Cet institut de beauté offre depuis deux ans des prestations de qualité à bas prix à sa clientèle du quartier de Biyem-Assi, à Yaoundé, la capitale du Cameroun. Son fondateur entend désormais implanter son concept de « tout en un » à Douala, la capitale économique du pays, dès l’année prochaine.
« J’y suis entrée par curiosité et je n’en suis plus repartie, à cause de la propreté du cadre et de la qualité du travail », lâche Yvette. Bien qu’elle ait déménagé depuis des mois de Biyem-Assi, un quartier populaire de Yaoundé, cette commerçante reste fidèle à l’institut de beauté Sublimo, où elle vient de se faire une « coupe américaine bouclée », pour laquelle elle a déboursé 2 000 francs CFA, soit environ 3 euros. « Ailleurs, ça m’aurait coûté pas moins de 2 500 francs CFA ».
Des prestations de bonne facture à bas coût, tel est le credo de Raoul Kamsu Fotso. En lançant son projet il y a deux ans, le fondateur de Sublimo a voulu tordre le cou à l’idée reçue selon laquelle la qualité rime forcément avec un prix élevé. Alors qu’une séance de jacuzzi coûte en moyenne plus de 10 000 francs CFA dans la capitale camerounaise, l’institut de beauté ramène ce coût à 3 500 francs CFA.
Cette pratique des prix raisonnables touche aussi la coiffure, les soins du corps et du visage, la manucure, la pédicure et bientôt le sauna. « L’un des avantages est la possibilité de négocier le prix d’une prestation », soutient Frieda, une cliente qui a convaincu son époux d’y faire un tour lors de ses passages à Yaoundé.
Compter sur le nombre
Raoul Kamsu Fotso compte sur le nombre pour réussir son pari. « Je préfère coiffer quatre personnes qui dépenseront 1 500 francs CFA chacune, au lieu de recevoir une seule en fixant le montant à 3 000 francs CFA », résume cet entrepreneur de 40 ans, qui emploie désormais quatre personnes et a admis deux stagiaires.
Son personnel, qui voit défiler chaque semaine plus de 150 clients, surtout les week-ends, représente la botte secrète de la start-up. « Il est difficile de trouver des coiffeuses et esthéticiennes compétentes et surtout patientes car les clients sont très capricieux, reconnaît le patron. Cela marche pour le moment parce que ma présence quasi-permanente évite souvent des dérapages ». Raoul Kamsu Fotso affirme avoir constitué un noyau dur sur lequel il compte s’appuyer pour ses projets futurs.
À son retour au pays en 2014, ce diplômé en marketing de l’université de Leeds, au Royaume-Uni, se heurte à une réalité inquiétante. « Dans les quartiers, les coiffeurs et coiffeuses travaillent dans des salons insalubres, dans de mauvaises conditions d’hygiène, ce qui rebute une bonne partie de la clientèle », constate-t-il.
Son expérience au nord de l’Angleterre l’a persuadé qu’il est possible de faire autrement en pratiquant des prix à la portée de tous. Les garanties exigées par les banques ne le dissuadent pas. « J’ai réuni mes économies, vendu ma voiture et bénéficié de l’aide de ma sœur pour me lancer », raconte-t-il.
« J’aurais explosé si j’avais commencé à Douala »
Raoul Kamsu Fotso trouve un local, entame les réfections et met en pratique son concept de « tout en un ». Sublimo n’est pas qu’un espace de beauté et de bien-être. On y vend aussi des parfums et des produits de toilette. Tout en se rafraîchissant, les clients ont la possibilité de faire leurs courses, surfer sur Internet et passer des coups de fil à l’international.
Seul bémol, la restauration, un temps expérimentée, est aujourd’hui à l’arrêt. Un échec que le promoteur met sur le compte de la proximité de la clientèle. « La plupart n’éprouve pas le besoin de manger sur place », admet-il.
Après avoir réalisé un chiffre d’affaires de 13 millions de francs CFA en 2016, Sublimo escompte entre 19 millions et 26 millions de francs CFA cette année, ce qui permettrait à son fondateur de récupérer les 18 millions de francs CFA laborieusement investis. Il envisage de solliciter de nouveau un emprunt bancaire pour étendre son activité, mais espère surtout voir les investisseurs frapper à sa porte.
Confiant, le patron compte ouvrir un deuxième institut dans la capitale camerounaise avant la fin de l’année et s’attaquer au marché de Douala dès l’année prochaine. Avec le recul, Raoul Kamsu Fotso en est convaincu : « J’aurais déjà explosé si j’avais débuté par cette ville ».
Jeune Afrique