Kokouvi Massémé : « Un civil aux mains nues ne peut pas discuter avec quelqu’un qui détient des armes »

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Il était l’un des ministres du gouvernement de Transition de Joseph K. Koffigoh à tenir tête au général Gnassingbé Eyadema. Mais en décembre 1991, suite à l’attaque de la Primature, Kokouvi Massémé, ministre de l’Intérieur à l’époque, a dû choisir de se mettre à l’abri, à l’extérieur du Togo. Après 18 ans passés en République Fédérale d’Allemagne, l’ancien ministre est revenu s’installer au Ghana voisin où il exploite depuis quelques années une ferme agricole. Même si, aujourd’hui, il disait prendre une retraite politique, il suit avec intérêt la situation politique de son pays. Il est au parfum de tout. Dans une interview accordée à Togomédias.com, l’homme n’a pas hésité à livrer son point de vue sur la crise qui secoue son pays depuis le 19 août 2017.

Sur la question des pourparlers entre pouvoir et opposition, démarrés le 19 février dernier sous la houlette du président ghanéen Nana Akufo-Addo, Kokouvi Massémé, l’un des opposants charismatiques du régime Eyadéma, est resté sceptique. Pour lui, on ne peut négocier avec quelqu’un qui détient des armes. Ce dernier l’emportera toujours.

« Nous sommes à un énième dialogue au Togo. Mais aucun de ces dialogues n’a réussi. Je ne suis pas celui qui présage du malheur. Mais vous avez déjà vu qu’à peine commencé, le dialogue est en difficulté. Moi je ne dis pas qu’on ne peut pas réussir ce dialogue. Si c’est réussi, tant mieux. Mais, j’ai un principe que je défends. Le régime togolais n’est pas un régime politique normal. C’est un régime militaire. Un civil aux mains nues ne peut pas discuter avec quelqu’un qui détient des armes. Le dialogue est une discussion entre deux parties. Si une partie s’appuie sur les armes alors que l’autre partie est aux mains nues, ce n’est pas équilibré. (…) Au Togo, il y a trop de menace », a décalré l’ancien ministre de l’Intérieur qui trouve « légitime» la revendication du peuple togolais portant retour à la Constitution de 1992.

Pour Koukovi Massémé, la Constitution de 1992 est une garantie de vie démocratique normale au Togo. « J’étais ministre de l’Intérieur et vous savez que le ministre de l’Intérieur est impliqué dans la rédaction d’une Constitution. Cette Constitution de 1992 a été arrachée de haute lutte par le peuple togolais. Je souscris systématiquement à cette revendication du peuple togolais. Je suis de cœur avec le peuple togolais. Ce combat, c’est notre combat commun », rassure-t-il.

En patriote, Kokouvi Massémé, aujourd’hui planteur de manioc au Ghana, soutient la lutte que mène les Togolais depuis le 19 août 2017. L’ancien ministre togolais présente ses « condoléances » à tous ses compatriotes qui ont perdu leur famille dans la lutte.

« Au peuple togolais, mon peuple en quête pour sa liberté, je vous souhaite du courage. La nuit est longue, mais le jour vient. Ce qui est sûr, c’est que la liberté ne se donne pas, elle s’arrache. Je soutiens la lutte. Et si Dieu veut, ça aboutira », conclue l’ancien opposant au régime cinquantenaire des Gnassingbé.

A. Godfrey

Source : www.icilome.com