Journée internationale de la famille: le cri d’alarme de l’Ong RAPAA

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Sensibiliser sur les questions relatives aux familles et accroitre la connaissance des processus sociaux économiques et démographiques qui les affectent tel est l’objectif de la résolution 47/237 des Nations Unies du 20 septembre 1993. C’est pourquoi depuis 1995, la famille est célébrée par la communauté internationale le 15 mai de chaque année. Pour l’année 2018, le thème retenu porte sur : « Familles et sociétés inclusives ». Cette thématique souligne « le rôle des familles en termes de promotion de sociétés de paix et d’inclusion. » L’accent est mis sur le rôle d’intégration, de socialisation et d’insertion des familles permettant ainsi la stabilité et la quiétude sociales indispensables pour l’atteinte des objectifs de développement durable…

L’ONG RAPAA a choisi cette journée de la famille pour lancer un cri du cœur sur un problème de santé publique, qui aujourd’hui déstabilise les familles : la consommation de substances psycho actives (alcool, drogue)

En effet, l’Afrique de l’Ouest une devenue une région de transit, mais aussi de production et de consommation de drogues. Si l’absence de données quantitatives  données  ne permet pas de mesurer de façon précise l’ampleur du phénomène, les rapports sur le sujet tels ceux de l’ONUDC et de la CEDEAO interpellent. Les constats sont alarmants soulignant la disponibilité, la dangerosité, l’accessibilité des substances ainsi que la précocité et la banalisation de la pratique. La consommation de drogues est devenue un véritable problème de société qui touche surtout les jeunes, qui affecte les familles aisées comme démunies, les zones urbaines comme les milieux ruraux.

Oui ne nous leurrons pas, toutes les familles sont affectées par cette épidémie sournoise. La consommation de drogue s’accompagne d’une grande souffrance psychologique avec de nombreux conflits et drames familiaux. Avoir un enfant, un proche toxicomane constitue un poids moral et affectif mais aussi un poids économique et financier pour les familles qui doivent faire face à des dépenses de santé et de prise en charge. L’usage de ces substances pose d’énormes problèmes d’insertion scolaire et professionnelle, d’intégration familiale et sociale avec parfois des actes de délinquance qui peuvent aller jusqu’à l’incarcération : violences physiques et sexuelles (abus sexuels, viols) causés par les états agressifs et incontrôlés, vols dus à la recherche effrénée d’argent pour se procurer les substances.  La personne sous addiction perd son autonomie, sa capacité d’action et la famille doit gérer les conséquences de ces handicaps

Les familles se réfugient dans le déni, la honte, la culpabilité voire la stigmatisation. Elles se trouvent désemparées d’autant que les possibilités de prise en charge par les services de santé restent encore limitées et surtout inadaptées aux besoins spécifiques des personnes dépendantes. Les familles ne sachant que faire ont parfois recours à des marchands d’illusions…

Si les familles sont frappées par ce phénomène, elles ont aussi un rôle important à jouer dans la prévention afin que les jeunes ne tombent pas dans le piège de l’addiction. Alors que nous assistons à un éclatement de structures familiales élargies,  à une augmentation du nombre des divorces et des familles recomposées, à une perte des valeurs et des références, les familles ne jouent plus le rôle d’éducation, de protection, d’inclusion qui est le leur. Et pourtant, les parents doivent apporter un soutien moral, social et affectif en donnant du temps, du dévouement et de l’attention aux enfants et adolescents. Ils ont un devoir de transmission des valeurs, des traditions et de la culture.

Devant la souffrance des usagers de drogue et le désespoir des familles, devant l’ampleur du phénomène et l’absence de réplique d’envergure, des personnes engagées ont créé en aout 2013, l’Association Recherche Action Accompagnement des Addictions (RAPAA). Devenue ONG en juin 2017, RAPAA a pour objectifs de prévenir de nouveaux cas d’addiction et d’accompagner ceux qui sont confrontés à l’addiction. L’ONG qui compte une trentaine de membres actifs dont des spécialistes psychologues, sociologues, communicateurs, juristes, linguistes,  mène des activités dans le domaine de la recherche et des études afin d’améliorer les données quantitatives et qualitatives sur le phénomène de l’addiction et mieux orienter ses interventions,  L’ONG mène surtout des activités de prévention afin de sensibiliser le grand public mais aussi des groupes ciblés (scolaires, étudiants, détenus, enfants de la rue, usagers de drogue) en utilisant des moyens et canaux variés (dépliants, bandes dessinées, textes de slam, émissions radiophoniques.), RAPAA privilégie les actions de communication en direction  des parents pour les informer et les sensibiliser. Ainsi, elle vient de concevoir une brochure de conseils destinée aux familles et cherche des financements pour sa reproduction.

RAPAA intervient aussi dans la prise en charge psycho sociale. L’ONG a accompagné plus de 75 personnes leur offrant des services confidentiels : psycho thérapie, groupes de paroles, médiation familiale et sociale, réinsertion scolaire et professionnelle, activités de bien être artistiques et sportives. La famille est fortement impliquée dans le soutien apporté aux personnes dépendantes. Elle se trouve au centre de la thérapie.

Cellule de base de la société, la famille connait certes des contraintes devant s’adapter aux mutations sociales et aux défis économiques mais elle se doit de rester ce lieu privilégié d’amour et de sécurité, de paix et de solidarité, de refuge et de réconfort qui permet aux membres et particulièrement aux adolescents  de se structurer, de se socialiser, de trouver équilibre et ressourcement.

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