Plus que les prises de paroles et les tweets acerbes contre le pouvoir, c’est la cherté de la vie des Togolais qui doit davantage préoccuper les autorités, selon Gerry Taama, président du Nouvel Engagement Togolais (NET). Dans un nouveau post sur les réseaux sociaux, le député plaide pour la libération de l’activiste Fovi Katakou, placé sous mandat de dépôt depuis le 11 décembre 2021.
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Qu’on ne libère pas Fovi Katakou rien que pour son handicap
Je ne me suis pas prononcé sur le cas Fovi Katakou car je n’avais pas d’éléments. J’ai enfin eu les écrits incriminés, les charges retenues…
Comme d’habitude, je m’interdis d’interférer sur le fond d’une affaire judiciaire.
Mais ce que je dois dire est que si nous fonçons dans le juridisme, la parole publique va s’étioler. En réalité, si on devait nous appliquer strictement le code pénal, beaucoup de nos propos, dans l’espace public, sont sous le coup de la loi. La conséquence en sera terrible non seulement pour la liberté d’expression, mais surtout pour l’espérance, si pourvoyeuse d’équilibre dans toute société.
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Il n’est pas un secret pour personne que les indicateurs sociaux-économiques du Togo ne sont pas les meilleurs de la sous-région. Le produit intérieur brut par Togolais s’élève à 759 dollars en 2021. Un chiffre qui vaut à notre pays la 18e place du palmarès des pays les plus pauvres du monde. Le taux de pauvreté oscille autour de 50%. On s’améliore certes, mais le rythme est lent et la pandémie a aggravé la situation. Le dernier retranchement qu’il reste au peuple, c’est la grogne, la critique, la contestation verbale, surtout depuis que les manifestations publiques sont interdites. Il peut y avoir des excès, mais ce n’est que de l’esbroufe,ube tempête dans un verre d’eau.
Boucher cette dernière soupape est dangereux pour notre paix sociale. Et quand on bouche une soupape d’une cocotte, elle explose. Ne jouons pas avec ce feu-là. Dans certains pays comme la Tunisie, qui était pourtant présentée comme un modèle de réussite, il a fallu qu’un jeune homme ait un geste de désespoir pour que le pays s’embrase.
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C’est au nom de l’apaisement, de la préservation de notre stabilité sociale que je demande la mise en liberté de Fovi Katakou, ainsi que des journalistes Ayité et Egah. Seulement moi-même parfois je ne comprends pas certains de nos voisins d’en face.
Fovi c’est uniquement sur les réseaux sociaux qu’il s’exprime. Et on n’est même pas un million de Togolais sur Facebook. Depuis qu’il est arrêté, les gens qui ne le connaissaient même pas vont le connaître.
Des médias internationaux vont parler de lui comme on parle de Ayité actuellement. On va perdre des points de notation+pays à l’international pour rien, alors qu’ils ne représentent aucune menace. J’ai l’impression que pour certains, quand tout est calme, ce n’est pas doux pour eux.
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Bref, mettez Katakou en liberté non pas à cause de son handicap, car c’est un homme qui n’a jamais considéré son handicap physique comme un handicap à l’action. Qu’il recouvre la liberté pour la paix sociale. Le prix du bidon d’huile est monté à 25 000 f, la vie chère est le vrai problème en ces moments de fête.
Sérieusement, le pays est dur, parler, insulter les hommes politiques, est pour beaucoup une façon d’exorciser leurs frustrations. Faut vraiment pas fâcher. Eux s’amuser.
Mettez Katakou en liberté et on va quitter ici, vivants.
Gerry
Source : Togoweb.net