Alors que les violences électorales ont fait plusieurs dizaines de morts, Uhuru Kenyatta a commencé par célébrer la résistance du Kenya. « Tout autre pays aurait éclaté dans de telles circonstances », a dit le président kényan, ajoutant que « votre voisin le restera, peu importe le résultat électoral ».
Son adversaire Raïla Odinga devrait officiellement réagir mardi matin. En attendant, le chef de l’Etat ne lui a pas vraiment tendu la main comme il y a trois mois. « Laissons les autres épuiser tous les recours judiciaires et ensuite nous dialoguerons », a-t-il déclaré, ajoutant que s’il fallait passer par un nouveau processus électoral, il était prêt.
En tout cas, Uhuru Kenyatta a reproché à son opposant « d’avoir choisi d’exercer un droit », celui de déposer un recours « mais de ne pas en avoir assumé les conséquences », en boycottant.
Au contraire, lui s’est présenté comme celui qui s’est plié à la loi. Uhuru Kenyatta a expliqué que la Cour suprême avait certes annulé son élection mais que les chiffres n’avaient jamais été contestés par les juges.
« J’étais dans un paradoxe politique. J’aurais pu résister mais j’ai accepté », a déclaré le président, présentant sa réélection comme la « revalidation de la volonté générale » exprimée en août dernier.
Un discours prononcé après une longue cérémonie de plusieurs heures
Dans le grand centre culturel de Bomas, en banlieue de Nairobi, le programme a alterné hymne national, minute de silence et applaudissements des membres du parti au pouvoir venus nombreux.
Le président de la commission électorale a égrené les résultats des huit candidats dans chacun des 47 comtés, chaque score du président Kenyatta étant applaudi par ses partisans. Wafula Chebukati a regretté l’annulation de scrutin dans 25 circonscriptions de l’Ouest du pays à cause de l’insécurité.
« C’est malheureux, mais les conditions n’étaient pas réunies », a-t-il déclaré. Le président de la commission électorale s’est néanmoins dit satisfait d’avoir réuni les conditions pour un scrutin « libre, juste et crédible ». « Nous avons appliqué tous les changements demandés par la Cour suprême. Nous avons fait du mieux que l’on pouvait », a-t-il estimé.
Même si on n’est plus à une surprise près, c’est peut-être la fin d’un long processus électoral pour Wafula Chebukati, à la tête d’une commission sous pression, subissant les ingérences politiques, des critiques, voire des menaces graves parfois. Certains ont dit qu’il avait l’emploi le plus compliqué du Kenya.
Pour conclure, cet avocat a choisi d’appeler les Kenyans à l’introspection et à s’interroger sur trois choses. « Pourquoi tant de débats autour de la présidentielle ? Pourquoi la commission électorale n’est-elle jamais vue comme objective ? Et enfin, pourquoi ce sont toujours les mêmes problèmes qui reviennent à chaque scrutin ? », a-t-il demandé.
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