Abira Bonfoh (UNIR, majorité présidentielle) a fait son entrée à l’Assemblée nationale il y a presque un an. Elue de Bassar (centre du Togo), elle est également questeur.
Un poste privilégié pour observer la façon dont fonctionne et évolue le Parlement.
L’institution a été profondément renouvelée. 80% des élus sont nouveaux.
Du sang frais pour donner un nouveau dynamisme au travail parlementaire. Plus près du terrain et des aspirations des Togolais.
Republicoftogo.com : L’Assemblée nationale vient de tenir un séminaire au cours duquel un plan de développement a été esquissé. Est-ce dire que l’institution a des lacunes ?
Abira Bonfoh : En toute chose, il est important de savoir se remettre en cause si l’on veut vraiment franchir un palier et avancer.
L’Assemblée nationale a connu un renouvellement de près de 80% de ses élus, quoi de plus normal que d’organiser un séminaire de formation sur les enjeux et défis parlementaires afin de bonifier les compétences des députés.
Loin de mettre en exergue de quelconques lacunes au sein de l’institution, cette rencontre a constitué un temps de partage très utile.
L’occasion également de mener une réflexion en profondeur sur nos missions et nos responsabilités. Cette démarche a pour finalité de poser collectivement les bases d’un fonctionnement efficace de l’Assemblée, de développer nos compétences techniques, de renouveler nos modes d’organisation, de moderniser nos outils de gestion.
Raison pour laquelle une stratégique de développement de l’institution a été conçue et sera mise en œuvre.
Republicoftogo.com : De nombreux Togolais estiment que l’Assemblée n’est qu’une Chambre d’enregistrement. Partagez-vous ce point de vue ?
Abira Bonfoh : Je ne partage pas ce sentiment, même si, je peux comprendre l’expression de toute opinion contraire sur l’action du parlement.
S’il est normal en démocratie de formuler des critiques et d’être en désaccord politique, il me parait cependant excessif que certains de nos compatriotes puissent qualifier l’Assemblée de chambre d’enregistrement.
Voyez-vous, cette appréhension n’est pas propre aux Togolais ; elle est partagée partout. Au fond, il s’agit d’une méconnaissance des mutations profondes que connaissent les démocraties contemporaines. Même aux Etats-Unis, considérés en théorie comme un régime de séparation strict des pouvoirs, 90% des lois sont d’initiative présidentielle.
La VIe législature met un point d’honneur à renforcer la qualité des travaux en commission. Du coup, les projets sont suffisamment retravaillés et amendés avec l’appui des personnes-ressources de sorte qu’en plénière les gens ne voient que la partie d’expression des votes.
Je porte la conviction que l’Assemblée nationale a adopté des dispositions importantes au plan institutionnel et constitutionnel, aux fins d’assainir, l’atmosphère sociopolitique et contribuer à l’émergence de notre pays. Il reste néanmoins beaucoup à faire et en cela, je crois profondément à notre impérieux devoir de poursuivre les efforts pour rendre encore plus lisibles et visibles nos réalisations.
Republicoftogo.com : L’élection présidentielle aura lieu au premier trimestre 2020. Le travail parlementaire ne risque-t-il pas d’être affecté par la période électorale ?
Abira Bonfoh : Je peux comprendre le sens de votre question, étant donné que le Parlement est composé de députés venant de différents bords politiques. Logiquement, nous devrions tous être accaparés par cette échéance. D’autant que certains élus se sont déjà déclarés candidats à la présidentielle.
Néanmoins, j’ose croire que le principe de continuité de l’État et notamment de ses institutions sera garanti en toute circonstance.
J’espère donc que la période électorale n’affecte pas le travail parlementaire.
Les élections présidentielles sont un marqueur fondamental de la vie démocratique. Je ne doute pas un seul instant que notre peuple fera preuve d’une grande maturité pour que ces consultations qui se dérouleront dans un climat de paix et dans un esprit républicain.
Nous avons besoin de transcender les clivages politiques pour ensemble œuvrer au développement de notre pays.
Republicoftogo.com : Avec l’élection des maires, comment abordez la cohabitation ou la coexistence ente élus municipaux et nationaux ?
Abira Bonfoh : Je pense que la mise en place des structures communales après 32 années de délégation spéciale, participe à l’oxygénation de notre démocratie.
On ne peut pas parler de coexistence ou de cohabitation entre les élus municipaux et nationaux.
Le périmètre de responsabilités et les missions sont différents.
Il n’y a donc pas de conflit possible, mais au contraire des synergies à développer.
Republic Of Togo