C’est à travers une déclaration que l’Association des victimes de la torture au Togo (ASVITTO) dénonce les violences exercées par les forces de l’ordre sur les vendeurs de carburant illicite à Dapaong dimanche dernier. Elle appelle les responsables de ces forces de l’ordre « à prendre des mesures importantes pour revoir l’application actuellement faite de l’opération ‘’Entonnoir 2’’ en vue d’une protection efficace des citoyens ». Lecture !
Déclaration relative aux maltraitances exercées sur les trafiquants de carburant « frelaté » à Dapaong
L’ASVITTO interpelle les directeurs généraux de la gendarmerie, de la police et des services des douanes
Les forces de l’ordre et de sécurité se sont encore illustrées négativement lors d’une opération ‘’Entonnoir 2’’ à Dapaong le dimanche 09 Avril 2017 faisant au moins un (1) blessé et six (6) personnes arrêtées.
En effet, l’esprit de protection des populations qui a été le but du décret portant création de l’Opération ‘’Entonnoir 2’’ semble être détourné par les exécutants à des fins inavouées, ce qui explique ces violences inouïes constatées du côté des forces de l’ordre et de sécurité lors de son application.
L’on n’a pas cessé d’enregistrer des bilans généralement amers et douloureux que la mise en œuvre de ce décret a causé aux populations Togolaises à savoir les nombreuses pertes de vies humaines et des dégâts corrélatifs inestimables. Cette Opération qui devrait avoir pour mission de privilégier la protection et l’intégrité de la dignité des citoyens s’est transformée en opérations d’incivilités notoires caractérisées par des actes de barbarie entre autres l’usage d’armes à feu, les bastonnades, les violations de domiciles, la chasse à l’homme et par des comportements inouïs et abjects entrainant des conséquences affreuses et horribles dont les victimes sont souvent les populations civiles et quelques rares fois certains éléments des forces assignées à l’opération.
Il est judicieux de se rappeler les bavures orchestrées lors de l’exécution de cette opération dans la préfecture de Bassar (400km au nord-ouest de Lomé) en 2014 qui a fait des morts et blessés par balles avec ce témoignage horrible d’un officier qui a participé à ladite opération : «dès l’approche du premier véhicule, l’officier donna l’ordre de feu. Ce qui fut exécuté par tous les hommes en arme. Malgré les rafales de la 12/7 (une arme lourde), le véhicule des trafiquants du carburant frelaté nous a échappé. J’ai dû rejoindre les autres quand l’officier concerné criait toujours : abattez-les, je ne veux pas les voir vivants. J’ai vu un trafiquant du coté où j’avançais sans chercher à voir s’il était armé ou pas, j’ai envoyé mon coup de feu qui le toucha au bras et l’officier en question criait toujours de le terminer et mon deuxième coup de feu le toucha mortellement. »
De même plusieurs incidents malheureux de cette opération ont été enregistrés à Kara (400km Nord de Lomé), à Kanté (450km Nord-est de Lomé) et dans bien d’autres contrées du pays.
S’agissant d’un bilan très récent, en septembre 2016, Sieur AGBANTI GBANDI a été assassiné à Agoenyévé (Banlieue Centre-nord de Lomé) laissant une veuve et des orphelins.
Dans le mois de Janvier 2017, Sieur Kokou a également perdu la vie lors de la même Opération à Aného dans la préfecture des Lacs à 30km de Lomé la capitale laissant également une famille derrière lui sans oublier les nombreuses victimes de torture dans les quartiers Vakpossito et Adidogomé (Banlieues Nord-ouest) de Lomé et les nombreux dégâts du matériel roulant des forces de l’ordre et de sécurité qui ont coûté très cher au contribuable.
L’ASVITTO estime d’après ce lourd bilan que l’application de ce décret semble être plus destructrice que préventive et c’est pourquoi, se référant à la Constitution Togolaise, et en son article 13 qui dit que : « l’Etat a l’obligation de garantir l’intégrité physique et mentale, la vie et la sécurité de toute personne vivant sur le territoire national. Nul ne peut être arbitrairement privé ni de sa liberté ni de sa vie», l’association déplore le fait que la protection des citoyens ne soit pas mise au centre des préoccupations dans l’exercice de cette opération.
Très inquiète vis-à-vis de cette situation, sans toute fois vouloir minimiser le dangereux caractère que reflète ce trafic du carburant à tous les niveaux, l’on ne peut tout de même occulter l’évidence selon laquelle cette activité lucrative nourrit des familles nombreuses ; il conviendrait alors d’aller beaucoup plus vers une possible solution qui va dans le sens d’une régularisation du secteur combinée à une disposition sécuritaire rigoureuse pour éviter ces bavures quasi-quotidiennes.
L’ASVITTO convie ainsi les Directeurs généraux de la Police, de la Gendarmerie et des Douanes à prendre des mesures importantes pour revoir l’application actuellement faite de l’opération ‘’Entonnoir 2’’ en vue d’une protection efficace des citoyens, elle implore dans le même sens la libération des six (6) personnes arrêtées et une prise en charge du blessé.
Fait à Lomé, le 10 Avril 2017
Pour l’ASVITTO
Le Président
M. ATCHOLI KAO Monzolouwè
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