Joseph Kokou Koffigoh pour le retour à la Constitution de 1992

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Son envie de retourner à la Constitution de 1992, pour lequel tout le peuple togolais se mobilise dans les rues, se traduit à travers ce poème inédit que Joseph Kokou Koffigoh, ancien Premier ministre, vient de composer. Bonne lecture !

Le passé antérieur

Au temps où ils marchaient pour que le jour se lève
Il y avait des canons, des fusils et des chars
Qui faisaient barrage sur les grands boulevards,
Et retournaient au camp quand venait la relève.

Au temp où ils marchaient il n’y avait pas le Net,
Ni les réseaux sociaux pour orienter la marche;
Mais le bouche-à-oreille indiquait les démarches
Qu’il leur fallait suivre pour forcer le respect.

Quand ils avaient marché du Palais au Palais,
Aucun d’eux n’avait peur des treillis, ni des casques,
Ni des baïllonnettes étincelant, fantasques,
Au bout des bérets verts sur les portails épais.

Ils devaient avancer pour conquérir leurs droits;
Ils devaient avancer pour aller jusqu’au terme,
Pour aller jusqu’au bout de leurs convictions fermes
Tous avaient fait le choix de ce chemin de croix.

Ô, quel chemin de croix, avant la délivrance!
Quand la mort est vaincue; quand la résurrection
Prépare les esprits pour cette rédemption
Que tout un peuple attend après sa longue errance.

Quand ils avaient marché, on vit le Timonier
Étonné, accueillir pourtant leurs exigences;
Moins d’une année plus tard advint la Conférence
Qui devait faire office de sapeur-pompier.

Après la Conférence il y a eu tant de coups
Depuis les bords de mer jusqu’aux terres lointaines;
Tout le monde a souffert pour les mêmes rengaines;
Après la bourrasque les gens restaient debout.

La suite de l’histoire interroge l’Histoire;
Les historiens diront ce qu’il en est vraiment;
Les chercheurs trouveront les secrets de ce temp
Où ils avaient marché pour décrocher l’espoir.

Quelques uns trouveront que rien n’a marché;
D’autres découvriront des avancées notables:
Une constitution qu’on remet sur la table
Afin d’en recoller les feuilles arrachées.

Nous voici à nouveau au tournant de l’Histoire;
Les gens marchent toujours sur les grands boulevards
Bien plus larges qu’avant, mais il n’y a plus les chars,
Mais seulement des gaz quand arrive le soir.

Bientôt sera tournée la page des réformes
Les gens pourront vaquer à leurs occupations
Avec un regard neuf sur leur constitution
Revenue du passé pour se remettre aux normes.

Et ainsi va la vie surtout sous les tropiques;
Elle oscille souvent par l’effet des courants
Qui peuvent se muer en violents ouragans;
La paix revient toujours car Dieu aime l’Afrique.

Joseph Kokou Koffigoh

Poème inédit

Lomé le 10 septembre 2017

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