«…L’armée togolaise est une armée mercenaire de l’état français. Le régime togolais est ce régime qui favorise le trafic des armes…Le pourcentage du budget togolais, quand on regarde les achats militaires de l’état togolais, nos armes nous coûtent 12% de notre budget. Même les puissances de ce monde ne dépensent pas 10%, même pas 5% de leurs budgets pour l’acquisition des armes. Le Togo dépense 12% pour en faire quoi? Pour une armée de combien de soldats? Le Togo est la couverture que l’état français utilise pour vendre les armes dans les pays où il n’a pas le droit de vendre des armes. Le régime togolais, c’est un régime mafieux, un régime mercenaire; ils sont là pour permettre à l’état français de subsister de façon illégale. Mon message: c’est dangereux de tomber dans le piège et d’écouter à travers les discours des gens comme Robert Dussey et Faure Gnassingbé et de voir à travers ces discours des gens qui croient véritablement au panafricanisme. Leur existence même est une trahison au panafricanisme…» (Farida Bemba Nabouréma, sur Radio Avulété)
John Jerry Rawlings, c’est le nom qui revient souvent quand il arrive à tout observateur de la politique africaine de parler du coup d’état qui peut, dans beaucoup de cas, être un mal nécessaire pour changer la trajectoire dans le bon sens dans la gestion d’un pays. John Jerry Rawlings, en effet, fut ce capitaine de l’armée ghanéenne qui, au début des années 80, apparut sur la scène politique de son pays pour mettre fin, par des méthodes radicales, à l’instabilité politique qui menait le Ghana, lentement mais sûrement, vers le gouffre. En remontant l’histoire, les archives nous renseignent que cette France dont les autorités jouent aujourd’hui aux donneurs de leçon en Afrique et dans le cas d’espèce au Niger, avait dû, à un certain moment de sa vie politique, faire face à un coup d’état dénommé coup d’état du Général De Gaulle du 13 mai 1958. «La célébration de l’Appel du 18 juin 1940 ne saurait faire oublier l’implication du Général dans un autre événement, déterminant pour l’avènement de la V° république. Et il s’agissait bien d’un coup d’Etat. Le 12 mai 1958 à Paris, l’Assemblée Nationale investit Pierre Pflimlin (MRP) à la tête d’un gouvernement de coalition avec des socialistes, des radicaux et des démocrates-chrétiens. À Alger le Gouvernement Général est occupé et mis à sac par les partisans de l’Algérie Française, couverts par l’armée. Deux jours plus tard, le général De Gaulle se déclare « prêt à assurer les pouvoirs de la République ». La V° du nom va naître de ce qui est un coup d’Etat dans la parfaite tradition bonapartiste. Aujourd’hui, ces circonstances gênent ou sont minimisées. La crise des institutions est telle, l’engouement de Macron pour De Gaulle est si grand qu’on préfère oublier cet avènement par la force d’un régime qui nous régit toujours…» (Médiapart.fr)
Comme on le voit, même notre fameuse France qui ne veut pas abandonner l’Afrique, surtout francophone, a eu son coup d’état au cours de son histoire, et dont la 5e République qui la régit jusqu’à aujourd’hui garde la marque. Pourquoi alors continuer à jouer à l’hypocrisie en s’immisçant dans les affaires intérieures d’autres pays situés à plusieurs milliers de kilomètres, et aujourd’hui au Niger, pour imposer un point de vue qui ne réprésente pas forcément les intérêts des populations concernées? Et ce qui est encore plus triste, c’est le comportement de certains chefs d’état de cette CEDEAO, devenue depuis longtemps un syndicat dont les intérêts semblent être étrangers à ceux des populations ouest-africaines. L’organisation de l’Afrique occidentale, par son insistance à aller faire une guerre insensée à un pays frère, a perdu toute crédibilité comme organisation indépendante auprès de beaucoup d’observateurs africains, comme internationaux. Et nombreux sont ceux qui pensent aujourd’hui comme nous que les chefs d’état va-t-en- guerre de la CEDEAO agissent par procuration pour la France. En fait c’est la France, pour ses intérêts, qui chercherait à venir détruire un pays africain; peu importe le nombre de Nigériens qui y périront. Cela ne ressemble-t-il pas à du racisme? Et les Africains, en nègres de service, sont prêts à aider à aller faire la sale besogne.
Un drame en cache un autre encore plus pernicieux, pourrait-on dire pour parler de la tragédie togolaise. Oui, le drame togolais-l’expresssion n’est pas assez forte- semble être rélégué au second plan par le comportement de cette France impérialiste et surtout par le comportement de ses valets dans la sous -région ouest-africaine. En insistant sur le coup d’état au Niger, on dirait que ce pays est la seule brebis galeuse de la sous-région, et que les autres pays seraient des modèles en termes de démocratie, de bonne gouvernance et de respect des droits de l’homme. Pourtant au Togo, ce malheureux petit pays, vit depuis presque 60 ans un coup d’état permanent. Ici, il y a tout ce qui fait d’un régime, un régime de dictature qui persécute sans état d’âmes sa population, son opposition, et où il existe des prisonniers politiques, des assassinats politiques et conséquemment des exilés politiques. Voilà donc un régime de terreur de père en fils, où le supposé président de la république, Faure Gnassingbé, insulte, humilie et nargue ses concitoyens en se passant pour un médiateur dans des crises politiques chez les autres qui sont beaucoup mieux lotis sur tous les plans.
Les tractations parallèles à celles de la CEDEAO menées aujourd’hui par le président de fait du Togo, Faure Gnassingbé, avec les putschistes à Niamey, n’ont rien à voir avec une quelconque recherche de la paix. Elles ne visent qu’une chose: garder de bonnes relations avec ces derniers, comme d’ailleurs avec les régimes militaires au Mali et au Burkina-Faso. Sait-on jamais d’où le danger pourrait arriver pour menacer son pouvoir? Mieux vaut ne pas se mettre à dos des pays habitués aux bruits de bottes. Continuer à se comporter en régime voyou et mafieux en se livrant au trafic d’armes, comme expliqué par Farida Nabouréma dans notre citation du début, c’est également le but poursuivi par Faure Gnassingbé. Celui qui est amoureux de la paix, de la démocratie et de la vie humaine, ne garde pas des prisonniers politiques, dont son propre demi-frère, qu’il refuse de libérer; ne pourchasse pas ses opposants et n’affame pas son peuple. Cette gymnastique éhontée d’un régime aux abois ne trompe et ne trompera personne.
Samari Tchadjobo
Allemagne
Source : 27Avril.com