« Le seul mauvais choix est l’absence de choix » – Amélie Nothomb
L’histoire politique togolaise continue et reste la même. Il y a d’abord le parti Etat, le RPT/UNIR qui depuis 50 ans, se dresse comme un chêne imperturbable dans le paysage politique pour lequel tous les moyens, les richesses du pays sont utilisés pour son fonctionnement et qui s’illustre dans la corruption, l’achat des consciences, la fraude, la violence, l’instrumentalisation des institutions etc.
En créant UNIR, l’héritier Faure Gnassingbé voulait rompre avec le sombre passé du parti au pouvoir pour entamer un nouveau départ. Mais la transformation du parti au pouvoir, hier unique, aujourd’hui encore hégémonique, n’est qu’une manœuvre en trompe l’œil. Le RPT ou UNIR, c’est du pareil au même. Les vieilles méthodes demeurent. Un parti qui use de tous les moyens pour ne pas perdre le pouvoir d’Etat.
En face, les formations politiques de l’opposition écrivent leur histoire en pointillés et ne cessent de se casser les dents contre le vieux chêne RPT/UNIR. L’Union des forces de changement (UFC) de Gilchrist Olmpio et le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) de Me Yawovi Agboyibo avaient réussi, à la faveur de l’ouverture démocratique, à bousculer le parti État dans son hégémonie et sa toute-puissance. Ces deux grands partis qui avaient connu un passé glorieux, ne sont aujourd’hui que l’ombre d’eux-mêmes. Ils semblent même liés par un même destin. L’UFC est en voie de disparition, si elle n’a pas déjà disparu , le CAR est sur ses traces.
Il nous souvient que la crise et l’implosion de l’UFC avaient été suivies à l’époque de la création de deux grands regroupements, le Collectif « Sauvons le Togo » (CST) et la Coalition Arc-en-ciel. L’UFC, dejà fragilisée par la scission intervenue en son sein, était demeurée désespérément seule, et pour ne pas mourir de chagrin, avait tenté une alliance contre-nature et contre-productive avec le RPT. Les élections législatives de juillet 2013 qui avaient suivi, avaient été fatales pour le parti de Gilchrist Olympio. La fessée électorale subie par le parti a failli provoquer un infarctus chez le patriarche. Aujourd’hui, le nom UFC ou Gilchrist Olympio ne dit plus rien à personne.
L’histoire se répète avec le CAR. Le parti des déshérités fut, il y a quelques mois, en proie à de graves dissensions internes. Les velléités de retour du vieux bélier noir Yawovi Agboyibo qui s’affuble du titre de « Président-Fondateur » aux commandes du parti ou d’y placer son fiston, ont conduit à l’implosion du CAR dont la grande partie des cadres et militants ont rallié les Forces Démocratiques pour la République (FDR) lancées en novembre 2016 par Dodji Apévon. Fait du hasard, un regroupement de six partis politiques vient d’être constitué- même si pour l’instant les responsables parlent de groupe informel-, ce qui isole davantage le CAR de Yawovi Agboyibo. De fait, le paysage politique est subdivisé en trois grands blocs : UNIR et ses partis supplétifs, CAP 2015 et le regroupement des six partis.
Comme l’UFC, le CAR se retrouve tout seul au milieu de ces coalitions. Le parti des déshérités ne se portait pas déjà bien. Parti qui couvrait tout le territoire national, le CAR s’est réduit à un parti préfectoral qui n’avait une réelle implantation que dans le Vo et le Yoto. Mais avec le départ d’une frange des cadres et militants et l’offensive fulgurante d’UNIR dans le bastion d’Agboyibo, il serait difficile de mesurer aujourd’hui la réelle représentativité du CAR.
Avec la nouvelle configuration qui s’est dessinée, le parti des déshérités n’a qu’un choix : s’unir à UNIR où il se sent beaucoup plus proche aujourd’hui ou disparaître de la bulle politique togolaise.
Source : Médard Amétépé, Liberté N°2352 du Mercredi 11 Janvier 2017
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