Le problème de nos soldats, c’est l’ignorance, l’inculture ; c’est aussi la formation reçue de l’instructeur français. Ils sont catéchisés, bourrés avec des histoires de maltraitance – fausses ou vraies – qu’auraient vécues leurs grands-parents dans les autres régions du pays. Ils en sont devenus des revanchards et se comportent en zonards dangereux, repliés.
Comment et par qui doit être réglé ce casse-tête si l’on veut que la nation se réconcilie avec elle-même et que les citoyens ne se mettent pas à ramper, paniqués, à la vue du militaire, du gendarme, du policier ? C’est un problème sérieux que le Togo doit affronter en urgence et prendre à bras le corps, toute considération politique et ethnique tue, en vue de son règlement définitif et durable. L’existence même du Togo en tant qu’une Nation indivisible, nous semble-t-il, y est liée. En d’autres termes, cette armée nécessite d’être traitée, exorcisée et remise dans son rôle au sein de la nation. Sans délai.
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Misérables, c’est ce qu’ils sont, nos soldats. Comme beaucoup de Togolais d’ailleurs. Parce que leurs salaires – c’est peu dire – sont dans l’ordre du trop peu. Cette situation les aurait-elle transformés en des monstres aigris sans âme ? Non ! Ils sont des hommes bien constitués, normaux, valides, qui “baisent” pour engendrer des enfants, donc des gens pour qui la vie humaine compte.
Ce qu’ils oublient, c’est que l’enfer qu’ils vivent avec leurs familles provient du paradis de ceux qu’ils appellent chefs ; que lorsqu’une loi est injuste personne n’est tenu de la respecter ; et qu’à côté de l’autorité promotrice des lois iniques et perverses, il y a la Foi, c’est-à-dire leur conscience individuelle.
Elles pêchent, ces forces de l’ordre, quand elles refusent de comprendre que l’honneur de leur métier, ce n’est pas seulement LA LOI ou le respect scrupuleux de l’ordre reçu, mais aussi LA FOI c’est-à-dire leur conscience qui leur demande de faire preuve d’un peu de jugement. On en voit souvent ailleurs.
Au Togo, les militaires gagnent 80 milles par mois !
Le triste constat qu’on fait est que tous nos soldats ou presque parlent la même langue, donc le même langage, et prennent pour étrangers tous ceux qui s’expriment différemment, par conséquent, de potentiels ennemis. Le Togo récolte ce que le RPT avait semé dans les années 80. Les Sanvi de Tové, de Souza, Lawson, Johnson, Olympio, Fabre et autres Gomez n’étaient-ils pas désignés, publiquenent, à la télévision nationale comme étant des étrangers ?
C’est au nom de cette politique d’exclusion d’hier, héritage encore encré dans beaucoup de subconscients, que nos militaires, aujourd’hui, peuvent bastonner les “parasites”, les torturer, les tuer sans remords. Comment une armée, dans un tel état d’esprit, peut-elle subitement se rebeller contre ses maîtres en faveurs des “étrangers”. La muette a plutôt choisi son camp et le fait savoir. Ce sont les autres Togolais (les étrangers) qui sont sourds.
Là où le bât blesse, c’est quand Faure Gnassingbé, un président sous serment, qui a juré de protéger son peuple, lui qui est supposé mettre la pendule à l’heure du 21ème siècle en tenant compte tant de notre histoire que de toutes les frustrations que son père a fait subir aux Togolais pendant quatre décennies, choisisse de gouverner, lui aussi, avec une police politique appuyée d’une milice, donc d’asseoir son pouvoir sur la baïonnette.
Sous sa veille, les cas où les militaires sortent de leur camp pour prendre en chasse et tabasser in live abondent. Alors que le pays n’est pas envahi. Il n’est pas en guerre. Toutes ces bestialités juste pour faire taire, installer la peur, au nom d’un parti qui a passé plus de cinquante ans à la tête du pays à ne rien faire sauf enrichir ses pontes ? En principe, dans un état respectueux de la vie humaine, même si les forces de l’ordre ont des griefs à l’encontre d’un citoyen, d’une catégorie ou un groupe de citoyens, elles y mettent la forme pour que « force reste à la loi ».
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Malheureusement, les autorités, parce qu’elles veulent à tout prix rester là où il y a de l’argent à se faire, ne font aucune preuve de hauteur pour concevoir la sacralité de la vie humaine. Elles laissent faire. Alors, c’est la porte ouverte à ces sauvageries militaires à différents endroits du pays. En pareils cas, il revenait à ces soldats aux ordres de l’autorité véreuse de se rebeller, de faire comprendre à leur chef, suprême soit-il, qu’ils n’ont pas vocation à embastiller la République, à supprimer des vies humaines à l’intérieur des frontières nationales. Une LOI n’est pas sans s’accompagner d’une FOI qui la rend humaine. Autrement dit, une loi sans conscience de l’exécutant est comme une hache entre les mains d’un psychopathe.
Un soldat qui défonce les portes d’un domicile privé, y rentre, tabasse les résidents, un policier ou gendarme qui balance des grenades dans le salon du paisible citoyen, celui qui fait exploser les testicules de son semblable à coup de bâton ne sont pas dignes des armoiries qu’ils portent. Ils ne sauraient, vis-à-vis du peuple, mériter le respect et le statut des forces de l’ordre mais, au contraire, de bêtes immondes, méprisables.
A l’analyse, c’est l’esprit de la haine reçu en legs qui pousse nos corps habillés à croire que tuer les autres est une activité ordinaire. Au reste, leur comportement violent révèle des survivances du péché originel fondateur du régime datant du 13 janvier 1963. Qui une fois a tué tuera. Le RPT a perpétué la tradition des assassinats politiques, des meurtres gratuits, en toute impunité, dans le but d’assouvir ses desseins. Ce sera, demain, une tâche prioritaire d’affranchir nos soldats de cette mentalité des temps anciens qui veut que l’ordre et l’autorité reposent essentiellement sur la peur, laquelle mentalité dispose que “tant que le citoyen a peur, l’ordre est sauf”.
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Face à une telle situation, il revient, de façon impérieuse, à l’INTELLIGENCE NATIONALE DE TOUT BORD (historiens, sociologues, juristes, anthropologues, démographes et autres universitaires de tous les domaines inhérent au sujet) de réfléchir, de chercher à comprendre, en remontant dans notre histoire, dans la genèse de cette armée, avec pour objectif de proposer des solutions visant à guérir nos corps habillés, un état dans l’Etat, de ce qui ressemble à un repli communautaire que d’ailleurs rien ne justifie. Les chances de faisabilité ne sont pas nulles si l’on sait s’y prendre. La contribution des églises, catholique, presbytérienne et méthodiste pourrait beaucoup peser. Une démarche sans faux-fuyant ni langue de bois.
Cette issue serait à l’avantage de ces soldats car, la situation du Togo ne peut rester ainsi à l’infini et l’injustice ne saurait prospérer éternellement. C’est le moment pour eux, nos soldats, de changer de fusil d’épaule, de se mettre à l’abri, du côté du peuple et de l’histoire car, en exécutant les ordres iniques comme ils le font, ils ruinent les chances de la réconciliation nationale. Ne dit-on pas qu’un gendarme sans FOI n’est que ruine de la nation c’est-à-dire une négation de la volonté commune de vivre ensemble ?
Kodjo Epou
Source : Togoweb.net