La République à l’envers : Comment envie-t-on une « minorité pilleuse » ?

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La République à l’envers : Comment envie-t-on une « minorité pilleuse » ?

Le bon sens a toujours recommandé que lorsqu’on n’a rien à dire qui puisse valoir plus que le silence, on se tait. Pourtant, cette vertu ne semble pas faire école chez ceux qui n’arrivent pas à se contrôler lorsqu’ils se retrouvent avec des privilèges devant lesquels ils bavent, sans toutefois les mériter. D’aucuns se disent scandalisés après avoir écouté l’ancien ministre de la Santé, Charles Kondi Agba, traiter l’opposition d’envieuse lors su congrès constitutif du machin appelé « Mouvement des sages de UNIR ». Il y a vraiment de quoi à l’être, surtout quand on scrute un peu la personnalité de celui qui fait cette déclaration.

« L’opposition nous envie », a déclaré Charles Kondi Agba, pompeusement appelé « Président des sages deUNIR ». Et donc, on se rend compte aujourd’hui que le parti au pouvoir a des sages en son sein. Mais passons ! Sur sa déclaration, nombre d’observateurs tombent des nues. « Monsieur l’ancien ministre qu’on connaît tous très bien, voulait dire qu’ils envient l’opposition ou c’est exactement ce qu’il a voulu dire qui était sorti de sa bouche ? Mais bon Dieu, qu’est-ce qui se passe dans ce pays ? », peste un responsable d’organisation de la société civile dans une émission. Cependant, venant de quelqu’un comme Kondi Agba, cela ne devrait surprendre, puisque l’homme a déjà été auteur de plusieurs propos scandaleux lorsqu’il était aux affaires. Un des barons qui écume le cercle de Faure Gnassingbé, il est souvent brûlé par le zèle de plaire à son bienfaiteur. Ceux qui se posent la question sur l’opportunité de cette déclaration doivent peut-être encore s’attendre à d’autres sorties de l’homme, parce que le nouveau « job » à lui confié depuis mardi dernier pourrait l’amener à réactiver son répertoire de propos scandaleux.

Pour de nombreux analystes, c’est impossible envier des gens qui hypothèquent la richesse d’un pays, marginalisent et oppriment le peuple et bombent fièrement le torse qu’ils sont les meilleurs dirigeants au monde. Quel leader de l’opposition peut envier cette situation ? A moins que ce dernier aussi ne soit animé que par la recherche de son propre intérêt au détriment de celui du peuple. C’est malheureux de croire que ceux qui sont presque chaque jour dans les rues, laissant leurs propres affaires, pour se battre aux côtés du peuple togolais, soient envieux de ceux qu’ils combattent. Quel paradoxe ! Soit ces propos relèvent d’une plaisanterie, soit c’est un déni de la réalité.

De l’appellation « sages », un scandale !

Charles Kondi Agba, président des sages de l’UNIR, il ne reste plus que ça pour faire retourner des morts dans leur tombe. Si c’est cet homme qu’on choisit pour conduire les soi-disant « sages de l’UNIR », alors ce parti a sérieusement un problème avec la bienséance. D’abord, les Togolais n’oublient pas encore son passage à la tête du ministère de la Santé, avec son lot de malversations. Le scandale des 400 millions de FCFA qui devrait servir à payer des milliers de moustiquaires à distribuer aux femmes enceintes et aux enfants dans la commune de Lomé en 2011, n’a pas été élucidé jusqu’à ce jour. « Notre examen indique que 118 815 des moustiquaires achetées avec les ressources du Fonds mondial au titre de la subvention TGO-607-G06-M ont été détournées de leur lieu de stockage au dépôt central de la CAMEG et ont été vendues à la Fédération des mutuelles de santé ALAFIA (ALAFIA) au moyen d’une transaction officialisée par le protocole d’accord 205/2009/MS/DGS/DSSP /PNLP, signé par le Directeur général de la Santé le 2 décembre 2009 », indique le courrier envoyé par le Fonds mondial au gouvernement.

A l’époque, Charles Kondi Agba s’est défendu (sans convaincre d’ailleurs), en accusant son prédécesseur, Komlan Mally (un autre ministre à scandale qui continue d’écumer le sérail) d’être l’auteur du scandale. Mais puisque l’impunité est la chose la mieux partagée au sein du régime cinquantenaire, personne ne demandera de compte à qui que ce soit. Les deux acteurs peuvent continuer de s’exhiber fièrement devant les écrans, surtout Kondi Agba qu’on présente aujourd’hui comme un sage.

Au-delà de l’ancien ministre de la Santé, on se demande de quelle sagesse se prévalent les membres de ce mouvement qui appartient à la minorité au pouvoir. Quelle est cette sagesse autour de Faure Gnassingbé qui l’amène à répondre aux revendications du peuple par la violence et la barbarie ? Ils sont bien curieux, ces sages qui vivent dans l’opulence criarde pendant que le peuple mange à peine une fois par jour. Si être sage, c’est laisser des hôpitaux du pays devenir des mouroirs et sauter dans le premier avion lorsqu’on a un mal de tête pour aller se soigner dans d’autres pays, alors UNIR a des sages. Les écoles et universités du Togo sont dans un état lamentable. C’est pourquoi les « sages » qui gouvernent le pays envoient leurs enfants dans les grandes écoles en Occident. Ils pensent moins à donner un cadre d’études digne de ce nom à la majorité dont le quotidien est fait de misère. Et on appelle cela sagesse.

Comment peut-on envier ces « sages » dans cette situation ? En tout cas, Charles Kondi Agba pourrait avoir la réponse, puisque selon lui, si l’opposition avait des sages en son sein, elle ne se comporterait pas de la sorte, c’est-à-dire sortir dans la rue pour réclamer la démocratie, l’Etat de droit, la bonne gouvernance, bref, l’alternance au sommet du pays. Visiblement, ce sont des gens dépourvus d’intelligence et de sagesse qui demandent ça dans un pays. C’est tout simplement malheureux que ce soient ceux qui tiennent ces discours dénués de sens qui dirigent le Togo.

Source : www.icilome.com