Kpalimé/Grève des enseignants : Le préfet Koku Assan verse dans les menaces

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Il s’appelle Bertin Koku Assan. Il est le préfet de Kloto. Il ne veut pas entendre parler de grève dans sa préfecture. C’est ce qu’il a fait savoir aux enseignants qu’il a menacé jeudi dernier au CEG Nyiveme à Kpalimé. « Si vous voulez me faire ramasser les pots cassés, je vous ferai ramasser les bouteilles cassées », a-t-il lancé aux enseignants grévistes. Voici un rapport détaillé des événements qui se sont produits jeudi dernier au CEG Nyivémé. Bonne lecture !

Rapport des événements survenus au CEG Nyiveme le jeudi, 09 mars 2017 et des actes de menaces du préfet de Kloto

Le jeudi, 09 mars 2017 à la première heure, deux enseignants du CEG Nyiveme de Kpalime répondant au nom de Tchalla et Djibib ont, conformément aux consignes du mot d’ordre de la CSET (Coordination des Syndicats de l’Education du Togo),  »sauté » les cours programmés pour les jours de grève parce qu’ils ont subi des précomptes pour avoir observé la grève. En réaction, les élèves sont sortis de la troisième B, l’une des classes où les cours ont été sautés pour déloger leurs camarades et exprimer leur ras-le bol, non seulement à cause de cet événement du jour, mais aussi du fait que depuis la rentrée scolaire, les revendications des enseignants et les grèves répétées perturbant le déroulement normal des cours peinent à trouver une solution.

Ce n’est qu’après la sortie des élèves qui se sont rendus en ville pour déloger leurs camarades d’autres établissements que le préfet, accompagné un peu plus tard des inspecteurs, est arrivé dans l’enceinte du CEG Nyiveme suite à l’appel téléphonique du chef de l’établissement. Dés son arrivée, le préfet s’est rendu au bureau du directeur avant notre réunion à la salle des professeurs.

Prenant la parole, le préfet a demandé à comprendre ce qui a provoqué la sortie des élèves de l’établissement. Rappelons qu’un peu plus tôt, le directeur du CEG a approché les professeurs tout en colère et a laissé entendre qu’il est chargé de leur dire que s’il arrivait quelque chose lors de la manifestation des élèves, seuls les deux enseignants qui ont sauté les cours seraient responsables. C’est ce qui m’a amené à répliquer, entant que membre de la coordination, que personne ne peut tenir ces derniers pour responsables puisqu’ils n’ont fait qu’appliquer la consigne du mot d’ordre de grève signé par la CSET à qui l’on peut s’adresser.

En réponse à la question du préfet, j’ai alors personnellement pris la parole au nom des collègues et expliqué comment les choses se sont passées telles que détaillées plus haut.

Le préfet dit alors être agacé de me voir prendre la défense de mes collègues et de m’entendre dire qu’ils ne sont pas responsables de la sortie des élèves et des conséquences qui en pourront découler. Pour cela, il me tiendra pour responsable de tout ce qui adviendra parce que je suis membre de la coordination. Le préfet est allé plus loin me menaçant en ces termes: « Si quelqu’un crée des troubles à Kpalime, nous allons vous tenir pour responsable de tout. Je vous assure, à un moment donné, quand je vais vous faire prendre, ce serait pour des raisons de sécurité…»

D’après le préfet de Kloto, l’État va commencer bientôt par licencier les gens par le truchement de la gestion des compétences. Le locataire de la préfecture de Kpalime n’a pas manqué d’avertir: «Si vous voulez me faire ramasser les pots cassés, je vous ferai ramasser les bouteilles cassées».

Après avoir longuement expliqué que l’État fait déjà beaucoup d’effort pour les enseignants et que ces derniers ne sont pas les seuls à avoir des droits à revendiquer, le préfet nous a mis en garde en nous faisant savoir qu’il ne veut plus entendre parler de cours sautés chez lui à Kpalimé. Il a par ailleurs répété à maintes reprises que l’État est un train de dix tonnes qu’une bicyclette (parlant des enseignants) ne peut jamais affronter.

Les inspecteurs à leur tour ont dénoncé la consigne de mot d’ordre de grève de la CSET qui précise que les cours de la période de grève sont considérés comme faits. Le CEG Nyiveme, selon le chef d’inspection, excelle dans l’observation des mouvements de grève à Kpalime, ce qui, d’après lui, n’est pas une bonne renommée.

Dans l’après-midi de ce jeudi, 09 mars, il nous a été signifié que le préfet nous invitait dans son bureau à 16 heures. Les deux professeurs qui avaient sauté les cours et moi-même étions les concernés. Cet entretien avec le préfet a connu la présence de trois inspecteurs de l’Éducation et du directeur du CEG Nyiveme.

L’objectif de cette invitation, selon le préfet, était de nous informer des dégâts causés par la sortie des élèves. Il a évoqué le cas d’une jeune élève asthmatique qui aurait piqué une crise lors des manifestations des élèves et qui a suivi des soins médicaux et celui des casses de nacos au collège Saint Esprit. Le préfet m’informe qu’il me revient d’endosser tous les frais des dommages précités. Là aussi, le préfet ne nous a pas épargnés des menaces. Il nous a clairement signifié qu’il va falloir faire de certains enseignants des cobayes pour faire arrêter le désordre. Et pour cela, il entend envoyer le rapport à qui de droit.

Le lendemain, le préfet s’est rendu à nouveau au CEG Nyiveme. Après avoir pris contact avec le directeur, il est rentré en troisième B où il a tenté de dissuader les élèves en les mettant en garde. Des élèves ont été mis à genoux pour avoir dit ne pas bien comprendre le message du préfet ou pour d’autres raisons. Toute la classe a été avertie. Le préfet n’a pas manqué d’appeler les élèves à être plus matures que leurs professeurs avant de leur dire que c’est à eux de cotiser de l’argent pour réparer les dégâts causés par les manifestants.

Le chef d’inspection est passé plus tard dans la même classe pour prodiguer des conseils aux élèves et leur demander de s’adresser désormais à la direction ou à l’inspection au cas où ces genres de problème venaient à se poser.

Fait à Kpalime, le 10 mars 2017.

Le Chargé à l’information de la CSET,

SOLOUKOU Abodema

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