La CENI lance une autre polémique dans l’opinion

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La Commission électorale nationale indépendante (CENI) annonce déjà les couleurs des difficultés que va avoir la CEDEAO pour mettre en application ses recommandations. Décidément, le régime de Faure Gnassingbé n’abandonne pas son projet de conservation du pouvoir. Malgré les recommandations de la CEDEAO portant révision totale du cadre électoral, il continue par alimenter secrètement sa machine à fraude. Il est clair qu’un passage en force se prépare.

Samedi dernier à Lomé, au cours d’une rencontre avec une délégation du Réseau des Structures de Gestion Électorale en Afrique de l’Ouest (RESAO), le président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) du Togo, Professeur Kodjona Kadanga a dévoilé au grand jour l’intention du régime à organiser les élections sans la révision totale du cadre électoral.

Selon cet universitaire au service du système cinquantenaire, la CENI est prête à organiser les consultations électorales dans les délais proposés par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO à l’issue du dernier sommet à Lomé.

Et pour couronner le tout, dans un communiqué rendu public mercredi, le président de l’institution déclare que « la CENI va s’atteler à mettre en œuvre toutes les dispositions pour remplir sa mission d’organisation et de supervision des consultations électorales, dans le respect de la Constitution et du Code électoral. A cet effet, la CENI a repris ses activités, en vue de l’installation de ses démembrements et de la préparation du recensement des électeurs, pour disposer d’un nouveau fichier électoral ».

De quelle CENI parle ce monsieur ? Celle mise en place par le régime lui-même et conduit depuis quelque temps unilatéralement le processus ou celle inclusive qui sera recomposée conformément aux recommandations de la CEDEAO ?

Tout porte à croire que M. Kadanga n’a pas bien lu la feuille de route de la CEDEAO. Puisque dans le point 38, la version paraphée du communiqué final du 53èm sommet de la CEDEAO à Lomé indique clairement : « la conférence invite le gouvernement et les acteurs politiques à œuvrer en vue de l’adoption des réformes constitutionnelles en prenant en compte (…) : d. Le renforcement du processus électoral, en particulier le fonctionnement affectif avec une participation inclusive de l’ensemble des acteurs à la CENI ». En français facile, la recomposition complète de l’actuelle CENI.

Selon le député Jean Kissi, Secrétaire national du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR, parti membre de la C14), le fameux communiqué de la CENI qui fait actuellement polémique est une « provocation ».

Intervenant récemment sur une radio de la place, Pascal Adoko, Secrétaire adjoint de la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA, parti membre de la C14), a rejeté complètement l’existence de la CENI du Professeur Kodjona Kadanga.

« Maintenant, il s’agit de mettre en place de façon consensuelle une CENI qui va organiser les élection. S’il y a une CENI qui existe, Pascal Adoko n’est pas au courant. Donc, nous allons mettre en place une CENI pour qu’elle organise des élections. Cela fait partie des discussions que nous allons avoir, très prochainement, avec les autorités togolaises. Si on veut aller à des élections transparentes, qu’il nous soit permis de mettre une CENI en place ensemble et de manière équilibrée. Et qu’on accorde la présidence de la CENI, pour une fois dans l’histoire du Togo, à l’opposition », a suggéré l’homme politique.

Le responsable de la CDPA est allé loin en demandant le départ de la société belge ZETES, ce moulin à fraude électorale du régime RPT-UNIR. « Il faut que ZETES parte du Togo, c’est très important pour que le processus électoral annoncé aille correctement à son terme. Il est temps que les acteurs politiques à travers ce dialogue, décide d’un opérateur électoral qui va le travail technique avec nous. La première raison, ZETES a toujours montré ses limites. Et la deuxième raison qui la plus grave, c’est que ZETES est en conflit judiciaire avec l’opposition togolaise. ZETES est au Tribunal avec le CAP 2015. Comment voulez-vous qu’un adversaire qui est au Tribunal, soit juge technique d’un combat électoral que nous allons mener ? Ce n’est pas recevable. ZETES doit rompre son contrat avec le gouvernement », a-t-il déclaré.

En tout cas, organiser les élections législatives sans les réformes nécessaires n’est pas à l’ordre du jour, à en croire la Coalition des 14. Mercredi à l’hôtel 2 Février, le président de la Commission de la CEDEAO, Dr Jean-Claude Kassi Brou, a indiqué que « la CEDEAO va aider le Togo à réaliser des élections transparentes ». On ose croire que cette institution sous-régionale à les moyens de sa politique au Togo.

Godfrey Akpa

Source : www.icilome.com