Le monde de la presse se féminise de plus en plus au Togo. Dans le cadrede la célébration de l’édition 2017 de la journée mondiale de la liberté de lapresse, Global Actu a tendu son micro à un certain nombre de femmes journalistes togolaises. L’une de ces « professionnelles des médias » est Hélène Doubidji, directrice de publication du site d’informations générales «togotopnews.com ». Jeune, dynamique et battante, cette jeune femme qui dit n’avoir pas peur des embûches de la vie mais plutôt en profiter pour gravir les échelons, estime que le professionnalisme et la recherche de l’excellence sont son crédo.
Jeune, dynamique et battante, cette jeune femme qui dit n’avoir pas peur des embûches de la vie mais plutôt en profiter pour gravir les échelons, estime que le professionnalisme et la recherche de l’excellence sont son crédo.
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Global Actu : Bonjour Mme la journaliste. Présentez-vous?
Hélène Doubidji: Tout d’abord, permettez-moi de vous remercier cher confrère pour l’opportunité que vous m’offrez en vue de parler de mon travail de journaliste que je fais avec fierté.
Je suis Hélène Doubidji, Directrice de Publication et Promotrice du site d’informations général «togotopnews.com ». Un des rares sites au Togo qui impose une rédaction, dispose d’un siège et qui s’efforce de faire un travail professionnel.
Vous êtes journaliste au Togo depuis un certain nombre d’années. Qu’est-ce qui vous a motivé à embrasser ce métier où la grande majorité est constituée d’hommes?
J’ai opté pour le journalisme par pure passion. Je suis très passionnée par l’écriture et je peux même dire sans exagérer que j’ai des prédispositions naturelles par rapport à cela parce que dans ma famille, presque tout le monde adore écrire. Depuis mon enfance, j’étais surnommée journaliste parce je suis très curieuse, je posais beaucoup de questions et toutes mes frustrations, mes désirs et mes petits secrets, je les écrivais toujours quelque part.
Mais l’élément déclencheur, c’est que quand j’étais étudiante, j’ai voulu faire quelque chose pour soutenir mes études et j’avais décidé de faire des piges. Et quand j’ai commencé, j’ai pris la résolution de faire du journalisme ma carrière professionnelle parce que c’est un métier noble.
Avez-vous suivi une formation en journalisme?
Je suis sociologue de formation, j’ai une maîtrise en Sociologie. Je n’ai donc pas eu de formation de base en journalisme mais ceci n’a jamais été pour moi un handicap. J’aime mon travail, je le fais à fond et je me forme quotidiennement lors des divers ateliers de renforcement de capacités des journalistes que ce soit sur le plan national ou international. Je lis également d’autres sites d’informations et journaux, je regarde les grandes chaînes de télévision, j’écoute des radios et je m’en inspire pour améliorer mon travail.
Aujourd’hui, vous dirigez un organe de presse, plus précisément un site d’informations. Pouvez-vous, nous retracer en quelques lignes ce parcours qui est le vôtre avant que vous ne soyez ce que vous êtes?
Je suis journaliste au Togo depuis quelques années. Je fis mes premiers pas dans le journalisme alors que j’étais encore étudiante. Mais ma carrière a réellement débuté en 2010, après ma maîtrise. J’officie dans la presse écrite et les médias de nouvelles générations. J’ai eu à travailler pour plusieurs organes de la place (Jeunesse Infos, Le contemporain, Le correcteur), de même pour un organe de presse sous régional (L’Autre Regard) et ce jusqu’en septembre 2014 où j’ai créé le site togotopnews.com sur lequel je me suis entièrement concentrée jusqu’à ce jour. Mon ambition en créant ce site est de donner une nouvelle touche au journalisme en ligne et relever avec l’aide de mes collaborateurs jeunes et avec la grâce de Dieu, le défi d’un organe de presse dirigé par une femme et qui a du succès.
Durant votre parcours, vous avez eu plusieurs reconnaissances sur le plan international. Parlez-nous alors brièvement de ces récompenses et dites-nous, quelle place ces prix occupent dans l’ensemble de votre carrière ?
Merci énormément pour cette question. Effectivement en 2015, j’ai été parmi les cinq lauréates d’un concours international organisé par la Fondation Thomson Reuters en collaboration avec la Fondation des Nations Unies sur les questions du changement climatique et du développement durable. Un prix qui m’avait permis de couvrir la COP21 à Paris. En septembre 2016, j’ai été également lauréate de Kavli Prize Competition, un concours organisé par la Fédération mondiale des journalistes scientifiques. Dans le cadre de ce prix, j’ai pris part en Norvège à une grande rencontre des scientifiques. J’étais également parmi les six nominés du Prix africains Fact Cheicking, édition 2016 et finaliste du Prix Panafricain de la Ré/assurance, édition 2017.
C’est vraiment une grande fierté pour moi de représenter mon pays au niveau de ces différents prix et nominations. Ces récompenses ont boosté ma vie professionnelle. Grace à ces prix, je suis invitée un peu partout, à des grandes rencontres sur le continent et mes nombreux voyages apportent beaucoup dans ma vie. Ces récompenses m’ont également permis d’avoir davantage confiance en moi et d’avoir cette assurance qui me pousse vers le haut.
Quel est votre particularité ? Autrement, qu’est qui vous permet d’avancer ?
Le désir ardent de réussite est le premier des facteurs. C’est pour moi une ambition très forte et presqu’une obsession. Et pour que ce désir se concrétise, je me cultive, j’essaie d’augmenter mon niveau de capital intellectuel pour apporter de la valeur ajoutée. Je crois beaucoup en moi-même, parce que c’est une force qui nous permet de soulever des montagnes, faire face aux personnes qui sont sceptiques quant à notre projet. Je suis extrêmement organisée et rigoureuse envers moi même. Le professionnalisme et la recherche de l’excellence sont mon crédo.
S’il vous est demandé de compter la plus difficile chose que vous avez vécue étant journaliste, ce sera quoi?
S’il y a une situation difficile que j’ai vécue et qui m’a tellement marquée, c’est relatif à un certain nombre de difficultés que j’avais eu l’année dernière, en voulant faire un dossier concernant les conditions de vie et de détention des femmes de la prison civile de Lomé. J’ai vraiment souffert le martyr. Toutefois, j’ai utilisé certaines astuces journalistiques pour pouvoir finalement faire le dossier mais j’avoue que cela n’a pas été à la hauteur de mes attentes.
Est-il facile pour une femme d’intégrer le monde des medias ? Que voulez-vous voir changer dans le monde des médias au Togo pour que les filles et femmes qui embrassent ce métier puissent l’exercer beaucoup plus facilement?
Etre une femme journaliste est une dure réalité. Comment concilier la vie privée avec la vie professionnelle ? Comment s’imposer dans une profession majoritairement masculine ? Comment faire face à difficultés liées aux préjugés et perceptions ? Autant d’obstacles que nous rencontrons. Mais s’il y a une réelle volonté personnelle, je pense que ces difficultés se transforment en défis. Donc pour une intégration facile des femmes dans le monde des médias, il faudrait primo, que nous-mêmes nous œuvrions pour faire valoir nos voies. Secondo, la place des femmes dans les médias doit être reconsidérée parce que nous sommes aujourd’hui dans un monde ou la globalisation et la démocratie ont remis en premier plan la question du genre.
Le monde entier célèbre ce 3 mai la journée mondiale de la liberté de la presse. Que représente cette journée pour vous?
Pour moi comme d’ailleurs pour les pionniers de cette célébration, le 3 mai est une occasion de défendre les principes fondamentaux de la liberté de la presse, défendre l’indépendance des médias et rendre hommage aux journalistes qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leur profession. Aussi en tant que femme journaliste, je suggère que cette journée soit également une occasion de relancer le débat sur le genre dans les médias.
Quels conseils pour les jeunes sœurs qui vous suivent?
Tout d’abord, elles doivent avoir à l’esprit que le métier du journalisme est un travail de longue haleine dans lequel il ne faut pas voir l’intérêt pécuniaire immédiatement au risque de tomber dans des dérives violant ainsi la déontologie du métier. Ensuite, elles doivent être passionnées, accepter les critiques, et surtout se professionnaliser.
Tout ce que nous entreprenons, nous devons le faire très bien. S’il y a un adage que je m’approprie, c’est bien celui de Martin Luther King qui dit que si c’est la rue que vous balayiez pour gagner votre vie, « balayiez la si bien que même longtemps après vous, les hôtes des cieux et de la terre devront s’arrêter pour dire, ici a vécu un grand balayeur de la rue qui faisait bien son boulot ».
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