Quelqu’un peut-il expliquer aux Togolais ce qu’est un « mandat social » ? Sinon, depuis 2015, au lendemain de la proclamation des résultats de la frauduleuse élection présidentielle et l’annonce du « maître des lieux » qui a placé le quinquennat sous le signe du social jusqu’à hier, où Kossi Aboka est allé déloger les populations d’Agoè Massouhouin pour assurer la sécurité de Faure Gnassingbé, l’on se dit qu’il y a quelque chose qui cloche vraiment dans ce pays.
Sommer les occupants de tout un quartier (qui côtoient déjà quotidiennement la misère) de quitter les lieux, sans aucune mise en demeure au préalable, il faut avoir la pierre à la place du cœur pour le faire. Malheureusement, c’est ce que les populations d’Agoè Massouhouin, face au siège de Togotelecom près de GTA, non loin de la nouvelle Présidence, ont vécu hier. Le président de la Délégation spéciale de la ville de Lomé et ses agents, accompagnés par les forces de l’ordre ont voulu déloger ces hommes et femmes, en colère face à cette injustice.
A en croire ces populations, la raison évoquée par Kossi Aboka pour justifier son acte, serait d’assurer la sécurité au chef de l’État. Et bien, c’est donc celui qui place son troisième mandat sous le sceau du social qui met les habitants de tout un quartier dans la rue au nom de sa sécurité. On n’a pas fini d’être surpris au Togo avec le régime du père au fils.
Hier, l’ambiance a été électrique avec les populations de Massouhouin qui voulaient en découdre avec les forces de l’ordre et le président de la Délégation spéciale de la ville de Lomé. Kossi Aboka a refusé toute discussion avec les habitants du quartier. Même le chef du quartier, selon les témoignages, a été refoulé par le tout-puissant Aboka.
Ce qui frise la méchanceté et continue d’indigner les témoins de la scène, c’est la démolition d’un café-bar, initiative de deux étudiants, pour subvenir à leurs besoins immédiats. « Vous voyez comment les gens sont cruels ? Et dans ce pays, on nous parle d’emplois des jeunes et d’initiative privée. Qu’est-ce que ces populations ont à avoir avec la sécurité du chef de l’État ? », se demande un responsable d’une organisation de la société civile qui suit de près ce dossier.
Dans un pays où le taux de chômage grimpe de façon exponentielle, où la misère et la pauvreté sont devenues des choses les mieux partagées par la population, pendant que les dirigeants vivent dans une opulence insolente, on se permet encore de mettre dans la rue ceux qui ont déjà des difficultés à se prendre en charge, sans les avoir préalablement dédommagé.
Pour la sécurité de Faure Gnassingbé, la majorité des Togolais peut crever. Non seulement en ayant été spoliée de ses biens (surtout des terres et des habitations, puisque c’est ce qui est en vogue à Lomé aujourd’hui avec la démolition des constructions à Akato-Viépé mardi dernier), mais aussi en se retrouvant à la merci des braqueurs et briguants fortement armés qui opèrent au nez et la barbe des forces de l’ordre et de sécurité.
Visiblement, seul le champion Faure Gnassingbé et sa minorité méritent d’être protégés au Togo. Les autres Togolais, la majorité, doivent se débrouiller.
I.K
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