Interdiction des cours de répétitions: le gros raté de Kokoroko

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Une interdiction justifiée, mais qui doit être suivie de mesures supplémentaires. L’interdiction des cours de répétition par le ministre des Enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat est considérée comme un soulagement par les parents, mais chez les enseignants, c’est le début d’une nouvelle ère de précarité. 

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Une note de service vient mettre un terme à une pratique qui a pris de l’ampleur il y a une quinzaine d’années. Le ministre des Enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat, Prof Dodzi Kokoroko interdit les cours de répétition payants dans les écoles tant publiques que privées.

« Il m’a été donné de constater qu’il est instauré, au sein des établissements scolaires tant publics que privés, des cours de répétition payants dans presque toutes les disciplines. Ces cours vénaux, imposés ostensiblement aux élèves, s’organisent parfois dans les établissements avec la complicité des chefs d’établissement », écrit le ministre.

Pour lui, cette pratique est assimilable à une rupture d’égalité devant les charges pédagogiques des enseignants à qui il demande de mettre fin aux cours de répétition dans les établissements scolaires.

Par ailleurs, poursuit-il, « ces cours privés, même organisés en dehors des établissements scolaires, ne sauraient être confondus avec les cours de soutien et de remédiation. Ceux-ci, relevant de l’organisation pédagogique de chaque établissement scolaire, avec le concours des comités de parents d’élèves, sont gratuits pour les apprenants ».

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A n’en point douter, il s’agit d’une belle initiative, une interdiction justifiée puisque le plus souvent, les cours ne sont plus dispensés pendant les heures réglementaires, mais le sont durant les séances de répétition payantes. Les élèves qui manquent ces cours sont donc lésés et subissent la foudre des enseignants et des responsables d’écoles.

Dans la pratique, tout est fait pour que l’élève qui ne participe pas aux cours de répétition payants n’ait pas le même niveau de compréhension des sujets que ceux qui y prennent part. Une injustice qui mérite d’être corrigée.

Interdiction, mais…

En réalité, les cours de répétitions payants même dans les établissements scolaires se pratiquent au Togo depuis plusieurs décennies. Seulement, la pratique a pris de l’ampleur il y a une quinzaine d’années et s’est généralisée. Presque tous les établissements y ont adhéré. Pire, au lieu d’être des cours de soutien aux apprenants dont la performance est inférieure à celle des semblables, ils se sont substitués aux travaux pédagogiques confiés aux enseignants.

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« Ils débutent les cours normalement aux heures réglementaires, mais les survolent pour que ceux qui veulent mieux comprendre s’inscrivent aux travaux dirigés du même enseignant. Certes, certains élèves ont besoin de soutien, mais on ne doit pas tous les contraindre à participer à ces cours », explique un parent d’élève.

Ce dernier, point besoin de le dire, soutient la mesure d’interdiction des cours de répétition. C’est d’ailleurs la tendance chez tous les parents d’élèves qui, en prenant connaissance de la note de service du Prof Kokoroko, ont poussé un ouf. Ils se disent soulagés. « C’est une mesure que je soutiens parfaitement. Ces cours de répétition nous reviennent trop chers. Vivement que la mesure soit effective. Je me tue pour que mes enfants participent à ces cours. J’en suis fatiguée », exprime une dame.

« Pour mon enfant qui est seulement au CP1, je paie 500 FCFA par semaine, 2000 FCFA par mois. Sans compter les frais de scolarité qui augmentent d’année en année », renchérit une autre. « Je comprends que ces cours de répétition aident les enseignants, mais nous sommes soulagés d’apprendre que c’est désormais interdit », conclut-elle.

Il est vrai, sans les cours de répétition payants, de nombreux enseignants, surtout ceux des écoles privées, auraient démissionné depuis belle lurette. Malgré les conditions difficiles – avec des salaires qui plafonnent à 40.000 ou 50.000 FCFA pour la majorité -, ils continuent de poursuivre le sacerdoce de l’enseignement.

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«J’enseigne les élèves de Terminale. Je reconnais que nous faisons des cours de répétition payants, mais nous n’avons pas inventé cette pratique. Elle nous est imposée par les conditions difficiles que nous vivons. Avec un salaire qui n’atteint pas 40.000 FCFA, il est difficile de subvenir à ses besoins et de faire un projet d’avenir. Je gagne autour de 4.000 FCFA par semaine en faisant les cours de répétition et ça m’aide à atteindre parfois 60.000 FCFA par mois », explique un enseignant rencontré dans la banlieue nord de Lomé. « J’avoue que ma situation est enviable, comparée à celle des camarades qui perçoivent moins du SMIG », confie-t-il.

Ceux qui prennent langue avec les enseignants surtout ceux exerçant dans le privé se rendent compte que la situation est préoccupante. Il faut donc trouver un palliatif à la coupure des frais des cours de répétition. L’interdiction est déjà préjudiciable aux enseignants qui vivent dans la précarité absolue et aura forcément des conséquences sur les apprenants.

A la suite de la note ministérielle, le gouvernement doit prendre des mesures pour accompagner ceux qui ont fait le choix de partager leurs connaissances avec les générations antérieures. Cette mesure d’interdiction ne doit être que le début d’une longue marche vers l’épanouissement de l’enseignant togolais. Sinon, il y a péril en la demeure.

Liberté

Dodji kokoroko

Source : Togoweb.net