La République dans un état comateux : Le diagnostic de Philippe ATAKPA

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Le Délégué national à l’Administration, chargé des Actions au Pacte socialiste pour le renouveau (PSR) a, à l’occasion du 59e anniversaire de l’indépendance du Togo célébré samedi dernier, fait un diagnostic de la situation sociopolitique du Togo. Lire plutôt !

Togolaises, Togolais, mes cheres compatriotes,

Le Togo vient d’avoir 59 ans.

Permettez-moi d’abord de rendre un vibrant hommage aux femmes et aux hommes qui ont dit non à l’impérialisme afin que notre pays soit indépendant, qui se sont mobilisés pour exercer leur droit à l’autodétermination et qui se sont battus pour que la liberté triomphe.

Mes chers compatriotes, 59 ans après l’accession à la souveraineté internationale, le peuple togolais est-il vraiment libre ? Le Togo est indépendant certes, mais les togolaises et togolais ne bénéficient pas des libertés qui leur permettraient de vivre conformément à leurs aspirations. Pauvreté, inégalités sociales, déficit démocratique et corruption sont des atteintes au droit du peuple à vivre dignement.

La pauvreté, c’est la privation de liberté. La pauvreté enferme les togolais dans un quotidien extrêmement difficile, rempli de frustrations et de désillusions. Les revenus au Togo permettent-ils de se soigner correctement ? Les jeunes diplômés ont-ils des opportunités qui leur permettent de mettre à profit leurs compétences en accédant à l’emploi ?

Un jeune qui est obligé de vivre chez ses parents, ou d’occuper un emploi sous-qualifié est-il libre ?

Sans autonomie, il n’y a pas de liberté. Sans accès aux services sociaux de base : éducation, santé, eau, assainissement, électricité, il n’y a pas de liberté. Sans opportunités d’accès au marché du travail, il n’y a pas de liberté.

L’élimination de la pauvreté doit donc être le premier objectif des politiques publiques. Or malgré tous les effets d’annonce du Chef de l’Etat et du gouvernement, le quotidien des togolais est loin de progresser. Pire, il régresse.

Pourquoi alors un tel entêtement du système RPT-Unir à rester au pouvoir malgré 50 ans d’échec à améliorer les conditions de vie des togolais ?

Sur le plan des libertés politiques, ou en sommes-nous ? J’entends par libertés politiques la possibilité effective pour les citoyens de participer au processus démocratique. On parle d’ailleurs d’élections libres et transparentes. Sur ce plan, de nombreuses insuffisances sont constatées : utilisation des moyens publics pour faire campagne, dysfonctionnement de la CENI, intimidations, couverture des média publics partiale, fraude dans les bureaux de vote, fichier électoral erroné…Toutes ces violations ne garantissent pas la liberté et la transparence des élections.

Concernant la participation citoyenne, les formidables initiatives de la société civile qui visent le contrôle de l’action publique peinent à se mettre en place. En effet, la culture de la transparence et de l’inclusion est indispensable pour amener les élus et les collectivités locales à rendre compte de leurs décisions. La représentation des citoyens au sein des organes de gestion des collectivités locales, notamment les groupes sociaux les plus vulnérables, doit être garantie pour une participation citoyenne inclusive.

Autre liberté bafouée : la liberté de manifester. L’interdiction des manifestations ainsi que la répression et la violation des droits humains sont devenues courantes. Des villes sont assiégées de façon totalement arbitraire sans aucun souci de justice. Nos frères et sœurs qui souhaitent manifester pacifiquement sont harcelés, humiliés ou blessés par certains éléments zélés des forces de l’ordre qui entachent l’intégrité de la grande majorité des gendarmes, policiers et militaires qui aspirent comme tout togolais à de profonds changements pour vivre mieux.

Concernant les réformes institutionnelles et constitutionnelles, le pouvoir continue ses manœuvres dilatoires. Une fois de plus, l’engagement d’opérer des réformes avant les élections n’a pas été respecté. Des élections législatives ont été organisées sans consensus et sans l’adhésion d’une grande partie des togolais. Au lieu de rassembler les togolaises et togolais autour d’une vision forte pour le développement du pays, le Président et le gouvernement s’enfoncent davantage dans une crise de confiance et de légitimité.

Une fois encore, pourquoi un tel entêtement du régime RPT-Unir à rester sourd aux aspirations de la majorité des togolais, des leaders religieux, des leaders d’opinion et des organisations de la société civile ?

Togolaises, Togolais,

Un peuple libre est un peuple qui a confiance : confiance envers ses dirigeants, confiance en ses institutions, confiance en sa justice, confiance dans le vivre ensemble, confiance en un avenir meilleur. Or le manque de transparence et de lisibilité de l’action publique minent la confiance des togolais. Notre système juridique défaillant n’est pas en mesure d’assurer le contrôle de la corruption. La mauvaise gouvernance, la corruption et le non-respect des engagements font que la plupart des togolais ne croient plus en la parole politique. Or les représentants politiques ont un rôle important à jouer dans le renforcement de la cohésion nationale. Ils doivent incarner les valeurs républicaines, veiller à l’intérêt général et lutter contre les inégalités sociales.

Sur ce point également, pourquoi un tel entêtement du système RPT-Unir à tromper la majorité des togolais pour satisfaire une minorité qui en veut toujours plus ?

Mes cher-e-s compatriotes,

La liberté, c’est la possibilité pour un peuple de choisir ses représentants locaux. Les dernières élections locales au Togo ont été organisées en… 1987. Il y a presque 32 ans. Depuis, aucun scrutin de ce type n’a pu être organisé pour respecter l’article 141 de la Constitution de 1992 qui indique que la République togolaise est organisée en collectivités territoriales sur la base du principe de la décentralisation dans le respect de l’unité nationale. De fait, les maires élus ont été remplacés en 2001 par des délégations spéciales qui devaient rester en place en attendant l’organisation des élections locales. Un système provisoire qui dure maintenant depuis 17 ans…

La décentralisation permettrait pourtant de promouvoir le développement et la démocratie à la base impliquant la participation de toutes et tous à la gestion des affaires de la localité. Il s’agit donc bien de prendre des décisions sur place par des représentants élus localement. Ces représentants seront donc redevables de leurs actions.

Pour réussir les élections locales, un consensus entre les acteurs politiques doit être obtenu pour un scrutin inclusif. En effet, toute contestation des élus locaux empêchera l’adhésion des citoyens de la communauté aux actions de développement qui est la finalité profonde de la décentralisation.

Concernant les élections locales, pourquoi un tel entêtement du système RPT-Unir à maintenir un système de nominations partisanes des conseillers municipaux et préfectoraux plutôt que de valoriser les compétences locales ?

Ensemble, œuvrons pour définir les bases d’élections locales crédibles, réellement inclusives, qui permettront aux populations d’avoir des représentants librement choisis, porteurs de programmes de développement cohérents et en qui elles ont confiance.

Vive la République,

Que Dieu bénisse le Togo

Philippe Matitoma Pissankou ATAKPA

Source : www.icilome.com