Les résultats ont été proclamés malgré le boycott de l’opposition, dans l’ouest du pays, où le vote n’a pu avoir lieu.
Le président sortant du Kenya, Uhuru Kenyatta, a remporté avec 98,26 % des voix l’élection présidentielle du 26 octobre, a annoncé lundi 30 octobre le président de la Commission électorale (IEBC), précisant que M. Kenyatta avait réuni sur son nom 7,483 millions de voix, contre 73 228 à Raila Odinga, son principal opposant.
La participation est de 38,8 % des électeurs inscrits, en chute complète par rapport au scrutin du 8 août (79 %), annulé par la Cour suprême pour « irrégularités ». Les résultats ont été proclamés malgré le boycott de l’opposition, dans l’ouest du pays, où le vote n’a pu avoir lieu.
L’écrasante majorité des bureaux de vote de quatre comtés de l’Ouest (Homa Bay, Kisumu, Migori et Siaya) — sur les quarante-sept que compte le pays — n’a en effet pas ouvert ses portes jeudi, en raison d’une situation chaotique et de graves troubles sécuritaires dans ces bastions de l’opposition. Ainsi, le vote n’a pu avoir lieu dans vingt-cinq circonscriptions (sur 291 au total, dont la diaspora), représentant environ 9 % du corps électoral.
L’IEBC n’a donc annoncé les résultats de la présidentielle que sur la base des 266 circonscriptions où le vote a pu avoir eu lieu. Cette réélection pourrait faire l’objet d’un recours en justice, et fait aussi craindre de nouvelles violences dans les quartiers de l’opposition.
Violences meurtrières
L’IEBC avait tenté d’organiser à nouveau le scrutin samedi dans les circonscriptions de l’opposition, avant d’y renoncer in extremis, estimant que la sécurité de son personnel n’y était pas garantie.
Le scrutin de jeudi avait été organisé après un coup de théâtre, inédit en Afrique : l’annulation le 1er septembre par la justice de la présidentielle du 8 août, à l’issue de laquelle M. Kenyatta, 56 ans, avait été proclamé vainqueur face au chef de l’opposition, Raila Odinga.
M. Odinga, a annoncé la semaine dernière le lancement d’une campagne de « désobéissance civile », dont il doit encore préciser les modalités, afin de contraindre le pouvoir en place à accepter l’organisation d’une nouvelle élection dans les quatre-vingt-dix jours.
Mais le vice-président, William Ruto, a une nouvelle fois rejeté toute idée d’organiser un nouveau scrutin. « Il n’y aura pas d’élection dans quatre-vingt-dix jours, il n’y aura pas de discussion sur des questions relatives aux élections », a-t-il martelé dimanche.
Plongé dans l’incertitude, le Kenya a aussi connu ces derniers jours des violences meurtrières : au moins neuf personnes ont été tuées par balle depuis jeudi dans les places fortes de l’opposition, les bidonvilles de la capitale, Nairobi, et l’ouest du pays. Et au moins 49 sont mortes, et des dizaines blessées, depuis l’élection du 8 août, pour la plupart dans la répression brutale de manifestations par la police (recours aux tirs à balle réelle, gaz lacrymogène, canons à eau).
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