La Chronique de Yves de Fréau : Silence ! Claude gère le nid des Eperviers

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Comme une terre brûlée dont les habitants, un à un, s’enfuient, le nid des Eperviers tout doucement se vide de ses valeureuses substances. Le goal Agassa Kossi, poussé par certains événements malheureux, est le premier à déguerpir. Sans dire mot. Dépassé par la situation dans laquelle le destin l’a mis. Personne jusque-là, n’a osé cracher la vérité : la retraite brutale du portier togolais est la conséquence malheureuse de l’entêtement du sélectionneur Claude Le Roy à l’amener à la CAN malgré son statut de « sans club », et donc, sans compétition. Quel supporter, quel observateur, quel journaliste, enfin, quel dirigeant n’était animé d’une grande anxiété à chaque fois qu’une balle allait vers Agassa Kossi quand il tenait les buts de la sélection togolaise ces derniers temps ?

Presque tout le monde voyait venir le danger. Sauf le souverain sélectionneur. Finalement, il a poussé « Fofoné », après 17 ans de dur service rendu à la Nation, à partir sur la pointe des pieds. A partir sans se donner le temps de dire au revoir à la dame sélection, et, chose encore plus regrettable, sans bénéficier du moindre hommage. En vérité, Agassa Kossi, compte tenu de la taille de ses œuvres, devrait partir, bien décoré par la République. Mais hélas, il est parti, hué par ceux qui ne comprennent rien au foot. Comme un pestiféré. Comme un traitre, à leurs yeux. Les pauvres…

Pour lui emboiter le pas quelques semaines plus tard, un autre : Serge Gakpé, attaquant de son état, utilisé de force au poste de latéral droit par le souverain sélectionneur, et qui, visiblement, n’a eu aucun plaisir à vivre dans ce nid d’Eperviers où tout sonnait faux. Le temps de se préparer à Saly et de disputer un premier tour de CAN à Oyem et Port-Gentil, le garçon eut à apprendre des autres, et surtout de Claude Le Roy, tellement de choses qui l’ont contraint à se mettre définitivement à l’écart de la sélection. Sans donner une seule raison de ce qui a motivé son départ, le digne fils du pays a tout de même laissé comme des regrets et des questions restées sans réponses. Les émotions croisées sur la triste page contenant son message, suscitent encore et toujours un lot inestimable de tristesse et de colère au sein de ses fans, au sein de ceux qui aiment les Eperviers, au sein de la population…

Jamais deux sans trois, dit-on. Cependant, personne ne se doutait qu’une nouvelle annonce de retraite d’un Epervier allait frapper aux portes. L’inattendue information tombée en début de cette semaine, sous une terrible forme de communiqué, est pourtant venue fendre de nouveau les cœurs. L’auteur, Serge Akakpo, un autre déçu qui avoue avoir « perdu depuis la dernière CAN Gabon 2017 les sensations qu’il ressentait depuis près de 9 ans qu’il évolue au sein de l’équipe nationale du Togo ». Que s’est-il réellement passé à la CAN pour que, Serge Akakpo, « ressente » lui aussi, le besoin de prendre du recul ? La question à peine posée, on apprend qu’un certain Alaixis Romao, « pour des raisons familiales » ne pourrait pas rallier Alexandrie (Egypte) où les Eperviers, en regroupement, ont réalisé un résultat nul 0-0 contre les Chevaliers de la Méditerranée ce vendredi. Dimanche, ils sont attendus par les Pharaons d’Egypte.

Ce nouvel épisode du long métrage intitulé « Silence, Claude gère le nid des Eperviers » appelle à une profonde réflexion. Tant le motif évoqué par Romao, ressemble plus à une volte-face qu’à toute autre chose. De la part du plus professionnel, du plus régulier et plus discipliné du groupe, on ne peut qu’être surpris. On peut alors, de ce fait, se souvenir qu’en plus de trainer lors de la CAN une blessure, Alaixis Romao avait été obligé par le souverain technicien français, de jouer au poste de défenseur central. A la fin, l’ancien milieu de terrain marseillais s’était retrouvé à la 2e place du classement des joueurs les plus critiqués par la population togolaise.

Derrière Agassa Kossi, bien sûr ! Alors, tout comme certains de ses coéquipiers, il prend le temps de réfléchir sur son avenir avec les Eperviers. Tout comme, probablement, Floyd Ayité et Mathieu Dossévi. Ces deux, convoqués par Claude Le Roy, ont tout simplement décliné les invitations du sélectionneur, prétextant un manque de condition physique. Comme quoi, à chaque Epervier, sa façon de signifier au monde que, le nid dans lequel ils vivent, est devenu si puant qu’il lui faut un épurateur de haute gamme.

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