Le mandat Social de Faure et les realites: Kuma, un canton laissé pour compte

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Togo

S’il y a des localités, au Togo, en marge du développement prôné par le gouvernement, l’on citera en bonne place, le canton de Kuma. Malgré son cadre et les conditions propices pour une agriculture florissante, cette localité, l’un des quatorze (14) cantons que compte la Préfecture de Kloto, reste sevrée d’ouverture, par manque d’infrastructures. Et comme bien d’autres dans la région.

Kuma, un canton aux atouts multiples

Composé de 10 villages, ce canton d’une superficie de 43 km², est situé dans la préfecture de Kloto. Localité frontalière entre le Togo et le Ghana, Kuma regorge d’énorme atouts naturels pour son développement. Avec un climat doux, un paysage verdoyant et un sol arable, ce canton a de quoi retenir ses bras valides censés travailler pour son rayonnement . Tout comme Danyi ravitaille les grandes villes comme Lomé de fruits de diverses natures , Kuma l’est également en plusieurs produits agricoles, notamment le maïs, le taro, le manioc et ses différents produits dérivés le gari et autres…

Malheureusement, tous ces atouts naturels paraissent insuffisants pour assurer l’épanouissement dans ce canton. Et pour cause. Hormis le phénomène d’exode rurale, inhérent à toute localité rurale, Kuma est en manque d’infrastructures socio-culturelles pour garantir à ses fils, un bel avenir. Le cas des infrastructures routières et une agriculture réduite uniquement à la consommation.

Une localité sans route

La route du développement passe essentiellement par le développement de la route, dit-on. Malheureusement, pour rallier Kuma à la ville de Kpalime (sur une distance d’environ 20 km), c’est la croix et la bannière. La piste reliant les villages de Konda, Adame, Dunyo, Dovota, Apoti, Apeyeyeme et Bala sont dans un état de dégradation datant des indépendances. Le dernier reprofilage datant de 2015, dans la foulée de la présidentielle, l’eau de ruissellement et les affessement de terrain, par endroit, ont vite fait disparaitre ce colmatage. Et ce, depuis presque quatre (04) ans déjà.

«Nous n’avons pas de route et ça fait déjà des années que nous vivons cette triste réalité. Je me rappelle que c’est en 2015 qu’on a envoyé des caterpillars arranger un peu la route. Mais puisqu’on n’a pas pris soin de faire des canalisations pour laisser l’eau couler, puisqu’il pleut beaucoup ici, la route n’a pas résisté longtemps à la pluie. Et depuis lors, personnes ne semble se soucier de nous», témoigne Rémy, 43 ans, paysan, à Kuma -Apeyeyeme.

Conséquence, difficilement s’effectuent les convoiements, aussi bien des personnes que des marchandises. De peur pour le moteur et autres accessoires de leurs véhicules, les conducteurs de taxi libèrent du terrain aux taxis moto qui, elles, se démènent à coût d’épreuves sur les trajets. «Actuellement, compte tenu de l’état de dégradation avancée de la route, les passagers préfèrent aller à Kpalimé à moto. C’est aujourd’hui le moyen le plus rapide. Et là encore, il faut au moins trente minutes pour rallier Kpalime, contre le double, voire le triple pour un véhicule qui est obligé d’aller à pas de caméléon pour éviter des accidents», explique, pour sa part, Dodzi, conducteur de taxi motos à Kuma -Bala.

Fruit de l’inaction des gouvernants

Tout donne aujourd’hui l’impression que Kuma est un milieu oublié des décideurs du pays. Et cela favorise des grincements de dents et un sentiment de révolte dans le canton. « Qu’on nous laisse dans cet état ne nous surprend pas. En réalité, on nous a toujours pris, ici à Kuma, pour des opposants. Or, c’est tout simplement la résultante de la politique d’indifférence du gouvernement à notre égard», lance Barthélémy, 44 ans, enseignant.

Et de poursuivre :« Le Président est arrivé ici en 2015. Il nous avait promis des choses, comme un marché communautaire, et surtout la route. Nous lui avons accordée notre confiance en votant pour lui massivement. Malheureusement, rien n’a été fait. Et ça fait quatre ans déjà que nous attendons vainement la réalisation de ses promesses ». Sentiment de remords qui semble également envahir Komi, 35 ans, enseignant à Dunyo qui en appelle au Chef de l’Etat. « Les promesses sont faites pour être tenues. Ici, nous ne disons pas de goudronner nos routes. Non ! Nous demandons juste qu’on nous les rende praticables pour limiter les dangers que nous courrons, et surtout pour que nous puissions faire écouler nos produits desquels nous vivons vers le marché», a-t-il laissé entendre.

L’eau, l’autre denrhée rare…

Hormis l’électricité, fort heureusement y jaillit de plus peu, il y a juste, tout est rare à Kuma. Outre la route, l’autre chemin de croix que traverse au quotidien une bonne partie des populations de ce canton reste le manque d’eau potable. Dans ce canton, surtout à Apeyeyeme, Apoti et Bala, les diverses initiatives entreprises depuis des années déjà pour alimenter ces trois villages d’un système d’adduction d’eau potable n’ont guère réussi.

D’où le calvaire permanent des populations, surtout des femmes qui, dans leurs corvées, parcourent au jour le jour des centaines de mètres, descendant dans des ravins et gravissant des collines, à la recherche de l’eau. «Nous souffrons trop, en ce qui concerne l’eau. Pour trouver de l’eau à boire, il faut aller la chercher au marigot, avec les problèmes d’insalubrité et de pollution de l’environnement que nous connaissons. Nous sommes comme ça exposés à toutes sortes de maladies diarrhéiques. Nous prions le gouvernement de tourner son regard vers nous en venant à notre secours», plaide Ama, 40 ans, ménagère à Apoti. Des insuffisances qui ne favorisent pas une culture entrepreneuriale dans la localité, déjà très difficile d’accès.

Le Gouvernent interpellé

De tout ce qui précède, on en retient que Kuma reste un canton presque coupé du Togo. L’écoulement d’innombrables produits agricoles et viviers dont Dame nature comble cette localité devient un chemin de croix. Une situation inconfortable qui retarde le développement de ce canton où hormis l’électricité, tout est rare.

Pour remédier à cette disparité, le gouvernement est vivement interpellé à tourner son regard vers ce milieu qui n’a besoin que de l’appui pour faire éclore tout son potentiel. À cet effet, le Plan National de Développement (PND) conçu pour assurer le plein développement des populations à la base doit prendre pour cible, ce canton et ses habitants.

De grandes surfaces cultivables laissée dans cette localité ont besoin d’être valorisées. D’où l’intérêt également du Mécanisme incitatif de financement agricole (Mifa) qui se veut un outil innovant susceptible de redonner le sourire au monde agricole. Il en est de même pour les natifs et cadres du milieu interpellés à accentuer les plaidoyers en faveur d’une réparation rapide de la situation.

Source : www.icilome.com