Dans une analyse, la CDPA-BT donne sa position par rapport au processus électoral dans le cadre de l’élection présidentielle de 2020.
LA CDPA-BT ET LES PRESIDENTIELLES DE 2020
Pour les présidentielles de 2020, la situation politique se clarifie. Le premier tour est envisagé pour février 2020. Reste à fixer la date du scrutin. La CDPA-BT estime que le moment est venu de donner sa position sur l’événement.
On sait que depuis la mascarade électorale du 20 décembre 2018 (une de plus !), les conditions de l’organisation des élections dans le pays n’ont pas changé. Aucune réforme du système électoral ne se fera avant 2020. De toute évidence, les présidentielles en vue auront ainsi lieu dans les mêmes conditions que ces législatives du 20 décembre 2018, et finalement dans les mêmes conditions que tous les scrutins qui se sont succédés depuis 1993. L’issue de la rencontre du 19 novembre 2019 confirme cette affirmation. On sait aussi que pour chacun de ces scrutins passés, le régime s’est à chaque fois proclamé abusivement vainqueur, afin de continuer de se maintenir au pouvoir contre la volonté populaire.
A partir du moment où les élections de 2020 vont se faire, de toute évidence, dans les mêmes conditions que les précédentes, le processus électoral de 2020 est, lui aussi, plombé d’avance par le régime, comme tous les autres. Dans ces conditions, les mêmes causes produisant les mêmes effets, le régime en place voici 56 ans continuera de confisquer le pouvoir d’Etat après 2020.
Des partis du courant majoritaire de l’opposition s’agitent, comme d’habitude, pour participer à ce scrutin de février 2020. Et comme d’habitude, ils font croire qu’ils vont « arracher l’alternance » si la masse des opposants va massivement aux urnes voter pour les candidats qui se présenteront pour le compte de l’opposition. Mais ces partis savent bien que rien de tel ne se passera ce jour-là. Et ils semblent avoir tous oublié le « pas de réformes, pas d’élection », ce slogan qu’ils ont eux-mêmes proclamé à plusieurs occasions. Une fois de plus, ils abusent la population pour des raisons inavouables. Tout comme ils l’ont fait depuis 1993.
La CDPA-BT avait commencé à dire depuis 1998 que dans la situation politique, qui prévaut dans le pays depuis des années, un parti d’opposition qui participe à des élections pipées d’avance par le régime accompagne ce dernier, en ce sens qu’il participe objectivement au fonctionnement des institutions antidémocratiques mises en place par le régime despotique pour continuer de confisquer le pouvoir d’Etat. En plus, le parti d’opposition qui participe à ces élections plombées d’avance offre au régime l’occasion de se faire passer pour un régime démocratique. Dans un cas comme dans l’autre, il contribue à le maintenir en place.
Un parti d’opposition logique avec lui-même ne peut pas prétendre combattre pour la fin d’un régime autocratique en allant au même moment à des pseudo-élections qui permettent à ce même régime de se maintenir au pouvoir. Ce n’est pas logique. Et un opposant à un régime de dictature devrait s’interdire d’offrir à ce dernier des occasions d’abuser l’opinion extérieur en se faisant passer pour un régime démocratique. Ce faisant, il est logique avec lui-même.
La CDPA-BT entend rester logique avec elle-même. En tant que parti d’opposition, elle s’est constamment opposée à toutes ces élections qui ont, à chaque fois, permis au régime despotique de se maintenir au pouvoir. Elle a toujours estimé que, face à de telles pseudo-élections, l’opposition devrait rechercher les voies les plus appropriées pour se donner la bonne organisation pouvant la mettre en mesure de mener la lutte d’opposition avec efficacité.
Aussi, la CDPA-BT ne participera-t-elle donc pas aux présidentielles de 2020. Elle estime qu’à partir du moment où tout indique que le scrutin se déroulera dans les mêmes conditions que les présidentielles précédentes, le régime se proclamera encore vainqueur comme par le passé, et continuera, par ce fait inacceptable, de se maintenir au pouvoir. Ainsi, la CDPA-BT se voit une fois encore dans l’obligation d’appeler les citoyens opposants, qui veulent rester logiques avec leurs aspirations profondes aux libertés essentielles, à la justice sociale et à la dignité humaine, de boycotter ce scrutin présidentiel de 2020.
Pour la CDPA-BT, le problème fondamental de l’opposition à la veille de ces présidentielles de 2020 n’est, par conséquent, pas un problème de candidature unique, de candidature plurielle, un problème « d’amélioration consensuelle du cadre électoral » ou le problème d’un nouveau dialogue à organiser avec le régime… Le problème de fond aujourd’hui plus que jamais, c’est celui de l’état d’organisation actuelle de l’opposition.
Le boycott des présidentielles de 2020 ne veut donc pas dire se croiser les bras et attendre la suite. Au contraire. En demandant le boycott, la CDPA-BT demande en même temps à ses membres, à ses sympathisants et à la grande masse des opposants de prendre les dispositions nécessaires pour contribuer aux efforts en cours en vue de permettre à l’opposition de se donner une organisation susceptible de la mettre en mesure de faire face aux situations difficiles auxquelles le pays sera confronté au lendemain du scrutin de 2020 avec l’application des dispositions de la révision constitutionnelle du 8 mai 2019.
Fait à Lomé, le 1er décembre 2019
Pour la CDPA-BT
Son Premier Secrétaire
Prof. E. GU-KONU
Source : www.icilome.com