Insurrection armée avec machettes et gourdins au Togo : Général Yark, des Togolais n’y croient pas

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Au nom de la politique et pour la conservation des privilégiés liés à la gestion de l’Etat, des Togolais sont victimes des répressions et de violences volontaires. Plusieurs centaines de concitoyens ont perdu la vie, d’autres sont des mutilés à vie.

A quelques heures du meeting d’information du Front Citoyen Togo Debout le samedi 23 novembre dernier, le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile a opéré une sortie tout au moins surprenante et diversement appréciée dans l’opinion publique. A cette conférence de presse à son Cabinet dans la matinée, il a informé d’une tentative d’insurrection armée au cours de laquelle quatre fusils d’assaut AK47 ont été emportés et cinq gendarmes grièvement blessés par des individus inconnus. Selon son récit, samedi vers 2 heures du matin, une patrouille de gendarmerie a été agressée à Lomé par un groupe de personnes habillées en noir armées de machettes et de gourdins. On signale 3 gendarmes blessés dont 1 poignardé, 1 brûlé au 2e degré et un molesté avec une ouverture à la tête. Deux autres gendarmes qui étaient de garde à la Banque Atlantique ont été attaqués et leurs armements emportés. Toujours selon le bilan, il y a eu un camion de clinker incendié et des passants pris à parti, leurs voitures saccagées. « Après, les meneurs ont tenté d’incendier le Commissariat de police d’Agoè. Ils ont été repoussés mais avec leurs cocktails Molotov, ils ont provoqué l’incendie de la voiture d’un policier gardée dans la cour », a ajouté le ministre de la Sécurité. A Sokodé, le gouvernement informe que 2 gendarmes qui étaient de service au niveau de la Station Total ont été attaqués. L’un d’entre eux a été blessé par machette et son arme emportée. « Au Total, il y a eu 5 fusils AK47 qui ont été emportés par ce groupe d’individus. Un a été retrouvé par un habitant d’Agoè et ramené à la Police », a précisé le ministre de la sécurité.

Selon le ministre Yark c’est une tentative d’insurrection a été orchestrée samedi à Lomé et à Sokodé par des individus inconnus, habillés en noir et armés de machettes. « Nous avons suivi depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, des groupes d’individus qui se disent révolutionnaires et qui projettent des actes de déstabilisation. Ces groupes se sont donnés pour objectif, à partir de ce 23 novembre, de s’attaquer aux édifices de l’État, aux stations d’essence et de résister aux forces de l’ordre et de sécurité par tous les moyens avec pour intention finale, de déboucher sur une insurrection armée. Ils ont choisi des villes comme Lomé, Sokodé, Kpalimé, Anié, Tchamba et Mango».

Plus loin, il ajoute que « les meneurs de ces groupes sont connus » et que « le gouvernement mettra tout en œuvre pour retrouvés ces meneurs et leurs coauteurs qui feront face à la justice… On est tous pour la démocratie et il y a une manière de s’exprimer. Mais la violence ne passera pas dans notre pays. Aujourd’hui, ils ont 4 AK47 mais il ne faut pas qu’ils croient qu’ils peuvent provoquer une insurrection armée. Ils n’iront pas loin et feront face à toutes les conséquences », soutient le ministre Yark qui conseille aux personnes en question de déposer les armes quelque part. Pour le ministre de la sécurité, les commanditaires seront également retrouvés. Selon lui, « les manipulateurs poussent les jeunes à commettre la violence et les abandonnent ensuite en prison où ils sont les seuls à purger leur peine ».

Insurrection armée, des Togolais n’y croient pas

Au vu des images choquantes qui circulent sur les réseaux sociaux, c’est déplorable que des concitoyens soient aussi sauvagement agressés pour des motifs officiellement inconnus. Tout en leur témoignant toute notre compassion et le souhait de prompt rétablissement, les faits tels que présentés paraissent invraisemblables selon plusieurs observateurs.

En ce sens qu’ils soulèvent plusieurs zones d’ombre. Le ministre Yark avance que le gouvernement est au courant depuis plusieurs jours que certains individus projettent des actes de déstabilisation du pays. Qu’est-ce qui a été fait alors pour éviter cette situation ?

En outre, comment des gendarmes armés de fusils d’assaut en patrouille n’ont pu maîtriser des individus munis de machettes et gourdins ? Ils sont parvenus à les tabasser jusqu’à emporter leurs armes sans qu’aucun n’a pu se défendre. Dans son développement, le Général Yark insinue que « les manipulateurs poussent les jeunes à commettre la violence et les abandonnent ensuite en prison où ils sont les seuls à purger leur peine ». Alors même que la nouvelle enquête annoncée n’a pas encore livré ses résultats, le ministre de la Sécurité a déjà une idée sur les manipulateurs. Par ailleurs, dans un communiqué du Président du Parti National Panafricain (PNP)-Sokodé, Fousseni Hasmiyou en date du 22 novembre 2019, il est indiqué que « le Préfet de Tchaoudjo vient de saisir, cette nuit même, vendredi 22 novembre 2019, le président du PNP Sokodé pour lui dire qu’il a eu une information selon laquelle, les jeunes du PNP Tchaoudjo se préparent à tuer les frères Kabyè de Tchaoudjo.

Cette allégation est une surprise totale à l’égard d’un parti panafricain, légaliste et pacifiste qui a fait ses preuves pendant cinq années de vie et d’activités par la méthode de la non violence ». Curieusement, c’est la même nuit que deux gendarmes ont été attaqués. Pardessus tout, ceci se passe à la veille du meeting du Front Citoyen Togo Debout à Akassimé à Lomé.

Bien plus, des actes similaires se sont produits au Togo sans aucune suite pour arrêter les vrais acteurs. Les incendies des marchés de Kara et de Lomé, les agressions des militants de l’opposition à Adewui.

Pendant longtemps, l’argument de la disparition des armes a été utilisé pour assiéger les villes de Sokodé et Bafilo et interdire les manifestations des forces démocratiques.

Curieusement, à l’annonce de la reprise des manifestations, des armes ont encore disparu. Hasard ou préméditation ?

Lorsque le gouvernement s’est longtemps illustré par des contre-vérités grotesques, des gens ont du mal à gober un scénario tel que raconté par le ministre de la Sécurité. Et lorsqu’il s’agit de la sécurité d’un Etat, il faut un minimum de confiance entre le gouvernement et les citoyens pour la garantir.

De toute évidence, il apparaît selon beaucoup d’observateurs, une manière de mettre le pays sous état d’urgence pour opérer une nouvelle mascarade électorale en 2020.

Ce faisant, aucun développement n’est possible dans cette précarité ambiante.

Kokou AGBEMEBIO| Le Correcteur

Source : Togoweb.net