Lorsqu’un étranger arrive dans une maison, l’endroit par lequel il apprécie la propreté de son hôte, ce sont les toilettes. Il en est de même pour les marchés qui sont les lieux de tous les visiteurs nationaux comme étrangers. Les marchés, ce sont principalement les lieux de travail de nos femmes, nos sœurs, nos épouses et nos frères. Ces commerçants passent plus de temps en ces lieux que dans leurs maisons. La réputation du grand marché de Lomé en Afrique de l’Ouest et Centrale ne date pas d’aujourd’hui. Ce marché est également l’un des plus grands pourvoyeurs de recettes douanières et fiscales pour l’Etat. Pour des raisons de politique politicienne, certains Togolais fondamentalement méchants ou animés d’un esprit démoniaques se sont organisés pour incendier ce fleuron de l’économie togolaise.
La logique qui sous-tend ce crime est d’affaiblir financièrement certains Togolais jugés proches de l’opposition. Comme il est de coutume sous les régimes autocratiques, on a vite fait de coller ce crime à des opposants qu’on s’est empressé de jeter en prison. Puisqu’un crime n’a jamais été parfait, le montage a été tellement grossier que l’affaire s’est dégonflée comme un ballon de baudruche. Après plusieurs années de détention préventive, les détenus ont été relâchés au compte-goutte et cette affaire est finalement passée pour pertes et profits. Aucun responsable, aucun procès, et pourtant Dieu seul sait ce que les commerçants et surtout les commerçantes ont perdu dans cet incendie; certains acculés par les banques ont d’ailleurs perdu la vie.
Et pour conforter la thèse de l’incendie du Reichstag, plus de 6 ans après, le régime ne se presse nullement pour reconstruire ce marché, condamnant les femmes à se caser dans des conteneurs assimilables à des fours crématoires à Agbadahonou. L’ensemble du site du grand marché de Lomé (Atikpodji, Adawlato, Agbadahonou, etc) dépourvu volontairement d’infrastructures est désormais aux mains des étrangers, particulièrement les Nigériens qui font la loi avec l’appui des autorités togolaises. L’objectif de ce plan cynique et machiavélique est juste d’affaiblir financièrement certains Togolais qu’on juge hostiles au régime; et pour y arriver, un secteur aussi stratégique que le grand marché de Lomé est livré entièrement aux étrangers.
Voilà les faits d’armes et les œuvres du régime de Faure Gnassingbé. Les célèbres Nana Benz qui ont fait la fierté du Togo durant des décennies ne sont aujourd’hui que l’ombre d’elles- mêmes. Faute de moyens pour assurer la continuité de l’héritage, leurs filles se retrouvent aujourd’hui dans le harem de la République. Ailleurs les hommes d’affaires, les grands commerçants sont soutenus par l’Etat parce qu’ils participent au rayonnement du pays. Au Togo, au nom d’une politique diabolique, on préfère détruire les hommes d’affaires et les grandes commerçantes au profit des étrangers.
Les marchés de Hedzranawoe, Atikpodji, Adawlato, symbole de la faillite d’un régime
L’état d’insalubrité des marchés de Hedzranawoé, Atikpodji, Adawlato, Gbossimé, Nukafu , Hanoukopé, Bè, Agoè, Adidogomé et des voies d’accès quoique visibles en saison sèche, s’apprécie à leur juste valeur pendant la saison des pluies. Et nous y sommes. Eh dehors des autres marchés qui sont dans le même état de délabrement, d’insalubrité et de difficile d’accès, nous allons nous concentrer dans ce dossier sur deux d’entre eux, notamment Hedzranawoè, et Adawlato-Atikpodji. Un tour sur ces deux sites permet d’avoir une idée réelle de l’enfer dans lequel travaillent les commerçants, mais aussi de la honte que cela représente pour le Togo qu’on présente partout comme un pays en pleine mutation. Pendant la colonisation, les colons ont ouvert des voies pour évacuer les produits tropicaux vers la côte.
Plus de 60 ans après les indépendances, les dirigeants togolais dont la plupart seraient des « diplômés » de grandes universités en Europe et aux USA, sont incapables d’aménager des voies d’accès aux marchés pour permettre aux commerçants d’évacuer en toute tranquillité les marchandises. L’état des marchés au Togo, de leurs voies d’accès ainsi que l’insalubrité les fait ressembler à des zones de guerre. A Adawlato-Atikpodji, le plus grand marché du Togo où les commerçants étrangers, notamment les Béninois, Ghanéens, Nigérians, Ivoiriens, Burkinabé, Gabonais, Congolais se ravitaillent, même si le rythme n’est plus soutenu comme avant, c’est non seulement l’enfer, mais aussi la désolation, la honte pour le pays. La plupart des voies d’accès sont impraticables en cette période, des flaques d’eau remplies d’ordures sont partout avec des odeurs pestilentielles. Faute d’assainissement, le marché est constamment inondé, les ordures partout et certaines canalisations entièrement ouvertes.
C’est dans cet environnement malsain, pourri et totalement infesté que les commerçants travaillent et reçoivent aussi leurs clients de l’extérieur qui repartent du Togo avec l’idée d’un pays sale aux dirigeants inconscients et incapables. Toute la zone du grand marché de Lomé et les quartiers environnants qui rapportent d’énormes recettes à l’Etat sont volontairement laissés à l’abandon, au nom d’un choix politique à relent sectaire que nous venons de décrire plus haut. Et pourtant les dirigeants qui parcourent le monde à la recherche du financement, accordent des interviews et font croire que le Togo est un pays moderne avec des infrastructures de dernière génération. Que d’affabulations !
Le marché d’Hedzranawoè qui abrite le plus grand secteur de la friperie est plus qu’une catastrophe. D’abord ce marché, tel que conçu, fait partie des éléphants blancs du régime au temps de Gnassingbé Eyadéma. Ensuite le plan conçu de longue date qui consistait à déplacer le vieux marché d’Adawlato vers ce site, n’a jamais fonctionné à cause de la résistance des femmes. Reste à savoir si l’incendie du grand marché il y a six ans n’est que la suite logique de ce projet. La situation à Hedzranowoè est semblable à celle d’Adawlato même si, ici, une clôture cache les images de la désolation.
Déjà le marché de la friperie et les déchets que ce secteur génère sont une source de pollution pour le quartier et surtout les riverains. Au cœur du marché, c’est une désolation totale. En 2019, on ne trouve aucun hangar ou boutique moderne, aucune exploitation intelligente et rationnelle de l’espace.
En dehors du bâtiment central qui se trouve dans un état délabré, le reste est constitué de hangars de fortune installés dans un chaos inimaginable. Le site n’ayant jamais connu un aménagement assorti d’un assainissement digne de ce nom, à la moindre pluie tous les commerçants et leurs marchandises se retrouvent dans l’eau. Des eaux de pluie qui prennent le contrôle des lieux pendant plusieurs jours avant de s’évaporer. Le plus scandaleux dans cette histoire, c’est que des individus ont l’idée saugrenue de faire un bassin de rétention d’eau au coeur du marcché. Du jamais vu. Et dire que ce marché est à quelques centaines de mètres de la résidence de Faure Gnassingbé à Lomé II. Les images qui accompagnent cet article témoignent de l’état désastreux des deux plus grands marchés de la capitale, pendant que les gouvernants continuent de chanter la modernité sur les médias.
Que fait l’EPAM des recettes collectées dans les marchés ?
Lorsqu’on parle de l’état désastreux et insalubre des marchés de la ville de Lomé, tous les regards sont tournés vers l’EPAM et, par extension, la mairie et le ministère de l’administration territoriale et des collectivités locales. L’EPAM (Etablissement Public Autonome pour l’Exploitation des Marchés) est la structure qui s’occupe de la gestion des marchés de la ville de Lomé. C’est une boite qui brasse des centaines de millions voire plus et suscite la convoitise de tous les «coupeurs de route» de la République.
Vu le nombre des marchés sous son contrôle dans la ville de Lomé, vu le constat de leur état d’insalubrité, la question est de savoir où passent les recettes collectées dans ces marchés. Lorsque la Directrice Générale d’alors Ayélégan Seshi a été admise à la retraite, le ministre Payadowa Boukpessi s’est empressé de nommer à ce poste une de ses proches, Somialo Potcholi, commissaire de police, au grand dam des femmes du marché. Lorsqu’il a été interpelé sur cette curieuse nomination par les femmes, il s’est défendu en évoquant les fameuses instructions du chef de l’Etat. Que vient chercher une commissaire de police à la tête de l’EPAM pendant que les commissariats de police sont en manque de personnel ? Et lorsqu’on décrypte l’organigramme de l’EPAM, on se rend compte qu’aucun membre du trio de tête n’a rien à voir avec les marchés, plus spécifiquement le commerce.
Ce sont des gens qui ont été placés à ces postes par les ministres successifs de l’Administration territoriale successives sur l’unique base de « mendèfrerisme ». Les commerçants se retrouvent en face des gens qui ne comprennent rien du monde du commerce. Leur objectif c’est de s’enrichir sur le dos des braves femmes à travers les recettes et les rackets de toutes sortes.
L’EPAM brasse des centaines de millions de recettes par an pendant que les marchés qu’il administre sont dans un état de délabrement et d’insalubrité totale. Qui peut comprendre ce contraste ? L’EPAM, depuis la nuit des temps, a toujours fait l’objet d’une gestion scabreuse et opaque. Les ministres de tutelle s’en servent à cœur-joie non seulement à travers les jetons de présence, mais aussi les dotations de carburant, les billets d’avion classe affaire, les caisses de champagne, etc. Ce mode de gestion continue de plus belle, et ce n’est pas pour la beauté des femmes du marché que le sieur Payadowa Boukpessi a catapulté à la tête de cette structure une de ses proches. Naturellement, en dehors des membres du conseil d’administration, ceux qui sont à côté de la marmite aussi s’en servent à satiété.
Au Togo certains travaillent dur et d’autres dans les bureaux climatisés s’enrichissent sur leur dos en poussant même le cynisme de ne pas entretenir ou améliorer le cadre du travail. Nous reviendrons largement sur les magouilles dans la gestion de l’EPAM, les sociétés fictives appartenant aux dirigeants ou à leurs proches qui obtiennent les marchés d’enlèvement d’ordures, avec en toile de fond des surfacturations inimaginables.
Que peut-on retenir de ce tableau catastrophique, sinon que la gouvernance de feu Gnassingbé Eyadema (40 ans) et de son fils Faure (15 ans) est une faillite sur tous les plans en dépit des richesses énormes dont dispose ce bout de territoire. Comment peut-on comprendre qu’en 52 ans de règne d’une seule famille, on n’ait pas été capable de doter la capitale Lomé de marchés modernes ou d’autres infrastructures qui font cruellement défaut. Pendant que dans les sous-régions, les « Mall » et les centres commerciaux modernes s’installent partout, que les vieux marchés se modernisent grâce à des dirigeants visionnaires, au Togo nous pataugeons encore dans la boue alors que des milliards sont engloutis dans des inutilités et des voyages onéreux qui ne rapportent rien du tout.
A défaut de construire des centres commerciaux modernes, les gouvernants sont en plus incapables de moderniser les deux plus grands marchés de la capitale, suscitant les commentaires les moins élogieux de tous les étrangers qui viennent s’y ravitailler. Si les dirigeants togolais avaient l’esprit de modernité dans leur gène, à voir la manière dont ils parcourent le monde à travers les voyages onéreux, il y a longtemps qu’ils auraient transformé ce pays en un paradis sur terre. Un expatrié face à l’état catastrophique du Togo, ne s’est pas privé de lâcher ceci : « La modernité des dirigeants togolais, c’est s’approprier les milliards du pays, draguer les femmes, boire les meilleurs champagnes et spiritueux, acheter les voitures de luxe ».
Avant d’ajouter : « Rendre le pays moderne, avoir une vision et de l’ambition ne semble pas être leur préoccupation ». Le Togo aujourd’hui est un pays arriéré, un pays à la traine où après 52 ans de règne, les tenants du pouvoir ne sont même pas capables de fournir l’eau potable dans leurs propres villages. Et c’est un pays où tout se fait de travers, à la traine qu’on tente désespérément de vendre à des soi-investisseurs à travers le PND. Drôle de comédie !
Source : www.icilome.com