A la COP 29 qui se déroule en Azerbaïdjan dans le Caucase, le Chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé a livré un vibrant discours. Dans son intervention, en rappelant les enjeux d’une réponse immédiate aux dégâts climatiques, Faure Gnassingbé a insisté sur la justice climatique à travers « des modes de financement flexibles et accessibles dédiés aux pays vulnérables ». Un grand discours qui contraste avec la réalité de la politique pratiquée par le gouvernement en déroulant le tapis rouge aux entreprises qui privent les autochtones des terres cultivables et polluent les eaux servant de source aux populations.
Du 11 au 22 novembre 2024, 198 pays sont réunis à Bakou en Azerbaïdjan, à l’occasion de la COP29. Cette année, l’enjeu repose sur deux points : l’adaptation et les financements pour la transition énergétique, notamment dans les pays en développement. Ces derniers subissent déjà des catastrophes climatiques, comme les sécheresses et les inondations. Un soutien financier plus conséquent est donc nécessaire pour qu’ils puissent faire face aux conséquences du réchauffement.
Faure Gnassingbé, chantre de la justice climatique
Le Président togolais a pris la parole au deuxième jour de la conférence. Dans son discours réduit à l’essentiel, Faure Gnassingbé a insisté sur l’urgence de prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique et ses répercussions qui se font ressentir fortement sur le continent africain. « Chaque année, l’urgence s’accentue. Chaque année, l’inaction s’approche d’un point de non-retour. Il est temps que nos actions reflètent l’ampleur de l’urgence pour nous amener dans cette direction. Je voudrais faire deux observations ; la première, c’est qu’il faut une véritable justice climatique. C’est-à-dire une responsabilité partagée, mais différenciée entre les pays. L’Afrique paye le plus fort de la crise climatique. Nous contribuons peu aux émissions globales. Nous en subissons néanmoins les impacts les plus sévères », a déclaré le dirigeant togolais.
« Notre besoin de justice climatique ne peut plus être ignoré. En tant que dirigeants, notre responsabilité à chacun est d’aller au-delà des promesses et d’agir concrètement », a-t-il poursuivi. «C’est la justice climatique qui doit être la boussole de toutes nos discussions ici. Elle demande à ce que des fonds de soutien conséquents soient déployés pour protéger nos populations et notre biodiversité », a martelé un Faure Gnassingbé qui semblait animer d’une mission.
Pour Faure Gnassingbé, son pays qui fait déjà des efforts est prêt à en faire plus. « Mais nous n’allons pas seuls, inverser la tendance mondiale », a-t-il souligné. «Nous ne pouvons pas nous contenter de discussions génériques ni de solutions standardisées. Cela signifie financer la régénération écologique de nos littoraux et développer des infrastructures rurales résilientes. Cela implique aussi des modes de financement flexibles et accessibles dédiés aux pays vulnérables. Enfin, il faut veiller à ce que ces investissements se fassent de manière cohérente avec nos autres besoins et engagements », a insisté le Président togolais en appelant à « une solidarité climatique authentique où les engagements financiers sont tenus et renforcés ».
Contraste à domicile
Dans les pays en développement comme le Togo, les populations subissent lourdement les effets du changement climatique. Inondations, sécheresse, famine et crise alimentaire sont devenues des réalités indéniables. C’est le cas au Togo. Mais toujours est-il que ces fléaux devenus récurrents n’expliquent pas seuls la misère ambiante des populations cloitrées sous un régime amorphe depuis plus d’un demi-siècle.
Le régime politique entretenu par Faure Gnassingbé est le premier responsable de la vulnérabilité épidermique des populations, conséquence d’une gouvernance sans boussole naviguant comme un bateau ivre. Selon les derniers chiffres de la Banque mondiale, 45,5 pour cent de la population togolaise vit en dessous du seuil de pauvreté. Dans l’ensemble, 64,9 pour cent de la population togolaise est pauvre ou vulnérable à la pauvreté. Près de 20% de la population risque de tomber dans la vulnérabilité dans les prochaines années.
Cette gouvernance qui enfonce les Togolais dans la vulnérabilité se matérialise par une politique prédatrice mettant en péril le quotidien des populations. En effet, au Togo, le gouvernement donne carte blanche aux entreprises pour accaparer des terres cultivables. Pour faire place à l’expansion de l’exploitation minière, une menace pour l’environnement du pays fortement tributaire de l’agriculture et de l’élevage de subsistance. L’expansion du secteur minier entraîne la raréfaction des terres arables, perturbant davantage les écosystèmes et mettant l’agriculture en péril dans un pays où plus de 60% de la population est agricole. Ce n’est donc pas surprenant de voir la pauvreté s’étendre dans les milieux ruraux.
Des populations obligées parfois de raser les forêts pour survivre et répondre à la demande en combustible dans le pays. En effet, l’envol du prix du gaz butane, entretenu par le gouvernement togolais qui rechigne à revoir les coûts à la baisse malgré un contexte international favorable et les cris des usagers, a contraint de nombreux ménages à privilégier désormais le charbon de bois. Un choix forcé qui n’est pas sans conséquence sur le climat.
L’autre question légitime que de nombreux observateurs se posent, c’est la gestion qui sera faite des financements réclamés par les Etats africains. Spécifiquement, au Togo, les projets destinés aux populations vulnérables, qui se sont révélés un moyen d’enrichissement pour les initiateurs, sont légion. Des projets exécutés à minima, pire, parfois abandonnés faute à un usage approximatif des fonds alloués, font régulièrement les choux gras de la presse. Le cas des projets conduits pour sortir les populations de Lomé et ses environs des inondations récurrentes est illustratif.
Ce n’est donc pas étonnant que les pays pollueurs rechignent à sortir le chéquier, sachant que les fonds risquent de finir sur des comptes des dirigeants qui ont déjà montré suffisamment qu’ils se soucient très peu du bien-être de leurs populations. Sinon comment comprendre que les populations dépossédées de leur terre pour des exploitations se retrouvent dans une misère indicible sans eau potable sous les yeux des dirigeants apathiques. La vraie justice climatique doit donc naturelle commencer par la justice minière à Hahotoé, Dzogblakopé, Kini-Kondji et bien d’autres localités frappées par la malédiction minière.
Lemy EgblongbélI
Source: lecorrecteur.tg
Source : 27Avril.com