La misère de l’esprit des roitelets des tristes tropiques assis sur des ruines

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La misère de l’esprit des roitelets des tristes tropiques assis sur des ruines

« La politique la plus coûteuse, la plus ruineuse, c’est d’être petit ». Dans son Allocution prononcée au Champ-d’Arbaud, à Base-Terre, le 02 mars 1964, Charles de GAULLE conçoit la politique comme une transcendance des maîtres au service du bonheur des peuples.

L’éthique de service public est le premier principe qui ordonne l’effort, c’est-à-dire, un bond permanent qui assure à tous les citoyens, sécurité, paix, jouissance dans la durée de la richesse nationale. La rationalité de la gouvernance est dans la puissance des investissements judicieux tant sur le plan humain que sur le plan des ressources naturelles. L’exercice propre des canaux de la justice pour tous conduit les gouvernants à la protection des droits sans lesquels le désordre et la déstabilisation du vivre-ensemble surviennent. Le cadre de protection des richesses nationales est la transparence qui édifie la confiance entre les gouvernés et les gouvernants.

Les peuples ne demandent ni la charité, ni la magnanimité de ceux à qui ils confient la gestion des affaires publiques. La charité dans les palais de toutes les injustices ne sert à rien. Ce qu’ils attendent de leurs chefs, c’est l’équité, le sens de l’équilibre et de la justice. Ce qui revient aux peuples participe de leurs droits intrinsèques à la jouissance de la richesse du pays.

L’accumulation des richesses personnelles est la source des crimes économiques qui déciment la vie des populations. Dans nos pays où le scandale fait la routine de la gouvernance, la délinquance judiciaire couvre les plus forts et dévaste l’existence des pauvres citoyens dans un vampirisme politique où l’initiative de la répression est la guerre de prévention chère aux potentats qui croient se mettre à l’abri de toutes surprises.

Le réveil des peuples martyrisés est si naturel et si logique qu’il survient contre tous les remparts de protection des palais de tous les traficotages et de tous les trafics. Les privations cruelles sont un aiguillon de prise de conscience et de risque des peuples en loques.
Dans nos pays où les peuples n’ont aucun avenir, le torrent de la contestation populaire emporte les chefs véreux aux multiples fortunes acquises sur le dos du citoyen. Les palais obscurs sont engorgés de liquidité et des tonnes de pierres précieuses, d’or, de diamant pendant que crèvent de faim les enfants du pays.

A quoi sert le pouvoir entre les mains de ceux qui sont mentalement trop pauvres et idéologiquement d’une médiocrité supérieure ?
Que faire pour que les pays d’Afrique se débarrassent des vampires et récupérer les diverses fortunes cachées, disséminées dans les paradis fiscaux ?

1- Les palais de tous les vols

Les dictateurs qui ont confisqué la libération des peuples d’Afrique sont ceux qui font des milliardaires du jour au lendemain. Ils sont dans la pratique politique de la thèse de Nicolas de MACHIAVEL pour qui, dans Le Prince, précise les contours de la fortune à donner à tous ceux qui défendent le chef qui ne peut être partout que par les grands profiteurs du rayonnement du prince. L’enrichissement illicite fait partie du pouvoir du prince qui l’étend à sa suite. Mais, tous ceux qui s’écarteraient de l’autorité du prince doivent être dépouillés, dépossédés par tous les moyens de leur fortune. C’est pourquoi dans les républiques où les récompenses sont distribuées gracieusement aux hommes du pouvoir, il faut être certain que les principes de la gouvernance sont corrompus.

Ainsi, tous les potentats sont dans la corruption parce qu’ils sont des usurpateurs. L’usurpation participe d’une violation des droits et des libertés. Elle procède par des exactions, elle cultive l’arbitraire, elle survit de la violence, de la répression. La bonne foi et la conscience de responsabilité sont toujours sous l’éteignoir des usurpateurs.
Les pères de l’indépendance sont pour la plupart d’un autre cran de personnalités politiques qui ont su mesurer l’étendue des défis à relever pour s’extraire des avatars de la domination coloniale. Ils ont été brisés dans leur élan, dans leur foi, dans leur conviction, dans leur combat par le retour prompt des cupides qui ont utilisé les petites gens, les frères de la racaille politique, aveuglés par le profit personnel et la puissance des armes. Les hommes de second rang d’intelligence politique qui sont restés des indigènes-indigents dans la compréhension des enjeux de la libération sont devenus de vrais alliés des forces et des puissances de pillage et de dépossession des richesses de notre continent.

Ces dirigeants de substitution voulus par la collusion étrangère n’ont d’yeux que pour la fortune comme la légion étrangère qui tient sournoisement leurs palais lugubres avec des accords secrets et des contrats d’arrangement pour l’enrichissement personnel. L’autorité sans la compétence cherche sa notoriété dans l’accumulation de la fortune, dans les amitiés scandaleuses. Le vol à ciel ouvert est l’ancre de puissance des usurpateurs. Ils financent des missions de représailles et des miliciens d’une rare férocité chichement rétribués pour les œuvres de terrorisme d’Etat. Les grands voleurs ne supportent jamais les chiens qui aboient contre eux.

Dans la chute de El-Béchir comme celle de Ben Ali, la liquidité sonnante et trébuchante entassée dans les armoires de leurs résidences nous révèle l’étendue de la pratique d’accumulation de la fortune qui, bien entendu, va au-delà des sous-sols et des placards. Les banques étrangères et les paradis fiscaux sont d’une autre dimension de sécurisation de la rapine. Les résidences de luxe dans des univers féériques sont de l’ordre du blanchiment de l’argent volé. Thomas HOFFNUNG en parle abondamment dans Biens mal acquis, co-écrit avec son collègue journaliste.

La chute des dictateurs nous montre bien la grande petitesse de leur esprit et leurs ordures jetées au visage de l’humanité. Ils sont tous dans la même fonctionnalité miséreuse de la grandeur. Pendant qu’ils quémandent de l’aide pour les forages et apporter de l’eau à leurs concitoyens décimés par l’absence criarde de commodités existentielles, leur fortune personnelle dépasse la dette de leur pays. De Bokassa à El Béchir en passant par Mobutu, Abacha, Sassou, Eyadéma, N’guema, Bongo, père, Déby le mal est le même, l’esprit est dans la boue et l’obstination pour la conservation des privilégiés du pouvoir demeure identique. C’est à eux que s’adresse Jean ROSTAND, dans Pensée d’un biologiste en ces termes: « Il y a quelque puérilité dans le goût de la grandeur ».

Mandela, Rawlings, Sankara, N’krumah, N’GOUABI, Dacko, OLYMPIO, NASSER, BOUMEDIENE ne sont-ils pas d’une célébrité historique pour l’Afrique et dans la lutte émancipatrice de leurs peuples sans fortune personnelle?

Une coalition transcontinentale de la jeunesse et de la société civile a un devoir de responsabilité pour la libération de nos pays de la dictature locale. Cette responsabilité s’étend à un vaste et gigantesque plaidoyer pour récupérer les fortunes volées aux fins de financer l’industrialisation du continent.

2- Une révolution éthique et un plaidoyer pour l’Afrique

Notre continent est gravement malade de l’esprit fangeux des médiocres supérieurs qui font office de gouvernants. Nous sommes des peuples assis sur des fontaines de richesses et nous mourons de faim, de soif, des catastrophes et des maladies tout à fait évitables par la prévention, l’anticipation et l’éducation. Nos chefs d’Etat avides de fortune n’ont que d’artifices de remplissage à se parer pour feindre la gouvernance avec des institutions de la grande plaisanterie.

La honte est un principe d’éducation, une force morale, un levier éthique, une finesse humaine, un bondissement existentiel qui nous sort du « petit de l’homme ». Quand on n’est pas capable de rougir de ses propres écarts et de ses bassesses, on ne peut jamais conduire les hommes, féconder le présent de ses initiatives et créer l’espérance. Ceux qui créent des stratégies par leur cupidité et qui laissent les drames se dérouler sous leurs yeux sans le moindre sursaut entretiennent les pourritures terrestres. Ils sont malheureusement sous nos tropiques, ces monstres et ces vampires de la jouissance facile des palais d’Afrique qui, jamais, ne se sentent hommes. Ils sont anéantis par l’indigence morale et la volonté de puissance qui effacent leur puissance raisonnable autant que l’éthique de la gouvernance. Ils ne peuvent qu’être surpris de la rage de leurs peuples.

Ce que nous observons au Soudan, en Algérie et que nous avons célébré hier au Burkina Faso n’abaisse pas l’Afrique. Cette transcendance des peuples est de l’ordre de l’humanité pure. Elle est du reste, indispensable pour réinventer la gouvernance en Afrique. La solidarité nationale qui dégage les brigands, les pieuvres et les microbes des palais d’Afrique est un gage de responsabilité collective pour un nouvel horizon, celui de la noblesse démocratique et des institutions fortes.

L’Afrique se renouvelle de sa jeunesse, d’une ouverture dans une boutique planétaire tout en verre qui arme l’esprit de mutations et donne la souveraineté au peuple. Les crapules qui n’ont que la faiblesse des armes pour garder leur trône sont dans la morbidité de leurs rêves et leur royaume s’effondra l’un après l’autre. Les mutations capitales des palais de la pègre ne s’arrêteront pas tant que le supplice des privations cruelles conduit les peuples à un devoir d’insurrection. Tous les verrouillages ont leur limite. Les hommes de remparts savent sauver leur tête quand l’heure sonne. Qui est fou ? Face aux mauvais dessins, le potentat est tout seul.
Mais, le cratère de l’insurrection, dans ses larves déferlantes ne peut laisser en suspens la question de la fortune personnelle des pieuvres des palais de brigandage. La révolution populaire doit entrevoir une brigade nationale avec des personnalités de haute moralité dans la récupération des fonds et des biens mal acquis.

La nouvelle jeunesse africaine, les organismes de défense des Droits humains ont l’impérieux devoir d’imaginer des actions incisives de portée internationale et transcontinentale auprès de l’ONU pour trouver les canaux de reversement de l’argent volé par les potentats de nos pauvres pays. Nous pouvons dans la promptitude de recouvrement des fonds placés dans les banques étrangères et les paradis fiscaux financer de grands projets, redynamiser les secteurs sociaux, sortir de l’esclavagisme de la dette et nous engager dans l’’industrialisation.

L’insensé de la gouvernance n’a plus longue vie sur ce continent, parce que les feux des privations intolérables font l’aiguillon imparable de la chute des prédateurs et des voleurs de la République.

Source : www.icilome.com