Kenya: Raila Odinga ouvert à un dialogue avec Uhuru Kenyatta

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La saga électorale semble loin de son épilogue au Kenya. Alors que le président sortant Uhuru Kenyatta vient d‘être réélu avec plus de 98 % des voix, son principal adversaire Raila Odinga propose un dialogue qui mènera à des élections plus crédibles.

La réédition de la présidentielle au Kenya s’est jouée sans Raila Odinga. Un scrutin qualifié d’“imposture” que la figure de proue de l’opposition kényane a décidé de boycotter pour exiger une réforme électorale.

Dans une interview accordée dimanche à l’Associated Press, l’opposant de 72 ans fait remarquer que le faible taux de participation enregistré lors de l‘élection est une preuve de ce qu’elle n’est pas valide, accusant le gouvernement du président Uhuru Kenyatta de “détruire d’autres institutions de gouvernance dans [notre] pays”, y compris la Cour suprême.

Raila Odinga insiste dès lors sur une présidentielle dans 90 jours, qui répondra à tous les critères de transparence, et qui passera nécessairement par une réforme électorale.

“Notre pays est en grave danger”, a déclaré M. Odinga, ajoutant qu’il est ouvert au dialogue avec le camp Kenyatta sur la tenue d’une élection libre et juste.

“L’ordre du jour sera toujours le même – comment créer des conditions équitables pour qu’une élection puisse avoir lieu dans 90 jours (…) C’est de cela que nous sommes prêts à discuter avec eux”, a-t-il ajouté.

Avec plus de 98 % des voix, la Commission électorale a déclaré que Kenyatta a réuni sur son nom 7,1 millions de voix. Des résultats que met en doute Raila Odinga, alléguant que la Commission électorale a augmenté le nombre de voix pour Kenyatta. Il a estimé que les voix mobilisées par Uhuru Kenyatta ne pouvaient pas dépasser 3,5 millions des 19,6 millions d‘électeurs inscrits du pays.

“C‘était essentiellement Uhuru contre Uhuru”, a déclaré Odinga, pointant le manque d’opposition significative.

Des diplomates occidentaux “irresponsables”

Le Kenya est sur les braises après la proclamation des résultats ce lundi. Bien que le président de la Commission électorale ait déclaré que le scrutin a été “libre, juste et crédible”, Uhuru Kenyatta a admis que sa victoire “serait probablement encore une fois soumise au test constitutionnel via (les) tribunaux”, mais a affirmé qu’il s’y soumettrait “quels qu’en soient ses résultats”.

Effectivement, Raila Odinga n’a aucune intention de se désister. Avec son mouvement de résistance nationale, il compte bien revendiquer de nouvelles élections. Une résistance quoique “pacifique” comme celle menée Martin Luther King pour les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis, ou Mahatma Gandhi en Inde. Entre autres actions prévues, des grèves, des manifestations pacifiques ou encore des boycotts.

“Notre constitution prévoit en fait cela … si un régime est antidémocratique, si un régime ne jouit pas de légitimité, les gens ont raison de résister à ce régime”, a-t-il dit.

Raila Odinga a par ailleurs attribué une part de responsabilité aux diplomates occidentaux, dont les Etats-Unis, dans la crise kényane. “Nous, nous parlons d‘élections crédibles, eux (les diplomates), disent que toute élection est OK”, a regretté Odinga, qualifiant ces diplomates “d’irresponsables”.

CamerounWeb.com