Jean-Pierre Fabre ne reconstruira pas le Grand Marché de Lomé

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Jean-Pierre Fabre ne reconstruira pas le Grand Marché de Lomé

La partie d’échecs entre Monsieur le Maire Jean-Pierre Fabre et le Premier ministre Selom Klassou autour de la reconstruction du Grand Marché de Lomé vient de prendre fin. En conseil des ministres hier mercredi à Lomé, Faure Gnassingbé et son gouvernement ont tout simplement dépouillé le nouveau maire de Golfe 4 de ses prérogatives.

En effet, dans le quotidien national Togo-Presse N°10621 du 17 septembre 2019, le cabinet du Premier ministre a rendu public un avis d’appel d’offres international restreint N° 001/2019/PM/CAB, portant projet de reconstruction du Grand Marché de Lomé. Mais très vite, Jean-Pierre Fabre, élu maire de la commune de Golfe 4 Amoutivé, est monté au créneau et a demandé au gouvernement de ne pas se mêler du dossier de reconstruction de ce marché ravagé par un incendie en janvier 2013.

Dans un communiqué presse rendu public, le patron de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) a même demandé formellement le premier Ministre de suspendre le processus d’appel d’offres en cours et de transférer, au Conseil Municipal de sa commune, l’intégralité du dossier de la reconstruction du Grand Marché de Lomé.

Selon M. Fabre, le site du Grand Marché de Lomé se situe sur le territoire de la commune de Golfe 4 Amoutivé, et la loi portant modification de la loi N° 2007-011 du 13 mars 2007, relative à la décentralisation et aux libertés locales, modifiée par la loi N°2018-003 du 31 janvier 2018, précise en son article 82 que « la construction et la gestion des marchés et abattoirs locaux » relèvent de la compétence propre des maires.

Seulement voilà, le régime RPT-UNIR a plus d’un tour dans son sac. Il vient de trouver d’autres moyens pour calmer les ardeurs de l’ex-chef de fil de l’opposition. En Conseil des ministres hier mercredi à Lomé, Faure Gnassingbé et son gouvernement ont fait sortir de leur placard, un projet de loi qui définit les attributions et fonctionnement du District Autonome du Grand Lomé dont la création remonte au mois de juin dernier, bref quelques jours avant la tenue des élections municipales.

Selon ce fameux projet de loi adopté par le Conseil des ministres, le District Autonome du Grand Lomé (regroupant les préfectures d’Agoè-Nyivé et de Golfe et les treize communes de ces deux préfectures) relève de l’autorité locale représentant la ville de Lomé dans son ensemble.

« Les compétences du District Autonome du Grand Lomé couvrent entre autres : l’assainissement de la capitale et de l’ensemble du Grand Lomé ; la protection de l’environnement ; la planification de l’aménagement du territoire du district autonome ; la promotion et la réalisation des actions économiques, sociales et culturelles. L’État peut confier au District Autonome du Grand Lomé, la gestion des infrastructures d’importance nationale à caractère commercial sportif, sanitaire, culturel, etc. telles que les marchés et les hôtels, etc. construits par l’État », souligne le communiqué ayant sanctionné le Conseil des ministres d’hier mercredi.

Les organes de gestion du District Autonome du Grand Lomé sont : le conseil du District Autonome composé pour moitié de conseillers élus par les communes du grand Lomé et pour moitié des personnalités nommées par le Président de la République conformément à la loi portant décentralisation et libertés locales ; le gouverneur et le bureau du district.

« Le siège du District Autonome du Grand Lomé est fixé à Lomé au siège de l’ancienne mairie de Lomé. Toutefois, le Conseil du District Autonome du Grand Lomé peut décider de se réunir à tout autre endroit du District Autonome du Grand Lomé après délibération et accord du Ministre de tutelle », poursuit le communiqué.

En gros, ce fameux projet de loi dépossède tous les maires du Grand Lomé de leurs prérogatives.

Pour bon nombre d’observateurs, ce projet de loi du gouvernement n’est rien d’autre qu’une réponse à Jean-Pierre Fabre. Une façon de remettre le nouveau maire de la Commune Golfe 4 Amoutivé à sa place. Surtout qu’il devient de plus en plus dérangeant, et que ses décisions risquent de saper le vaste projet de pré-campagne du régime, dont le lancement de la reconstruction du Grand Marché de Lomé est le point de départ.

Finalement, le processus de décentralisation est mal parti. Les maires nouvellement élus, surtout dans le Grand Lomé, n’existeront que de noms.

Godfrey Akpa

Source : www.icilome.com