Le Togo ne peut pas être laissé à l’agonie aussi longtemps. Le renoncement au Togo ne saurait être à l’ordre du jour, pour le seul fait qu’un régime illégitime et coupable, un pouvoir brutal et déchainé, ce soit emparé de la Terre de nos aïeux depuis 61 ans. Voguer d’erreur en erreur sans limites, sans savoir être, sans savoir-faire. Et l’arrestation de Jean Paul OUMOLOU est le dernier exemple, patent, du manque de discernement à l’œuvre au Togo.
La chance du moment est que le Peuple n’est pas éparpillé au Togo. Au soir du 22 février 2020 nous l’avons tous constaté : un souffle puissant du Peuple togolais a bel et bien balayé toutes les résistances au changement autant que les réactionnaires eux-mêmes, ceux-là qui faisaient politiques en trompant les populations de jour comme de nuit.
Faire politique c’est toujours faire grandeur. Faire politique au Togo, s’investir dans la chose publique et se mettre au service sacerdotal du Peuple, c’est un devoir républicain sur lequel aucun Togolais, homme ou femme ne peut s’asseoir. Tellement, que même le clergé catholique togolais, généralement mesuré, se découvre contestataire de l’abus d’autorité manifeste du pouvoir ombrageux.
Maintenant, il faut que l’opposition retombe sur ses pieds. Une opposition qui ne se donne pas tous les moyens de se transformer en gouvernement pour exercer le pouvoir, l’ébranler tout au moins est une trahison de la volonté du Peuple. C’est pourquoi nous avons ressenti durement la démission de l’opposition togolaise le soir du 22 février 2020, notamment le refus de converger sans état d’âme autour du mieux placé.
Ce renoncement aux imprescriptibles atouts de la volonté populaire est d’autant plus douloureux que devant une dictature, face à une dictature sans faculté autre, les occasions peuvent devenir rares. Certes, c’est le propre des Peuples de subir des défaites, des drames et des tragédies. Puisque les défaites préparent mieux le Peuple à la victoire finale nous avait révélés Soljenitsyne.
ADN du Togo… Alternance ou Égosystème
L’absence d’efficacité dans l’opposition togolaise n’est qu’un embryon du drame togolais dont il faut commencer à se soustraire, coûte que coûte, vaille que vaille. En quoi faisant ? En reconnaissant que le pouvoir au Togo est et restera une charge difficile à assumer plutôt qu’une jouissance effrénée comme Faure Gnassingbé l’a confondue. Le drame fondateur du Togo intervenu assez tôt, le 13 janvier 1963, ne sera conjuré, exorcisé, qu’avec un retour à la République.
L’alternance est, pour ainsi dire, inscrite dans l’ADN du Togo moderne. À défaut, le Togo restera une dictature éternelle, un pays coupé de son Peuple, de génération en génération. Ce paradigme du succès annoncé appartient à l’opposition togolaise porteuse du noble flambeau de la démocratie.
Cette puissance des forces du changement au Togo est abondante et généreusement disponible aussi bien au Togo que dans sa diaspora. C’est probablement de cette diaspora que finira par émerger l’épiphanie salvatrice du Togo, les exilés fabriqués pas le régime y compris et en dehors de toute logique.
En démocratie on est en rébellion. Si tant est que l’idéal de démocratie figure toujours dans la Constitution togolaise, de son préambule jusqu’à sa fin, les Togolais vont toujours élire toute autre personne en rupture valeureuse avec le régime autocratique actuel des Gnassingbé. Ce n’est pas tant la rupture que les valeurs qui font la différence temporelle du renouveau togolais. Le sacerdoce de Mgr Kpodzro, sa capacité non partisane à fonder des liens dont lui-même ne profitera pas, n’a fait que créer ce besoin de transcendance des intérêts égoïstes pour une Éthique du Togo.
De la mémoire vénérable de Sylvanus Olympio à l’auguste sacrifice de Fanoko Kpodzro, il apparaît clairement que la démocratie relève désormais du subliminal et du sacré togolais, une fois sortie de l’égosystème. Dans l’agonie, le Togo refuse néanmoins de se laisser mourir. Les peuples ne meurent pas puisque la liberté ne les fatigue pas.
Défaites répétées ou satisfaction différée pour expliquer les insuffisances du moment, la Liberté et la Démocratie, la Réconciliation et le Développement équitable sont incontournables et inapaisables chez les hommes et les femmes du Togo. Faure Gnassingbé et ses Adowuinon ne perdent rien en attendant la fatalité du changement, la fin du drame par l’éveil du Peuple.
Pierre S. Adjété
Québec, Canada
8 décembre 2021
Source : 27Avril.com