La BEI, un puissant vecteur de financements en Afrique

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Ambroise Fayolle, Vice-président de la BEI, chargé du développement  et des financements en Afrique de l’Ouest.

 

Vous êtes responsable du développement à la Banque de l’Union Européenne. Comment est-ce que l’Europe voit aujourd’hui l’Afrique ?

L’Afrique est une priorité essentielle pour l’Europe. C’est un partenaire et un voisin. C’est l’enjeu de ce sommet qui se tient à Abidjan et qui vise à approfondir la relation entre les deux continents. La présence de nombreux chefs d’Etat européens et africains témoignent de l’importance de cette relation.

L’Afrique fait face à un enjeu démographique et dispose d’un potentiel économique synonyme d’emploi et d’innovation. Nous sommes convaincus que nous pouvons mutuellement nous enrichir des expériences acquises sur les deux continents en termes d’investissement : les choix de solutions de transport, de développement urbain, les questions d’énergie, de gestion de l’eau. L’avènement des nouvelles technologiques offre aussi  l’opportunité à une génération d’innover, de créer des entreprises et c’est cet essor que nous souhaitons aussi accompagner.

 Le BEI est active en Afrique depuis 1963, quelle est aujourd’hui votre stratégie pour le continent ?

Notre stratégie repose principalement sur deux piliers : permettre, en lien avec les autorités publiques, tout d’abord l’accès aux infrastructures de base : transport, agriculture, eau, énergie, et je considère le numérique comme une infrastructure de base indispensable ; et dynamiser l’entreprenariat, en facilitant l’accès aux financements et à l’économie numérique. Par ailleurs, nous essayons de développer l’intégration régionale à travers des projets frontaliers structurants, en particulier dans le domaine de l’énergie (interconnexion Côte d’Ivoire-Liberia-Sierra Leone-Guinée, par exemple).

 

 

Quelles sont les priorités de la BEI en Afrique ?

Tout d’abord l’action en faveur du climat. La BEI a pris l’engagement, dans le cadre de l’Accord de Paris, de porter à 35% notre action dans le domaine climatique, en dehors de l’Europe, d’ici à 2020. Cet engagement, nous le tiendrons !

Il est en effet également extrêmement important de pouvoir développer des actions de dimension pour favoriser la croissance du secteur privé en Afrique. La BEI est devenue un acteur significatif du capital risque et à l’occasion du Sommet, nous avons signé huit opérations qui couvrent plusieurs pays africains, avec des structures innovantes à fort impact. C’est le sens également de l’initiative Boost Africa que nous avons lancée avec la Commission européenne et la Banque africaine de développement afin de financer des start-up et des entreprises innovantes grâce à des outils qui permettent une prise de risque accrue et favorisent ainsi la création.

Est-ce vous pouvez nous donner des exemples de cette priorité donnée au climat ?

 Dans la lutte contre le changement climatique, nous avons accompagné et financé des projets d’hydroélectricité à Madagascar, de géothermie au Kenya mais aussi de centrale solaire au Maroc. Par ailleurs, nous coopérons avec d’autres organisations internationales sur des problématiques telles du recul du Lac Tchad, qui a perdu 8% de sa superficie à la suite de presque trente ans de sécheresse.

 

 

Sur la question de l’immigration, vous avez pris une initiative importante pour l’Afrique du Nord.

Face à ce problème qui déstabilise aussi bien les pays d’origine, les pays de transit et les pays d’accueil, l’Europe a voulu réagir par une initiative ambitieuse d’investissement grâce au soutien réaffirmé de ses Etats membres. Le champ d’action de la BEI permet d’intervenir sur toutes les étapes de ces migrations. Si nous finançons des établissements d’accueil d’urgence en Europe, notamment en Allemagne ou en France, nous cherchons également à favoriser l’emploi et la croissance des pays porteurs en Afrique. C’est l’esprit de la resilience initiative que nous avons lancée pour les pays du pourtour de la Méditerranée, elle  vise tant à faciliter l’accès aux infrastructures de services que le développement du secteur privé, en particulier des TPE-PME. Nous avons d’ores et déjà prévu d’engager 7,5 milliards d’euros dans ces régions pour la période 2016-2020.  L’Europe n’est pas insensible à ce drame qui se joue à ses frontières et doit proposer des solutions adaptées afin de faire face à l’urgence d’un côté mais aussi d’offrir des perspectives alternatives durables de l’autre.

 

 

Jeune Afrique