En mars dernier, par communiqué signé du ministre en charge de l’Economie et des Finances, toutes les sociétés de Trading, exerçant au Togo, ont été interdites d’activités. Une décision motivée par l’illégalité qui caractérise le fonctionnement de ces structures, selon le communiqué du ministre. Mais deux mois après, cela s’avère de la poudre aux yeux.
L’on croyait la récréation terminée
«Je tiens à informer la population que ces structures exercent en toute illégalité et ne sont pas autorisées à collecter des fonds auprès du public contre des titres de capital ou de placement», informe le ministre Sani Yaya, dans son communique. Ces structures mises en cause ne sont autre que, Global Trade Corporation S.A.S., CACESPIC-IF Togo Sari, Prosperity Investment Corporation (PIC) S.A, la Société de Négoce et de Courtage en Banque (SNCB), Leader Bureau Chymall-Sairui Groupe Togo, Alliance in Motion Global, Chy Century Heng Hue, QNET, J-Global Capital International S.A.U, TIENS, TIMEX TRADING, Aladin Groupe, Petronpay Togo, Black empire, High Life International, Global Building Investment and Trade (GLOBIT), Global Investment Trading (LIYEPLIMAL), cite t-il, entre autres.
Le gouvernement a expliqué sa démarche par le fait que ces sociétés qui ont proliféré en un laps de temps au Togo exercent l’activité de collecte de fonds du public et d’octroi de crédit. Ou encore, proposent des services financiers en ligne et d’e-commerce, de marketing de réseau, des transactions de cryptomonnaies, de courtage, de conseils en investissements boursiers, de trading et des produits de placement. Ceci, avec la promesse de rendements surréalistes allant jusqu’à 300% du capital souscrit ainsi que des taux d’intérêts annuels sans commune mesure avec ceux servis par le système financier classique.
L’une comme l’autre, chacune de ces structures, relève le gouvernement, propose «des gains mirobolants et flatteurs» pour susciter l’engouement de la population à ces produits. Une pratique qui, à l’analyse du ministre, expose dangereusement les adhérents à un «risque élevé de perte de l’épargne», constituée durant tant d’années d’efforts et de sacrifices.
C’est ainsi qu’il a été fait interdiction à toute entreprise ou personne, autre qu’une structure ou un intervenant agréé, d’utiliser une dénomination, une raison sociale, une publicité ou d’une façon générale des expressions faisant croire qu’elle est agréée en tant que structure de gestion du marché ou intervenant commercial au Togo.
Le coup de force de TIENS
L’on en était là quand survint un fait, pour le moins curieux pour nombre d’observateurs. En effet, la semaine dernière, l’une des sociétés mises en cause, en l’occurrence TIENS, a organisé deux cérémonies distinctes à Lomé. L’une consacrée à la remise de voitures à ses plus dynamiques membres. L’autre, celle des téléphones portables offerts à d’autres catégories de membres des plus influents. Objectif, récompenser leur « dynamisme » et leur « dévouement ». Des cérémonies pompeusement relayées par la presse. Des indiscrétions, il en ressort que les deux activités de TIENS auraient tenu grâce à une dérogation spéciale des «autorités» à l’endroit desquels les premiers responsables de cette structure ont d’ailleurs adressée toute leur reconnaissance. Une évidence qui pose plusieurs équations.
Du bluff…
En effet, si TIENS, malgré l’interdiction de ses activités sur toute l’étendue du territoire national, a mené encore des activités qu’elle rend d’ailleurs publiques, c’est dire qu’il y a anguille sous roche. Sans doute une preuve qui atteste, au mieux, la perception des observateurs qui voyaient derrière ces différentes sociétés, l’ombre des autorités elles-mêmes. Ce qui expliquerait encore mieux le flou kafkaïen autour du remboursement des actifs aux adhérents depuis deux mois que la décision d’interdiction des activités de ces structures a été prise. Un chantier sur lequel, le ministre Sani Yaya se montre plutôt titubant, voire nonchalant. Question de complaisance à dessein. Sinon, la démonstration de force de TIENS, la semaine dernière, s’apparenterait purement à une défiance -vis à-vis de l’autorité de l’État. Avec les conséquences qu’on pourrait facilement imaginer. De même, le silence déconcertant de CACESPIC-IF vis-à-vis de ses adhérents ne devrait resté impuni. Le comble, cette société s’est permis, il y a 48 heures d’informer ses clients qu’elle ne payera désormais qu’un mois sur deux. De la désinvolture d’escrocs avec la caution de l’Etat, peuvent imaginer certains observateurs.
L’autre visage du régime de Lomé
Aujourd’hui, contrairement à l’engouement qui a accompagné cette décision du Gouvernement, avec l’espoir que les adhérents seraient remboursés, tout porte à croire que c’est du bleuf organisé pour tromper la vigilance des populations, calmer les ardeurs des regards critiques, pour ensuite continuer par faire tourner les capitaux des pauvres adhérents qui, eux, broient malheureusement l’air rudement depuis lors.
Tout ceci vient rajouter une nouvelle couche aux tares qui gangrènent les seize (16) ans de règne de Faure Gnassingbé. Lesquelles vont du clientélisme au vol des ressources publiques par des proches du Prince en passant par l’impunité et la faiblesse de nos institutions. Autrement, l’on ne saurait interdire d’activité une dizaine de structures accusées d’irrégulières, tout en permettant, en catimini, à d’autres de continuer par dérouler leur agenda. Cela ne pourrait être que la résultante de la politique d’autruche dans laquelle excelle, malheureusement, le pouvoir de Lomé. Bien dommage.
Source : Fraternité
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Source : 27Avril.com