Depuis l’annonce de l’organisation des élections locales historiques qui interviennent après plus de trois décennies d’interruption, il a été constaté un engouement des populations qui témoigne de l’intérêt national que suscite ce scrutin pour le développement du pays. Cependant, le gouvernement Togolais à qui revient la responsabilité de mettre sur pied les conditions de transparence, ne semble pas jouer à l’impartialité et prend au contraire des dispositions tendancieuses qui sont des ingrédients pour des contestations qui entrainent des violences en période électorale, comme l’a relevé la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) qui a fait des recommandations pertinentes à l’effet de corriger ces défaillances dans les processus électoraux. L’organisation d’un recensement bâclé sur fond d’exclusion d’une proportion importante des citoyens en âge de voter, avec une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) aux ordres,sont signes caractéristiques des élections antidémocratiques.
Le travail technique des Universités Sociales du Togo (UST) a, dans un rapport, documenté les nombreux manquements qui ont couronné l’étape du recensement électoral sans oublier les dénonciations des coalitions et partis d’opposition vis-à-vis de l’allure cavalière de cette opération.
La diaspora Togolaise, une des plus importantes a été complètement exclue de tous les futurs processus électoraux alors que sa participation est considérable et déterminante pour une solution durable de la longue crise politique.
En outre, la CRART constate que la ‘’Force Sécurité Elections 2019’’ (FOSE) qui doit assurer le maintien d’ordre pour l’organisation des élections locales est dangereusement en voie de formatage par les autorités du Ministère de la Sécurité pour lui inculquer une orientation tendancieuse. En effet, lors d’une démonstration de la FOSE présentée au journal officiel de la Télévision Togolaise (TVT), il a été simulé un exercice dont la cible de l’opération était une catégorie de militants appartenant à un acteur politique « qui aurait prôné le boycott et qui se serait ravisé » ; et dont le mobile de contestation serait « le vote d’une personnalité qui serait soupçonnée d’être étrangère ». Au final, le rôle de la FOSE a consisté à maitriser les contestataires pour faire voter la personne suspectée sans aucune autre forme de vérification sur cette dernière.
Eu égard à toutes ces anomalies sur l’organisation des élections locales, la CRART vivement préoccupée attire l’attention de Madame le Médiateur de la République, Présidente du HCRRUN et l’interpelle à veiller pour la mise en œuvre des conditions des élections inclusives et transparentes, avec une participation active des fils et filles de la diaspora, pour prévenir les contestations et violences à caractère politique, conformément à la recommandation 6 de la Synthèse des Recommandations de la CVJR.
La réconciliation entre les filles et les fils d’une même nation est un acte patriotique de courage et de bravoure qui doit rapprocher des opinions divergentes et jeter les bases d’une évolution collective. Elle restera inachevée si certains fils et filles de la nation sont tenus à l’écart pour les uns, et les autres empêchés de rentrer d’exil pour apporter leurs contributions et favoriser un véritable plan de développement.
La CRART adresse le même appel au G5 (PNUD, Union européenne, USA, France, Allemagne), au Président de la Commission de la CEDEAO et à tous les autres partenaires du Togo à prendre des mesures pour faire appliquer les règles et principes onusiens de maintien d’ordre, et à intervenir pour des élections transparentes et inclusives, gage d’une stabilité et d’une paix durable.
Fait à Lomé, le 06 juin 2019
Pour la CRART
Le Coordinateur
M. ATCHOLI KAO M. B.Essohouna
Source : telegramme228.com