Le crime économique au Togo et chez les voisins : L’hémorragie continue d’une économie en berne

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Le crime économique dans mon pays, le vrai, ce n’est pas dans la rue avec l’agent de sécurité, moins encore, au bureau avec le fameux ‘’taméa’’ qui pousse les dossiers. Ce crime est un monstre à visage humain. Il loge à la présidence, il loge dans les ministères et dans les sociétés d’Etat. Il est dans de bonnes mains, entre des murs en béton armé. Il n’est plus inquiété, il ne l’a jamais été d’ailleurs. Le monstre a une tête qui s’appelle la corruption et un tronc qui est le pouvoir à vie. Le tout est soutenu par des membres appelés l’impunité. L’animal a beaucoup voyagé, traqué sur le continent noir, il a enfin élu domicile au Togo. C’est désormais un leurre de vouloir le déloger, il est en lieu sûr, il est dans son biotope avec les dirigeants togolais. Les autres pays s’organisent pour booster le développement, au Togo, celui-ci est virussé par la présidence à vie, la corruption et l’impunité, le temps s’est arrêté. Pire, au sommet de la République, la monarchie recycle les supposés criminels. Nos dirigeants sont réputés pour leurs éternels voyages dans les autres pays. Pendant leur séjour, ils regardent, sans voir, comment les autres réussissent. De quel atout disposent les voisins pour prendre de l’avance là où le Togo stagne ? Le miracle se trouve-t-il dans l’achat des experts? Qu’est-ce qui manque à mon pays ? Nous visitons quelques exemples de deux voisins pour vous aider à découvrir leur secret et le tendon d’Achille de la monarchie au pouvoir ici.

Le secret est dans le comportement de l’autorité, si elle existe

C’est d’abord et avant tout l’impunité qui a cessé d’être un atout économique chez les autres, la reddition des comptes est intégrée aux valeurs républicaines. La corruption s’est choisie un parrain AU Togo, un allié, un associé, l’impunité. Le phénomène est inquiétant et la situation s’aggrave avec les séquelles sur la peau des citoyens. Phénomène planétaire, si dans tous les pays des mesures se prennent pour limiter l’hémorragie, au Togo cela n’empêche pas aux décideurs de passer des nuits tranquilles. Ce sont les autorités et les institutions qui sont premières responsables de ce fléau dont le quotidien dresse un tableau alarmant. « Lui c’est lui, moi c’est moi », dixit Faure Gnassingbé qui promettait ainsi de se démarquer de la gestion scabreuse de son père. Mais en 12 ans de règne, rien ne semble avoir changé, pire la corruption est devenue une routine bien escortée au sommet.

La tradition au Bénin voisin avec la reddition des comptes

Primo, nous sommes à Cotonou, 12 mai 2015, un ministre démissionne. Barthélémy Kassa, il se nomme. C’est le ministre de l’Energie et de l’Eau. Le secrétaire général du gouvernement fait l’annonce à la télévision nationale: « Les doutes ont, à présent, été confirmés. Une enquête a montré que 4 millions d’euros provenant des fonds néerlandais d’aide au développement avaient disparu. Des dépenses ont été effectuées sans autorisation et des sociétés nouvellement créées se sont vu attribuer d’importantes sommes d’argent…». Près de trois milliards de francs CFA, soit 4 millions d’euros, d’aide destinée à un programme d’accès à l’eau potable et à l’assainissement ne répondent pas aux comptes publics. La pression politique, sociale et diplomatique a eu raison du ministre qui lâche prise. Six cadres et techniciens de la direction générale de l’Eau sont envoyés devant la Brigade économique et financière pour s’expliquer.

Secundo, au bénin, aussi longtemps que les deniers publics sont menacés, il n’existe pas de petit sujet. Tout est scandale, du franc symbolique aux grosses sommes. Treize octobre 2015, mairie d’Agbangnizoun, un maire remplace un autre. Quelques temps après avoir passé le témoin, le pot-aux-roses est découvert. Une affaire de 5 millions de francs CFA défraie la chronique. Accusé de détournement, l’ancien chef service des affaires financières de la mairie, Evariste Atoko, va comparaître une seconde fois devant le procureur de la République près le Tribunal de 1ère instance d’Abomey. Il est poursuivi pour faux et usage de faux en écriture publique et détournement de deniers publics. Le mis en cause a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Par la faveur d’une liberté provisoire, il rembourse dans un premier temps 2 millions de francs CFA.

Tertio, tout comme le Togo, ce pays est en chantier. Il est fréquent que des travaux publics prennent du plomb dans l’aile chez les deux voisins. Sauf que les remèdes ne sont toujours pas les mêmes. Ministère béninois des travaux publics, Yaya Boni était encore au affaire, on parle des présumés fautifs de l’affaire dite du «scandale de la construction du nouveau siège de l’Assemblée Nationale de Porto-Nouvo». Après deux semaines de détention, les présumés ont été fixés sur leur sort le 09 janvier 2013. Ils ont été présentés au Procureur de la république près le Tribunal de première instance de Cotonou. Il est retenu contre eux, « le détournement de deniers publics, la corruption et la complicité de détournement de deniers publics ». En dehors du ministre, les autres personnes citées dans ce scandale sont le Directeur général de la Société d’études régionales d’habitat et d’aménagement urbain, Imorou Mako Seïdou, le Directeur de l’Agence de réhabilitation de la ville de Porto-Novo, Gilbert Amèdjikpè, le Marocain Abdel Kader Moutaïb, le Directeur général de la GEE, l’entreprise qui a gagné le marché de construction de l’infrastructure et l’entrepreneur Valentin Abogouriin.

Contrairement à ces mis en cause, l’ancien ministre de l’Urbanisme, François Noudegbessi, a été libéré à cause de l’incompétence du Tribunal de première instance de Cotonou à traiter son cas. Toutefois, son dossier sera transmis à la Haute Cour de justice compétente en la matière. Le ministre Noudegbessi était aux affaires au moment de l’attribution du marché et au début de la construction de ce nouveau siège. Les travaux de construction de l’infrastructure sont bloqués depuis un temps. Il s’agit d’une affaire de plusieurs milliards de fcfa. Là-bas, quand on déserte un chantier on a le sommeil difficile. Un audit réalisé par le Gouvernement fait constater une légèreté au niveau du maître d’ouvrage qu’est le ministre Noudegbessi et le maître d’ouvrage délégué.

Quartio, encore dans le même environnement, les mesures conservatoires ci-après sont prises contre des citoyens. Ici, on parle de détournement à la poste du Bénin. Jeudi 11 décembre 2014, le Tribunal de première instance de Cotonou s’est prononcé sur le scandale intervenu à la Poste du Bénin sous la gestion de son Ex-Directeur Aboubacar CHABI. De la réhabilitation surfacturée de son logement officiel aux transactions douteuses, l’ex-DG de la Poste du Bénin et deux de ses collaborateurs ainsi que le Directeur Général de Africabourse sont inculpés et poursuivis sous contrôle judiciaire.

– Détournement de deniers publics s’élevant à plus de cent millions (100.000.000) de Francs CFA;
-Abus de fonction et
-Violation de l’obligation de contrôle à priori dans les marchés publics.
Toutefois, des cautions de mise en liberté provisoire sont fixées pour chaque mis en cause :
-Ex-Directeur Général Aboubacar CHABI, 25 millions
-Le Directeur Général de Africabourse, 25 millions
-L’ex-Directeur des Services Financiers et Postaux Victor ADEOTI, 20 millions et
Interdiction a été faite aux mis en cause de sortir de la ville de Cotonou ou de se mettre au volant d’une voiture avant la fin de la procédure. Les intéressés se sont vus retirer leurs passeports.

Le miracle ghanéen du pragmatisme

Coup d’essai coup de maitre, le pays affiche des comportements qui reflètent son image. A peine au pouvoir en janvier passé, l’actuel président se montre encore incisif. Le salaire de 26.000 fonctionnaires est suspendu. Ils sont considérés comme fictifs. Le 1er mai dernier, lors de la fête du travail, le Président Nana Akufo Addo, s’en était félicité. Cette disposition permet désormais au gouvernement d’économiser plus de 100 millions de dollars l’an. Une enquête menée par le ministère ghanéen des Finances, a démontré que plusieurs fonctionnaires « fantômes », coûtaient plus de 103 millions de dollars, par an, à l’État ghanéen. Sans sourciller, Nana Akufo-Addo passe à la traque. Après avoir battu le président sortant John Dramani Mahama lors de l’élection présidentielle de décembre 2016, il est aux commandes depuis le 20 janvier dernier. Ceci n’est que le début si on sait que le nouveau président s’est engagé à nommer un procureur indépendant, pour enquêter spécifiquement sur les allégations de corruption. Avant lui, en 2015 avec son prédécesseur, un journaliste d’investigation ghanéen, Anas AREMEYAWS, armé de la double casquette de journaliste et d’avocat, diffusait une enquête d’ampleur qui met à nu des juges et l’administration judiciaire du pays dans des cas flagrants de corruption. Disponible en bandes audio et vidéo, ce sont près de 500 heures d’enregistrement que le journaliste-avocat a réalisé. En tête d’affiche, deux magistrats de grade supérieur et des juges filmés dans des manœuvres d’extorsion d’argent aux parties en procès. Trente-quatre juges seraient impliqués dans le vaste scandale que le journaliste Anas Aremeyaws révèle. Dans son investigation, il a approché les juges à qui il a proposé des pots de vin pour obtenir la libération de ses clients. L’avocat-journaliste, à cheval entre la quête de l’information et la défense de ses clients, est parvenu à prendre des juges ‘’on the spot’’, la main dans la poche. Le Conseil de la magistrature a écouté les 34 juges cités. Ils ont été filmés clandestinement en train de recevoir des pots-de-vin. Tout ce beau monde acceptait de l’argent, et pas des petites sommes, dans une série de dossiers, allant des nominations à des jugements de complaisance. Dès la révélation, une commission disciplinaire a immédiatement interrogé les 34 magistrats. « Sur la base de leurs réponses », 22 ont été suspendus sur le champ.

Togo, Ange en enfer et Satan au paradis

Le recensement général dans la fonction publique, n’est pas une exclusivité du Ghana. Le Togo s’y connait. Seulement, là où le voisin s’est montré pragmatique en quelques mois, au Togo, les résultats du dernier recensement de 2011, dans la fonction public, se font attendre. Annoncée à l’issue d’un Conseil des ministres le 18 juillet 2011, l’opération de recensement général des agents de la fonction publique est motivée par le manque de maîtrise de l’exactitude de l’effectif des agents qui émargent sur le budget de l’Etat, par l’existence des emplois fictifs, le cumul de fonctions, les agents à la retraite qui continuent par percevoir leur salaire. Cette deuxième opération du genre est conduite par le ministère Esso Solitoki. L’opération lancée le 24 octobre 2011, n’a toujours pas révélée ses résultats. L’opération a duré une semaine. Mais l’issue du processus est déjà perceptible dans cette réponse de monsieur le ministre. Curieux de savoir quelles mesures disciplinaires risquaient les fonctionnaires décelés, la réponse du ministre est sans appel : « Aujourd’hui, nous ne pouvons pas décider avant de connaître la nature des anomalies. Lorsque nous aurons fini ces recensements, nous allons voir tout ce qu’il y a comme anomalies, nous pourrons alors les traiter et en déterminer leur nature, de façon à pouvoir identifier les sanctions qui conviennent». Voilà une république, unique en son genre, où on attend de prendre le criminel, la main dans la poche, avant de légiférer sur la sanction qu’il mérite. Cette boutade de ce cacique du régime cinquantenaire, actuellement conseillé à la présidence, est prévisible si on sait que, avant lui, des recensements sont passés sans que la liste des fautifs soit connue. En son temps, son prédécesseur, Gnofam Ninsoa, a essayé. L’actuel ministre du Transport, désormais à l’aise dans les scandales comme un enfant de chœur à l’évêché, avait entamé un processus d’assainissement de la fonction publique. Le processus l’a amené à déceler de faux diplômes, mais il sera remplacé aussitôt sans que les résultats promis soient connus des Togolais. L’opération a été arrêtée parce que les coupables se comptaient, en pèle, dans les rangs des proches du pouvoir. En un mot, tout comme ils ne connaissent pas le montant exact de leur dette publique, tout comme ils ne connaissent pas le tonnage annuel du premier minerais exporté du pays, les dirigeants de notre respectueuse République ne connaissent pas le nombre des agents qui émargent à la fonction publique. Voici le miracle de M. Faure Gnassingbé, douze ans après la gestion du pouvoir. Qui dit mieux ? Nous avons des informations précises des anciens employés, civiles comme militaires, qui continuent par prendre des doubles, voir triples salaires, qu’ils partagent avec leurs protecteurs dans la séraille à chaque mensualité. La société la plus touchée vient de changer de main au sommet. Ce n’est que quelques exemples.

Quand nos dirigeants visitent ces pays, ils sont émerveillés, à couler la salive, en regardant certaines réalisations publiques. Mais c’est possible ici aussi, monsieur Faure Gnassingbé et sa minorité doivent savoir que ce n’est pas de la magie.

Parlant des crimes économiques, un sentiment de fatalité s’est installé dans mon pays. Et la circonstance devient aggravante quand le citoyen estime qu’il n’a pas le choix. Du coup, la corruption arrosée de l’impunité a accouché d’une crise qui a sclérosé les droits civiques et économiques. Le Togolais pense désormais que c’est déjà une grande faveur pour lui de vivre dans son pays, il ne cherche pas mieux. Ce sentiment d’impunité institutionnalisée a fait de chaque citoyen un exilé au pays natal. Les criminels sont des citoyens entièrement à part qui n’ont que des droits. Is sont toujours des fonctionnaires de l’Etat. C’est eux les milliardaires et non les hommes d’affaires. C’est la mode, on a l’impression qu’il faut juste être au pouvoir pour s’en sortir. Le président camerounais dira d’ailleurs « n’arrive pas au pouvoir qui veut, mais qui peut ». Ceux qui ont atteint un certain niveau dans la gestion de la chose publique s’en sortent. Au tour d’eux, un désert de misère qui noie le citoyen lambda. Au sommet, du plus grand au plus petit décideur, tout le monde est au courant de ce qui mouille tout le monde. Donc personne ne peut agir contre personne, si je peux m’autoriser cette tautologie. Faure Gnassingbé et ses lieutenants sont tout simplement là, quand il fait jour, ils se réveillent, quand il fait nuit ils rentrent se coucher. Où va le pays, quelle est la vision, comment les autres font-ils la différence dans le même environnement sous-régional ? Ce n’est pas leur souci. Une armée acquise, avec des officiers arrosés de faveurs, assure la survie du pouvoir, en servant, parfois en vernaculaire, un refrain, toujours le même au subalternes : « tenez fort, ne laissez pas tomber ». Le citoyen togolais ne se sent interpelé pour les sujets d’intérêts publics que pour participer à un vote. Et quel vote ? Un vote aux résultats qui ressemblent à un DAT, Dépôt A Terme, dans une banque. Au Togo, le citoyen ne comprend pas encore que, l’aveu d’impuissance des premières autorités face à la corruption et la gabegie a atteint un niveau tel qu’il constitue, à lui seul, un motif valable contre une longévité politique.

Seule la transparence dans les comptes publics peut faire le miracle

Mais la transparence ne marche qu’avec la peur du gendarme. Au Togo, la peur du gendarme pour freiner les penchants vers les crimes économiques n’existe pas. Si elle existe, c’est pour étouffer le lanceur d’alerte ou obliger le citoyen à résigner pendant que ses droits économiques sont braqués par une colonie de décideurs. Là où l’impunité se généralise, la lutte contre la corruption se marginalise, cette dernière s’est effectivement marginalisée. L’impunité menace la bonne gouvernance et fait sombrer de plus en plus les populations dans la pauvreté. La mendicité a atteint toute les couches de la société. La corruption a déjà fait son œuvre, le citoyen en récolte le fruit amer. Le visage de la corruption au Togo n’est pas seulement économique, il est tout aussi politique et permet aux dirigeants de garder ‘’ad-vitae-aeternam’’ un pouvoir. Les transactions douteuses dans le secteur des ressources naturelles, les transferts de fonds illégaux vers l’étranger font partie des formes de corruption qui prospèrent. Notre gouvernement a échoué à préserver nos ressources, provoquant ainsi des fuites économiques dans des circuits noirs de blanchiment à l’intérieur et à l’extérieur. Pour combattre la corruption et la gabegie, afin de changer la donne, les gouvernements doivent, d’abord, reconnaître qu’il y a un réel problème. En suite, ils doivent faire en sorte que les structures nationales chargées de lutter contre la corruption disposent de moyens et travaillent de manière indépendante, sans interférence politique. Mais ici, elles existent que dans les discours pour convaincre les bailleurs qui, à leur tour, se rendent complices de l’endentement continu de la République en continuant par financer certaines inutilités publiques au détriment des générations à venir. Le problème de la République, c’est Faure Gnassingbé et sa suite. S’il existe un déclin des normes éthiques dans la gouvernance, les entreprises et les sociétés publiques, c’est bien à leur niveau que tout commence. Les postes politiques semblent devenir une source d’enrichissement. Partout où mon pays récolte la faillite, des individus récoltent des milliards et se retirent en attendant d’être sollicités pour d’autres missions barbouzes. Les exemples ne manquent pas. Revisitez les conditions dans lesquelles Togo-télécom est tombée en faillite. Son ex-directeur général, SAM BIKASSAM, se repose poliment en attendant d’être sollicité par le plus éclairé de la succession. Pendant ce temps, pour une dette de plus de 100 milliards de F CFA, l’entreprise est obligée de se fusionner avec une autre société, Togocel, pour cacher ses casseroles. Le maître d’œuvre de la banqueroute, lui attend son nouveau jour. Nous étions ici quand est venus l’idée de la création de l’OTR, office togolais des recettes. Dans la foulée, on vise à «assainir la collecte et la centralisation des recettes publiques». A l’époque, la douane était une caverne d’Ali-Baba où tout le monde se servait.
Un scandale éclabousse la douane dans ses sommités. Une fraude informatique de grande envergure est constatée dans les comptes au niveau de la direction du port autonome de Lomé. Un douanier menacé de redéploiement a vendu la mèche. Des centaines de milliards y sont passés par perte et profit. M. Abbly Bidamon D. est alors DG de la douane. Tempête dans un verre d’eau, on ferme les yeux sur les premiers décideurs d’alors et on met quelques petits serviteurs en détention à la prison civile de Lomé. Histoire de permettre aux vrais supposés criminels de s’investir à éteindre le feu, de gérer le crime. Abbly et sa bande ont vraiment éteint leur feu, ce n’est pas un hasard si le monsieur est revenu en force comme ministre des Mines. A la même époque, au sommet du service des impôts squattait une dame très proche du carnet d’adresse du prince héritier. Elle, c’est Ingrid Awadé. Peut-être qu’après cette publication, ses journalistes rebondiront pour nous demander des preuves de ses crimes économiques. On n’en a pas, sauf que la preuve est faite dans le fait que, pour avoir servi à la tête d’une régie financière, elle est devenue multimilliardaire avec le petit cercle qui servait avec elle au sommet. Quand l’OTR a voulu imposer un redéploiement coercitif, certains de son entourage immédiat, déjà repus, ont carrément démissionné.

Quant à elle, mise en observation à la Délégation à l’Organisation du Secteur Informel (DOSI), elle est revenue en force à une nouvelle régie, la CNSS, Caisse Nationale de Sécurité Sociale. Le Togo a l’un des meilleurs minerais de phosphates au monde et une des plus grandes réserves africaines après le Maroc. Mais son exploitation n’a laissé aux Togolais que des crises sociales, des accidents de travail et des maladies opportunistes aux riverains de l’exploitation. Tous ceux qui sont passés par cette direction se sont enrichis tout de même si les outils d’exploitation continuent par dater de l’époque coloniale. Le plus emblématique de ceux qui se sont servis à la SNPT est présentement propriétaire-majoritaire d’une ribambelle de stations-service, CAP-ESSO, rachetées à plus de 40 milliards de nos francs. Pour sa part, d’une dénomination à une autre, sans pouvoir assainir la gestion, depuis trois ans, l’exploitation des phosphates togolais ne verse rien au trésor public, à la lecture du budget national de l’exercice 2017.

Le port autonome de Lomé, poumon de l’économie. Malgré son atout naturel en eau profonde et sa position stratégique par rapport à l’hinterland, est devenu un port d’attache pour les trafics dans la sous-région. Ni au Ghana, moins encore au Bénin, ce n’est pas encore l’Eldorados, mais jugez-en pour comprendre comment tous les pays se sont construits à l’image de leurs dirigeants. Les exemples de la gestion villageoise de mon pays sont révoltants, nous souhaitons en faire économie. Ce n’est là que la face émergée d’une économie politique qui a légué la carte actuelle du Togo à ses fils. Ils y vivent, ’’heureux’’, en attendant la providence.

Abi-Alfa/Le Rendez-Vous du 1er juin 2017

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