A l’occasion des ‘BRVM Days’ qui se déroulent jusqu’à vendredi à Lomé, le président de la BOAD (Banque ouest-africaine d’investissement), Christian Adovelande, a souligné les problèmes nombreux auxquels pays d’Afrique son confrontés.
Les inégalités se sont davantage creusées dans certaines régions, aggravées par la crise financière mondiale de 2008 et diverses situations d’instabilités (politiques, sécuritaires, climatiques et alimentaires). Le niveau de croissance actuelle, en moyenne inférieur à 7%, reste insuffisant pour réduire significativement la pauvreté. Le niveau d’investissement demeure insuffisant du fait de contraintes macroéconomiques. Il subsiste un important gap entre les financements disponibles et les besoins d’investissement en infrastructures, en sécurité alimentaire, en services sociaux de base et en adaptation aux changements climatiques, a-t-il souligné.
Les besoins de financement du développement du continent sont compris entre 600 et 1.200 milliards de dollars par an et les ressources budgétaires publiques se révèlent insuffisantes pour y faire face.
L’Afrique fait face à une insuffisance de financement expliquée pour l’essentiel par la faiblesse de l’épargne locale, en particulier l’insuffisance d’épargne longue indispensable aux investissements de long terme.
La rareté des financements longs handicape le développement des investissements et la croissance. L’insuffisance de financement est également liée à des contraintes telles que l’existence de réglementations souvent défavorables à l’investissement et les difficultés de mobilisation de ressources internes résultant en grande partie de la prédominance d’une économie informelle et de la faible préférence des ménages pour l’épargne (faible propension des ménages à épargner).
En outre, certaines conditions posées par les banques ne sont pas adaptées au financement du développement. Par exemple, l’utilisation de ressources de courte maturité et à taux d’intérêt élevés n’est pas indiquée pour le financement d’infrastructures de soutien à la production, qui sont généralement des infrastructures publiques à rentabilité diffuse.
L’allocation sectorielle montre une orientation des financements en faveur du commerce, des services et de l’activité minière qui ont un moindre effet d’entrainement sur les économies locales, contrairement à l’agriculture et l’industrie manufacturière qui créent des emplois et de la valeur ajoutée, en particulier pour les couches vulnérables. Une telle situation renforce les inégalités et entretient toujours des poches de pauvreté, a rappelé le patron de la BOAD.
Un consensus se dégage sur le fait que les modèles classiques de financement du développement centrés principalement sur l’Aide publique au développement (APD) ont atteint leurs limites, du fait notamment de l’impact de la crise financière mondiale et des difficultés budgétaires des pays donateurs.
Christian Adovelande préconise un renforcement des partenariats public-privé (PPP) et des investissements directs étrangers (IDE).
Les PPP tout comme les IDE jouent de plus en plus un rôle prépondérant dans le financement du développement. Ils constituent pour les pouvoirs publics une des solutions à l’insuffisance de fonds publics pour le financement de grands projets structurants indispensables à l’accélération de la croissance et à la transformation.
Autre piste de substitution à l’APD, les marchés financiers.
Le développement des marchés de capitaux locaux permet de mobiliser des ressources longues. Il est donc important d’amplifier leur rôle dans le financement de l’économie réelle, surtout que les ressources mobilisées sont libellées en monnaie locale, exemptes de tout risque de change. L’épargne ainsi mobilisée permet de financer l’expansion des investissements et des opérations commerciales des entreprises publiques et privées.
A cet égard, M. Adovelande a salué les efforts prises dans le cadre de la modernisation et de l’approfondissement du marché. Il a rendu hommage aux initiatives menées par les dirigeants de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM). La Bourse d’Abidjan est l’institution commune aux 8 pays de l’UEMOA.
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