Ils sont 38.000 Africains, principalement originaires d’Erythrée ou d’Ethiopie, vivant irrégulièrement en Israël. Souvent surnommés les « infiltrés», ces sans-papiers ne pourront pas renouveler leur visa expiré. Ils reçoivent des ordres de quitter le territoire (ODQT) de l’Etat hébreu. La seule alternative que leur offre désormais Israël est sans appel : recevoir une aide au retour pour être « raccompagnés » vers leurs pays d’origine ou être jetés dans les geôles israéliennes.
Va-t-on encore attendre un drame ou une humiliation pour voir l’Union africaine (UA) ou les chancelleries africaines se saisir de ce dossier que tout le monde s’emploie à mettre au fond des tiroirs ? Depuis ce 4 février, en lieu et place d’un renouvellement de leur visa de résidence, les migrants africains en Israël reçoivent un ordre de quitter le territoire (ODQT) au plus tard, le 1er avril… sous peine de prison !
Les hommes en premier, on verra pour les femmes et les enfants
Pour l’heure, les 4000 enfants africains, les femmes et les parents des mineurs africains en situation irrégulière ne sont pas encore concernés par cette vague d’expulsion annoncée pour fin mars. A court terme, entre 15.000 à 20.000 hommes, parmi les 38.000 migrants africains présents, ont commencé à recevoir des lettres administratives leur intimant l’ordre de quitter le territoire israélien. Les récalcitrants à cet ordre écrit se verront arrêtés, détenus jusqu’à ce qu’ils acceptent de coopérer.
Pour parer à des critiques internationales, Israël tente le prisme humanitaire pour justifier les expulsions de ceux qu’on surnomme, sans précaution langagière, les « infiltrés ». Pour chaque migrant qui accepte de repartir dans son pays d’origine, l’Etat hébreu accepte de verser 3.500 dollars en guise d’aide au retour. Mais pour la plupart de ces migrants en provenance d’Erythrée, du Soudan ou d’Ethiopie, ces retours sont équivalents à une expulsion dans des pays instables ou minés par la guerre.
Malgré le tarissement du flux des arrivées avec la construction par Israël d’une clôture électrifiée à la frontière avec le Sinaï égyptien, principal point d’entrée, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a décidé de durcir sa politique d’immigration. Un des aspects de cette politique de rejet est d’accepter des chiffres dérisoires (à peine une dizaine) les demandes d’asile en proportion du nombre de demandeurs, principalement issus de pays à risque.
Une sous-traitance à 5.000 dollars par tête
Un autre aspect de cette politique est à souligner. Israël aurait sous-traité l’accueil des expulsés vers des pays sans risques pour leur vie. L’Etat hébreu accepterait de verser 5.000 dollars par tête au Rwanda et à l’Ouganda s’ils acceptaient de les recevoir sur leur sol. Beaucoup de commentateurs font le parallèle entre ce « deal » et l’entrain de Paul Kagamé à recevoir un quota de 30.000 migrants subsahariens, pour la plupart réduits en esclaves en Libye. Ce quota permettrait, selon les mêmes commentateurs, à Kigali de « déguiser » les expulsés reçus en provenance de Tel-Aviv sous les quotas d’un accueil humaniste des migrants africains en souffrance en Libye.
On comprend dès lors la gêne de l’Union africaine (UA), à la tête de laquelle Paul Kagamé vient de prendre fonction, d’aborder ce problème qui pourrait l’indexer directement. Au niveau des pays de provenance de ces migrants africains, aucune réaction de condamnation ou demande d’explication, c’est un silence-radio intriguant. Leur espoir se trouve peut-être dans la prise de position d’intellectuels, de survivants de la Shoah pour conscientiser l’opinion publique israélienne sur les conséquences de cette politique musclée. L’appel d’un peuple autrefois persécutée pour protéger de l’expulsion des migrants qui risquent demain des persécutions dans leurs pays d’origine. Une leçon d’Histoire ?
Source : www.cameroonweb.com