L’Afrique malade de ses dirigeants !

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« L’état malheureux de l’Afrique aujourd’hui est exactement celui que les Africains eux-mêmes ont voulu » (Jean-Hubert Bondo)

«L’Afrique, continent de croissance et d’avenir et nouvel eldorado», c’est le disque rayé qui est régulièrement servi aux Africains par les prédateurs. Cependant, le continent ne cesse de se sous-développer. Les pays africains sont devenus de grands corps malades, de véritables concentrés de tous les maux : corruption, mal-gouvernance chronique, népotisme, tribalisme, pillages économiques et des deniers publics, présidentialisme à vie et dynastique, etc.

Ces maux et d’autres encore dont souffre le continent, les parlementaires européens ont su les diagnostiquer avec pertinence dans la proposition de résolution sur le Togo lors de la grave crise sociopolitique que ce pays a connue en 2017.

« Considérant que le Togo est considéré comme une des dernières dictatures d’Afrique de l’Ouest ; considérant que l’État français a installé et soutenu depuis 50 ans, les régimes de Gnassingbé Eyadema, décédé en 2005, puis de son fils Faure Gnassingbé, qui lui a succédé (…) ; considérant que le pays est profondément affecté par le néocolonialisme et l’impérialisme en particulier de la France et des institutions internationales ; considérant que ceux-ci se traduisent notamment par l’accaparement des ressources et des terres par des multinationales, l’imposition d’accords de libres échanges aggravant la situation économique et l’imposition de reformes néolibérales dramatiques pour le peuple ; considérant que le taux de corruption reste élevé dans le pays ; considérant qu’en juillet 2018 pour la première fois depuis les indépendances, des manifestations publiques dans plusieurs pays d’Afrique et en région parisienne ont exigé la disparition du Franc CFA, monnaie imposée à 14 pays africains par la France et qui, loin de promouvoir la coopération ; est en réalité un outil de domination de l’ancienne puissance coloniale…», tel est le tableau sombre dressé par le parlement européen qui insiste sur le « droit inaliénable des peuples à disposer d’eux-mêmes, condamne les velléités néocoloniales de la France et d’autres puissances occidentales, non seulement sur l’économie du pays mais également dans le soutien et le maintien du régime togolais et souligne son opposition à la politique de la Françafrique et à toute forme de néocolonialisme».

Le Togo étant une terre d’expérimentation, un cas d’école, ces maux valent autant pour le reste du continent. Mais comme les ennemis de l’Afrique, ce sont les Africains eux-mêmes, les dirigeants africains font tout le contraire de ce qui va dans l’intérêt de leur pays et de leur peuple. Oui l’Afrique est véritablement malade de ses dirigeants. Comme des talibés, ceux-ci se sont transportés chez le colon pour se faire assister alors que leurs pays regorgent de ressources, de compétences, etc. pour se prendre en main.

Des analystes donnent souvent l’exemple de la Côte d’Ivoire et de la Malaisie qui se ressemblent à tout point de vue. Elles disposent de la même superficie, du même climat, de la même population et des mêmes ressources naturelles. Mais la Malaisie, pauvre au début des années 1960, a réussi en 25 ans seulement à passer au stade quasiment de pays développé, et ce, sans avoir eu recours aux institutions de Bretton Woods. Mais plus de 60 ans après les indépendances, la Côte d’Ivoire comme la plupart des pays africains comptent sur la France pour engager leur développement. Résultante, ils sont toujours à la traîne.

L’économiste Nadim Michel Kalfie cite aussi le cas de Singapour qui était sous-développé et méprisé en 1965, où son revenu par tête était de 500 dollars, et à la suite de la bonne gouvernance de son Premier Ministre Lee Hsien Loong, est devenu depuis 2015 le pays le plus riche du monde avec 60.000 dollars par tête.

Quand nos dirigeants vont-ils se départir de l’assistanat, la mendicité, la main tendue ou l’« aidocratie » (des peuples qui vivent de l’aide) pour penser à un réel développement et à l’émergence de leur pays ? Pour cela, il faut mettre fin, comme le préconise le Professeur Yao Assogba, aux Etats patrimoniaux qui donnent lieu à l’institutionnalisation du clientélisme, à la corruption, à l’économie de prédation…

Médard Amétépé

Source : Liberté

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Source : 27Avril.com