Le 23 mars dernier, à la reprise des travaux des pourparlers entre le pouvoir et l’opposition, Jean-Pierre Fabre et ses amis de la Coalition des 14 ont fait une « concession de taille » pour une résolution rapide de la crise togolaise. En lieu et place d’un rétablissement intégral de la version originelle de la Constitution de 1992, l’opposition propose plutôt la révision de 5 articles essentiels de cette loi fondamentale.
Ces cinq dispositions, objets de la réactualisation de la Constitution de 1992, sont entre autres les conditions d’éligibilité du président de la République, la limitation des mandats avec la mention « en aucun cas, nul ne peux exercer plus de deux mandats », le mode de scrutin uninominal à deux tours pour l’élection du président de la République, les prérogatives et le mode de désignation du Premier ministre et la recomposition de la Cour constitutionnelle.
Interrogés, les Togolais ayant mandaté la Coalition des 14 n’ont pas hésité à se prononcer sur cette nouvelle proposition de Jean-Pierre Fabre et compagnie. Grégoire, un étudiant en troisième année de droit à l’Université de Lomé, trouve qu’elle est porteuse d’alternance politique en 2020.
« Je suis pour la proposition de la Coalition. Puisque les 5 articles peuvent apporter l’alternance politique en 2020. Et c’est tout ce que nous voulons. Je suis d’accord avec la Coalition dans sa proposition. Elle est très bonne », a-t-il lâché.
Safiou, un chauffeur de taxi rencontré à Agoè partage le même point de vue. Selon lui, il n’y a aucun problème, tant que ces 5 articles favorisent le départ du « fils du général Eyadema » à la tête de l’Etat.
« Nous trouvons cette proposition très logique et normale en tant que citoyens togolais. Parce que c’est nous la population togolaise qui avions donné mandat à l’opposition d’aller à ces discussions. C’est pour le départ de Faure Gnassingbé. L’opposition a mis de l’eau dans son vin en proposant ces 5 articles devant favoriser la démocratie dans ce pays. C’est inacceptable et inadmissible dans ce pays que Faure se présente encore à une quelconque élection », a-t-il insisté.
Et de poursuivre : « Il en a fait assez, on le remercie. Il y a d’autres Togolais compétents capables d’assumer très bien la fonction d’un chef d’Etat. Nous sommes plus de 7 millions de Togolais. Des gens rêvent aussi d’être présidents. Faure n’a qu’à quitter !».
D’autres citoyens interrogés à Déckon ont également trouvé « géniale » la concession de l’opposition. Mais, préviennent-ils, la Coalition doit faire attention. « Le régime est excellent quand il s’agit de duper. Ils signent des accords sans les respecter. Malgré la tenue du dialogue, ils préparent de façon parallèle leurs élections. Je crois qu’ils préparent encore un mauvais coût. Ces gens ne veulent pas quitter le pouvoir, l’armée est de leur côté. Au cas où le dialogue fait un flop, la Coalition doit vraiment avoir un plan B pour sauver la situation », a conseillé Junior, vendeur et réparateur de téléphones portables.
Rappelons que le 23 mars dernier, à la reprise des travaux des discussions, le parti au pouvoir a rejeté la proposition de la Coalition relative à la révision de 5 articles essentiels de la constitution de 92. Pour parfaire son plan de sortie de crise, la Coalition a proposé l’ouverture, après le rétablissement des dispositions fondamentales, d’une période de transition (sans Faure Gnassingbé) jusqu’à la prochaine élection présidentielle. Mais pour la délégation du pouvoir, pas question d’écarter le champion de Marina de la course en 2020.
En tout cas, l’opposition dit avoir déjà tout donné. « La balle est désormais dans le camp du pouvoir pour une sortie de crise », a indiqué Brigitte Adjamagbo Johnson, Coordinatrice de la Coalition des 14.
A. Godfrey
Source : www.icilome.com