L’argent des Africains : Adam, animateur et vendeur de cigarettes à Johannesburg – 173 euros par mois

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À Johannesburg, Adam, un Zimbabwéen de vingt-quatre ans, rameute les passants dans un grand magasin de vêtements et vend aussi des cigarettes à la pièce, un travail qui lui rapporte 2 843 rands sud-africains par mois, soit 173 euros.

Bree Street, Johannesburg. Dans une rue grouillante de monde située en plein cœur de la métropole, que l’on appelle ici CBD, pour « Central Business District », se trouvent d’innombrables boutiques d’habillement et d’appareils électroniques alignées l’une à la suite de l’autre, des étals de fruits et légumes disposés au bord des trottoirs auxquels viennent s’accoler des couturiers attablés devant leur machine, des vendeurs de bonbons et des professionnels du rafistolage de dreadlocks.

Chaussé de ses lunettes noires et muni de son microphone, Adam invite les badauds à visiter un magasin de vêtements au son d’une musique entraînante s’échappant de deux gigantesques baffles. À vingt-quatre ans, le jeune Zimbabwéen est à l’oeuvre six jours par semaine, de 8h00 du matin à six heures du soir. Un travail qui lui rapporte quotidiennement 60 rands, soit 3,60 euros.


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Avec son phrasé  de DJ et sa casquette de base ball vissée sur la tête, Adam nous dit se réjouir de vivre dans une ville où les opportunités professionnelles sont plus nombreuses qu’ailleurs. « Si tu peux t’arranger pour avoir des papiers, il faut venir ici car on peut facilement y trouver un petit job et manger à sa faim, pas comme chez moi », explique celui qui a mis en place un petit commerce pour mettre un peu de beurre dans les épinards. Chaque matin, il étale sur une petite table en bois des paquets de cigarettes  vendues à la pièce et dont les bénéfices s’élèvent à 3,6 euros par jour.

Loyer : 109,40 euros par mois

Dans son appartement où la salle de bain et la cuisine se partagent avec d’autres résidents, ses journées débutent à 7h00 avec un petit-déjeuner composé d’une tasse de thé et d’un bol de porridge mélangé avec de l’eau chaude, un aliment qui lui coûte 1,3 euro par mois. Adam vit avec sa femme et sa fille de trois ans et demi au neuvième étage d’un immeuble de Hillbrow, un quartier  proche de son lieu de travail, où il se rend et dont il repart en taxi collectif, à raison de 60 centimes d’euros le trajet. Son loyer lui coûte 109,4 euros par mois et le prix de l’électricité, pré-payée, est d’environ 15 euros par semaine. Des frais dont il se divise la charge avec son épouse.

Avec le dimanche pour seul jour de repos, il arrive fatigué à la maison, où il aime passer du temps avec sa femme et sa fille, écouter de la musique et regarder des films ou du sport à la télévision. C’est aux alentours de 21h30 qu’il se met au lit pour une nuit de sommeil bien mérité.

Repas du midi : 12 euros par mois

Pendant sa journée de travail, qui implique de rester debout pendant près de dix heures, Adam se nourrit souvent d’un hot dog ou d’un hamburger acheté au Mac Donald’s d’en face pour 3 euros par semaine. Lorsqu’il rentre chez lui, un plat acheté dans un restaurant du quartier ou concocté par sa compagne l’attend sur la table de la salle à manger. « À part pour le petit-déjeuner, c’est ma femme qui s’occupe des courses et qui cuisine le repas du soir. C’est souvent de la semoule de blé avec des légumes et de la viande, tout ce que j’aime », dit-il avec un grand sourire. D’après ses dires, le jeune père de famille n’est pas toujours au fait des dépenses ménagères, mais il donne 23 euros à sa compagne tous les mois pour les frais liés à leur enfant.

Si les occasions de retrouver ses amis pour se détendre autour d’une bière sont rares, Adam aime  toutefois prendre un verre de temps à autre. Un petit plaisir qui lui coûte en moyenne 12 euros par mois. Pour communiquer avec ses proches de Johannesburg mais aussi sa famille restée au pays, il débourse 11 euros mensuels en recharge de crédit pour son téléphone.

Retour au Zimbabwe ?

Arrivé en Afrique du Sud en 2008, Adam était alors un jeune adolescent féru de musique et de danse… Mais pour l’instant, difficile de pratiquer sa passion, à cause d’un emploi du temps trop chargé. « Je compte bien reprendre la musique et animer des soirées en tant que DJ mais ce sera pour plus tard, quand j’aurai un peu plus d’argent pour m’acheter du bon matériel », raconte l’artiste, qui s’est fait récemment voler son ordinateur portable. Pour l’instant, mettre de l’argent de côté n’est pas chose aisée, même s’il le couple réussit à rassembler suffisamment d’argent pour se rendre deux fois par an au Zimbabwe, où il espère un jour pouvoir s’installer.

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Jeune Afrique