3.000 délégués venus d’Afrique et des quatre coins de la planète sont présents aux 52e Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), qui se sont ouvertes lundi à Ahmedabad, en Inde.
A cette occasion, l’institution a publié son rapport annuel ‘Perspectives économiques en Afrique’ dont le contenu contient de nombreuses informations sur les indices de développement sur le continent.
Pour « la santé, l’éducation et le niveau de vie », un tiers des pays africains ont atteint des niveaux de développement « moyens ou élevés », selon le rapport.
Même si « les progrès sur le front du développement humain restent lents et inégaux », « 18 pays africains » sur les 54 que compte le continent atteignent désormais un « niveau de développement moyen ou élevé », selon les « Perspectives économiques en Afrique » publiées conjointement par la BAD, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
L’Afrique du Nord « affiche les niveaux les plus élevés, approchant de la moyenne mondiale, mais toutes les sous-régions ont enregistré des améliorations régulières » depuis le début du XXIe siècle, selon le document.
Cependant, « malgré les avancées obtenues depuis dix ans », 544 millions d’Africains (sur une population totale d’1,2 milliard) vivent toujours dans la pauvreté.
Le Rwanda, suivi par le Ghana et le Libéria ont enregistré le plus de progrès dans la lutte contre la pauvreté depuis 2005. Le Rwanda notamment a mis en place un programme d’assurance maladie communautaire qui permet de couvrir près de 9 habitants sur 10.
En Afrique du Nord, l’Égypte et la Tunisie sont dotés de systèmes d’assurance-maladie couvrant respectivement 78% et 100% de la population.
Les dépenses dans l’éducation, cruciales pour le développement, sont supérieures à 6% du produit intérieur brut (PIB) en Afrique du Sud, au Ghana, au Maroc, au Mozambique et en Tunisie notamment. Cependant le Nigeria y consacre moins de 1% de son PIB.
En tête des problèmes qui contribuent le plus à la pauvreté en Afrique figurent « le manque d’accès au combustible pour la cuisine, à l’électricité et à l’assainissement ». Ainsi en Afrique subsaharienne, 645 millions de personnes sont privés d’accès à l’électricité.
L’alimentation constitue un défi majeur pour l’Afrique de l’Est, tandis que le manque de scolarisation est le plus gros problème de l’Afrique de l’Ouest.
Cinq pays se distinguent sur le plan du respect de la parité hommes-femmes : au Botswana, en Namibie, au Rwanda, au Lesotho et à Maurice, « les femmes atteignent des niveaux de développement humain presque équivalents à ceux des hommes ».
La BAD pointe par ailleurs la gravité du phénomène du chômage des jeunes sur le continent: la moitié d’entre eux sont sans emploi et un tiers occupent des « emplois vulnérables ».
« S’ils veulent actionner le levier de sources de croissance plus stables pour stimuler le développement humain, les pays devront consentir davantage d’investissements dans le capital humain, santé, éducation et compétences », déclare le président du Groupe Banque africaine de développement, Akinwumi Ayodeji Adesina, cité dans le rapport.
Sur le plan économique, la croissance moyenne du continent, après 2,2% en 2016, devrait rebondir à 3,4 % en 2017, puis s’accélérer à 4,3% en 2018, sous réserve « de la poursuite du redressement des cours des matières premières, du renforcement de l’économie mondiale et de la consolidation des réformes macroéconomiques intérieures ».
L’Afrique de l’Est reste la zone la plus dynamique, grâce notamment au géant éthiopien, devant l’Afrique du Nord. L’Afrique est toujours « la deuxième région la plus dynamique du monde, derrière les pays en développement d’Asie ».
La demande intérieure, soutenue par l’accroissement démographique et la montée en puissance des classes moyennes, s’établit comme moteur de la croissance alors que les cours des ressources naturelles sont soumis aux aléas des marchés mondiaux.
La classe moyenne, que le rapport évalue à 350 millions de personnes, et dont « le pouvoir d’achat s’améliore constamment, recèle un immense potentiel en termes de prospérité ».
La situation économique au Togo analysée par la BAD
Le taux de croissance réel de l’économie a atteint 5.0 % en 2016 contre 5.3 % en 2015. Cette diminution de la croissance de 0.3 point en 2016 s’explique par la contraction des investissements publics et le détournement du trafic portuaire vers d’autres ports de la région en raison de la stricte application au Togo du règlement numéro 14 de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) sur le contrôle de la charge à l’essieu. En 2016, une bonne pluviométrie a permis à l’agriculture de contribuer à hauteur de 1.2 point à la croissance contre -1.5 point en 2015.
Avec une participation négative de la production du phosphate (-0.3 point) et un faible apport de la production du clinker (0.2 point), l’apport de l’industrie extractive à la croissance a été peu significatif. Malgré plusieurs programmes visant à dynamiser l’entrepreneuriat, l’industrie manufacturière n’a contribué à la croissance du PIB qu’à hauteur de 0.2 point en 2016, inférieur à son niveau de 2015 de 0.7 point.
La part de la branche bâtiment et travaux publics (BTP) de 0.5 point a aussi été inférieure aux performances antérieures de 2015 (0.8 point). Le secteur tertiaire n’a pas fait mieux avec 0.9 point, une contribution légèrement inférieure à celle de 2015 (1.1 point).
Dès 2017, le gouvernement du Togo compte intensifier les discussions avec le Fonds monétaire international (FMI) et engager des réformes au titre de la facilité élargie de crédit (FEC). Ces réformes devraient conduire à une consolidation de la croissance, projetée à 5.1 % en 2017. Le secteur primaire se porterait mieux avec une contribution à la croissance de 1.9 point en 2017 suivi du secteur tertiaire avec 1.7 point et en dernière position le secteur secondaire avec 0.9 point. Ainsi, la projection 2017 de la contribution au PIB des branches non marchandes est de -0.9 point contre 0.8 point pour la TVA et 0.7 point pour les droits de douane.
Après un cycle quinquennal 2012-16 marqué par d’importants investissements publics et une croissance soutenue, la dette publique du Togo, est passée de 48.6 % du PIB en 2011 à 76.0 % du PIB en 2016. Ce niveau d’endettement est au-dessus de la norme communautaire de l’UEMOA fixée à 70 % du PIB. Le programme (2017-19) envisagé au titre de la FEC avec le FMI vise à garantir la viabilité de la dette à long terme. Depuis janvier 2017, l’accord au titre de la FEC considère que l’État ne peut plus contracter de nouveaux emprunts non concessionnels sachant que les emprunts concessionnels sont encadrés. Avec cette nouvelle orientation budgétaire, la dette publique du Togo pourrait baisser de 76.0 % du PIB en 2016 à 56.4 % à l’horizon 2021.
La structure productive du Togo repose principalement sur l’agriculture. La population active est composée d’environ 51 % d’agriculteurs indépendants, 39 % de travailleurs indépendants dans le secteur non agricole et 10 % de salariés formels. Ces derniers représentent 88 000 emplois en 2016 répartis entre le secteur public (67 %) et le secteur privé (33 %). L’économie togolaise est faiblement représentée par le secteur industriel avec seulement 19.7 % du PIB dont 5.5 % pour les industries manufacturières en 2016. Les compétences fournies par l’enseignement supérieur profitent faiblement à l’entrepreneuriat.
Republic Of Togo