avec la France. Mais entre les 29 pays africains et la France, la formule économique devient toxique, car l’Épargne équivaut à de l’endettement, celle-ci se fait par l’intermédiaire des droits de tirage spéciaux et surtout par les conditionnalités moins visibles mais tout aussi réelles qui accompagnent les décaissements du Fonds monétaire international.

Il faut donc compter sur les pays nationalistes et patriotes africains, généralement échappant au pré-carré français et qui mettent les intérêts de leur population au-dessus des intérêts français, pour refuser d’utiliser les DTS comme un mode pérenne de refinancement des économies africaines et surtout de soutenir l’intégration régionale par le financement des infrastructures, de l’agriculture mécanisée et informatisée de proximité, de la transformation par l’industrialisation et de la valorisation des échanges intra-africains et des services.

12. La Vérité des Comptes Publics, Un Préalable pour Financer un Plan de Relance des Africains Libres

La nouvelle orientation que le Président français Emmanuel Macron veut impulser, pêche du fait de l’absence de ceux et celles qui peuvent rappeler les activités anti-valeurs des dirigeants africains et français en Afrique. Ne plus rendre des comptes (accountability en anglais) aux peuples africains semble devenir un « intérêt commun » pour le personnel de l’État qu’il soit créancier ou débiteur.

Les acteurs indépendants en Afrique sont aussi des Africains. Ils ont été niés. C’est d’ailleurs en cela que « l’innovation » macronnienne envers les modalités financières de relance des économiques africaines devient une rhétorique hors sol qui ne peut se faire sans la transformation en Afrique des capacités productives. Il faut de la transparence et une attaque en règle contre les corrupteurs et les corrompus, français, internationaux d’une part, et leurs co-équipiers africains, d’autre part. Mais le poids des lobbies fait que le Président français en est incapable.

Faire croire qu’offrir de nouveaux crédits pour financer des actions de court-terme et sous conditionnalités aux dirigeants des pays africains est une panacée, relève de la tromperie. Faire croire que les 29 chefs d’Etat africains se sont déplacés à Paris pour offrir des marges de financement aux populations africaines est un autre leurre bien entretenu. De même que repousser à plus tard le paiement du service de la dette publique et privée, voire annuler une partie de la dette fictive des États que constituent les intérêts accumulés sur le principal de la dette relève du dol. C’est utiliser de l’aspirine pour soigner le cancer ! Pourtant, toutes ces conditions, entre autres, doivent être levées progressivement pour que l’on puisse parler sérieusement de « financement des économies africaines ».

Ce sommet n’est surement pas la panacée, même si l’idée apparaît comme noble. Mais sur le plan stratégique, il s’agit pour la France, sous couvert d’un « accompagnement » d’États africains fragiles, de soutenir, non sans conditionnalités secrètes ou explicites, une nouvelle relation partenariale élargie, compte tenu de la perte d’influence du cercles nauséabonds de la Françafrique, ou celui des chefs d’États africains larbins.

Bref, la priorité qui consistait, entre autres et à terme, à réduire, voire éradiquer la pauvreté, s’est durablement transformée en une priorité pour marginaliser le pauvre, africain de surcroit. La preuve : tous les gouvernements qui ont œuvrés ou œuvrent ou planifient d’œuvrer pour le bien social et les infrastructures de bien-être en Afrique font systématiquement l’objet d’un coup d’État, constitutionnel ou pas, ce plus particulièrement en zone franc et dès les années 1960. La technique du « coup K.O. » consistant en des élections frauduleuses fondées sur la contre-vérité des urnes dès le premier tour est devenue un « ersatz » des coups d’État violents, quoique… ! La contrepartie est que ce soutien à une gouvernance de la contre-valeur s’accompagne toujours de la contre-vérité des comptes publics dans les 29 pays africains. Sur ce dernier point, le silence d’Emmanuel Macron sur ce sujet doit être relevé.

Alors, la question qui taraude tout lecteur indépendant doit être posée et restera sans réponse : Emmanuel Macron contribue-t-il avec son sommet ambigu à promouvoir la « vérité des comptes publics au même titre que la contre-vérité des urnes » dans les 29 pays africains qui ont accepté de s’inscrire dans le pré-rectangle « virtuel » ? La réponse semble assurément être négative !

Toute relance des économies africaines doit être pensée par des experts africains indépendants et portée par des dirigeants africains élus sur la base de la vérité des urnes. Ils doivent accepter de répondre devant le peuple africain de leurs actes, ce par le contrôle indépendant pour faire émerger la vérité des comptes publics.

À défaut, tout ceci n’est qu’un jeu pervers où les intérêts des peuples africains sont malmenés ! YEA.

21 mai 2021

Dr. Yves Ekoué Amaïzo
Directeur Afrocentricity Think Tank
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Source : 27Avril.com