Laids, ceux pour qui la population est une vache à lait, ni plus, ni moins.
Laids, les membres de cette clique mal élevée, à l’affût de cet aliment malhonnêtement gagné.
Laides les hordes endiablées, déchaînées, telles des molosses de malheurs, légions devenues légendaires dont l’existence personnifie la brutalité, entrant dans les domiciles, pénétrant dans tous les vestibules, tous les salons, toutes les salles, mettant sens dessus, dessous meubles et ustensiles de cuisine, renversant les lits, saisissant et liant tous ceux qui courent se cacher sous les matelas, dans les coins de toilettes, les rouant de tous les coups dont ils sont capables, eux les malheureux dégoulinant de tout ce que l’on peut imaginer. Coupables ces militaires-miliciens-déclarés « Ligue Nationale d’Autodéfense » en délire ? Jamais ! Puisqu’ils sont détenteurs d’un diplôme d’impunité totale et perpétuel.
Laids, ces bras musclés qui tiennent en main la clé de la consolidation du système.
Laide cette bande lâche armée de kalachnikovs, de pistolets, de grenades lacrymogènes, pourvoyeuse de larmes, de cris de malédictions et de désolation scandés « hélu ! hélu ! » par les femmes, et qu’affrontent les adolescents et tous passant courageux, leur lançant des pierres dans les rues et les ruelles.
Ceux qui, farfelus, font tous leurs calculs pour que leur masque facial jamais ne glisse, mais hélas pour eux, ce masque n’échappe pas à la loi de la chute libre et révèle leur vrai visage tel qu’en réalité il est : laid !
Laids. Si laids que quelquefois, l’on se demande si ces hommes et ces femmes se regardent dans la glace morale et physique : la Loi, les règles établies pour la vie sociale et publique.
Laids, ces demi lettrés qui ne savent pas lire l’essentiel quand on se pique de politique, c’est-à-dire, les lignes sur le front du peuple et qui laissent clairement voir les heures pénibles, interminables qu’il vit de l’aurore au crépuscule et de la nuit aux clairs rayons du soleil.
Laide cette bande d’intellectuels klatchataïques, donc au service de Klatchaa : on les a vus à la télé, on les a entendus, on les a lus…dans le fond des lâches et des ladres que ne touchent guère les cris horribles de douleurs poussés par le peuple, la vraie misère étalée çà et là, à Lomé comme à Bafilo, dans les Lacs comme dans l’Oti, comme dans l’Ogou, dans les cases délabrées de Kpalimé comme dans les salles de classe en ruine de Bandjéli.
Laide lignée de Klatchaa.
Laids. Tout le monde sait ce que chacun d’eux lorgne : titres et valises d’argent. Hôtels de luxe et lustres des palais. Klatchaa ils soutiennent, Klatchaa ils deviennent eux-mêmes, ensemble ou l’un après l’autre, vite ou lentement, non seulement du bout des lèvres et de la plume, mais aussi profondément et perpétuellement. Inexorablement, absolument Klatchaa. Klatchaa que ne cache pas leur élégance d’apparence.
Laid, le malheur dans lequel ils nous plongent, surtout parce qu’on les prenait pour des modèles.
Laid, le poids lourd de l’éléphant et des éléphanteaux mâles et femelles, qui réduisent en lambeaux nos peaux fragiles.
Laide cette armée de militaires-militants-miliciens qui livrent bataille continuellement aux citoyens jaloux de leur liberté.
Laids les palais dans lesquels ils se prélassent, tandis que la population se lasse d’attendre une étoile hypothétique, se lamente, engluée dans la misère qui est son lot quotidien, les labeurs dont le résultat n’est nullement reluisant.
Laide leur colombe aux ailes alourdies, symbole voilé de violences, de vol vers des destinations inavouables, d’actes crapuleux, de vandalisme, de faux ciel, fausses lueurs. Rapace au plumage de couleurs trompeuses, au roucoulement qui se veut mélodieux qui cache mal son horrible dessein d’engloutir, de dévorer tous ceux qui l’écoutent et qui, naïvement croient à son appel à l’union, à la paix.
Laid l’oiseau voleur qui, comme prévu par les clairvoyants, s’envole toujours laissant dans la vallée profonde et obscure de la misère des centaines de milliers d’hommes et de femmes qui avaient cru à son chant de salut.
Laids leur langage, leurs paroles, leurs slogans déversés à longueur de journée, les salives qui coulent, coulent, fleuves torrentiels, mais finalement, dévalorisés, décrédibilisés et qui, cependant, se veulent mielleux, allégations que le monde sait louches.
Laids les allumeurs d’incendie dans nos principales villes qui déjà jubilaient derrière les flammes des possibilités qu’elles leur offraient de liquider quiconque prétend rivaliser avec eux, ou réclame simplement l’alternance.
Laid, le levain de haine qu’ils ont semé et qui d’année en année, de lieu en lieu, vallées et collines, lève le volume de révolte qui, explosant peut devenir incontrôlable, volcan jusque-là tranquille.
Laide, la lèpre, la maladie dont ils sont couverts eux-mêmes et dont ils souhaitent contaminer tous les hommes et toutes les femmes de toutes les localités.
Laids les galons de la Mort, les échelons gravis dans la hiérarchie des tortionnaires, des bourreaux, tous confortablement logés aux plus hauts niveaux des grades que confèrent leurs loyaux services de torture, blessure de citoyens, déchirure de peau…et d’âme.
Laids, le prolongement de leur règne, le déroulement parallèle de leur tapis rouge pour leur leader et champion, le faux renouvellement de leur parlement monocolore, solennellement installé par le rituel bien connu de l’élection frauduleuse.
Laide la mine de ceux qui élaborent, votent des lois propres à liquider la Loi, à ligoter la Liberté, à légitimer l’Innommable, à nourrir l’Autel de l’illégalité.
Laide l’allure de ces professionnels des enlèvements de paisibles citoyens, de largage de valeureuses vies dans les lagunes, les labyrinthes obscures.
Laide leur gueule lugubre de voleurs, qu’ils croient pouvoir embellir par les robes apparemment impeccables de leurs juges, de leur Cour Constitutionnelle, qui n’a pas plus de validité que des cagoules de malfrats.
Ils sont tous, tout simplement laids.
Sénouvo Agbota ZINSOU
Munich, Allemagne
2 décembre 2019
27Avril.com