La crise politique et les fêtes de fin d’année : Lomé présente un visage pâle !

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La crise politique et les fêtes de fin d’année : Lomé présente un visage pâle !

La communauté chrétienne du monde entier a célébré, le lundi 25 décembre, la naissance de l’enfant Jésus. Au-delà de son aspect religieux, c’est toute la planète qui se mire et bouge, pendant cette période de fêtes de fin d’année. A Lomé, la capitale togolaise, l’ambiance est loin d’être festive. Avant, pendant et après la fête de la Nativité, la ville présente toujours un visage des plus ordinaires. La politique s’invite dans la danse. FRATERNITE a fait sa petite enquête sur le sujet.

2018. Une nouvelle année qui passera par l’antichambre des fêtes de fin d’année. Outre la Noël, première des deux fêtes qui meublent la fin d’année, la course se poursuit en ce qui concerne les préparatifs du Nouvel an. Mais seul constat, tout est calme.

Visage ordinaire…

Rien ne bouge à Lomé Un tour dans les différents quartiers de la capitale et le constat est alarmant. Il n’y a pas un véritable engouement autour de la fête. La ville présente un visage ordinaire, sinon crispé. Hormis les habituelles décorations des espaces publics, l’indifférence se lit sur le visage des populations qui semblent, malheureusement, s’y habituées depuis quelques années déjà.

«Sans vous mentir, je n’ai pas la tête à la fête. Pour fêter, il faut de l’argent. Or, je suis financièrement à bout. Les choses ne bougent pas financièrement. Donc je vis ces moments comme un moment ordinaire», nous a confié, visiblement désespéré, Selom, un électricien d’une quarantaine. «Ma préoccupation majeure est de parvenir à satisfaire les enfants, puisqu’il est dit que la Noël est la fête des enfants. C’est ce que j’ai fait, bien que cela ne soit pas facile», ajoute, pour sa part, Bertrand, parent de 3 filles. Wotsa, couturière de 33 ans y va également de ses lamentations. « L’année passée, a pareil moment, j’avais déjà plein de commandes. J’en avais déjà livrées certaines. Mais cette année, je n’ai reçu pour le moment que quelques commandes que j’ai déjà faites. Je n’attends que les clients pour la livraison », nous explique-t-elle, tout en nourrissant le vœu que les choses vont s’améliorer, sous peu. «Depuis le matin que je sillonne la capitale, je n’ai pas encore vu un signe annonciateur de la fête. Hormis les guirlandes au niveau des boutiques, la crèche de Togocel à la place de l’ex-Fontaine Lumineuse et les musiques de promotion, on ne note rien de particulier », témoigne Didier, conducteur de taxi.

Le Grand marché… entre mévente et espoir

Au Grand marché de Lomé, l’affluence est également morose. Les bousculades ordinaires sont au rendez-vous, certes. Mais elles sont loin de garantir les chiffres d’affaires. «La plupart de ceux qui viennent ne demandent que les prix et repartent. Certains promettent revenir sans trop nous fier. C’est une réalité quotidienne que nous vivons ici au marché. Nous espérons que les choses vont bouger d’ici samedi. Sinon, pour le moment, ça ne va pas », s’est lamenté, Jeannette, une commerçante, détentrice d’une boutique de pagnes et de sacs pour femmes.

Toutefois, la petite satisfaction, pour l’heure, est au niveau des revendeurs de l’alimentation générale, et de moindre mesure, des habits et chaussures pour enfants, et produits de beauté pour femmes, comme les mèches et perles. «Il faut avouer que les gens viennent petit à petit. Au moins, nous arrivons à écouler certaines marchandises pour femmes et enfants. Nous prions que cela puisse continuer ainsi jusqu’à la fête de nouvel an», nourrit d’espoir, Aicha, 36 ans, propriétaire d’une boutique de prêt-à- porter.

La politique s’invite dans la danse

Pour nombre de Loméens, la morosité qui caractérise particulièrement l’atmosphère autour de ces fêtes de fin d’année résulte de la crise sociopolitique qui secoue actuellement le pays. « Si la crise est à son niveau actuelle, c’est parce que les gens ont faim dans le pays. Beaucoup sont des chômeurs. Le peu qui travaille, leur salaire est dérisoire. Pendant ce temps, les prix des produits de première nécessité sont toujours galopants et le panier de la ménagère, toujours vide. C’est, en somme, une crise avant tout sociale. Car elle n’est que l’expression des frustrations accumulées depuis plusieurs années », nous explique Joseph, Inspecteur de l’enseignant du Premier degré, admis à la retraite de puis 2014. Et d’aller de son coup de gueule. « Ce régime a complètement dénaturé le togolais qui semble perdre sa dignité. Pendant 50 ans, ils n’ont pu rien faire pour donner du sourire aux togolais, contraints de se chercher ailleurs. Qu’avons-nous fait pour mériter de tels dirigeants qui n’ont d’égards qu’envers leurs familles pendant que la majorité des togolais peinent à trouver le pain quotidien. Faure n’est pas la solution aux souffrances des togolais. Il doit partir ! », a-t-il pesté.

Le malaise social est grand !

Cette situation révèle, à plus d’un titre, l’état d’âme des populations togolaises, même à la veille du Nouvel an, période généralement festive dans les familles. L’accalmie qui prévaut actuellement dans la capitale togolaise n’est visiblement que la résultante parfaite de la situation sociopolitique qui reste des plus tendues dans le pays entre le pouvoir de Lomé, si décrié par une partie des togolais incarnée par quatorze partis politiques de opposition. Ces togolais, très remontés et décidés à venir à bout du régime de Faure Gnassingbé, n’entendent point observer de répit dans leur contestation. Même durant cette période de fête, ils seront encore dans les rues pour manifester leur ras-le-bol. Ce qui est un indice très révélateur du malaise social très grand dans le pays et qui s’invite, malheureusement, dans les fêtes de fin d’année.

Source : www.icilome.com