Le week-end dernier, des braqueurs ont encore frappé. Encore une fois, les forces de sécurité n’ont pu mettre la main sur ces individus qui opèrent toujours avec le même schéma.
Le samedi 12 janvier dernier à Bé-Kpota, un quartier périphérique de Lomé, aux environs de 18h30, deux individus sur une moto ont abattu de sang-froid un jeune cambiste. D’après certains témoins, les deux braqueurs sur une moto étaient arrivés auprès du jeune homme pour effecteur une opération d’échange de monnaie. « Quand ce dernier sortait l’argent de sa sacoche pour servir ses clients, c’est en ce comment que l’un d’eux a sauté sur le sac du jeune. Ce dernier s’est opposé, les braqueurs ont tiré sur lui. Il a succombé sous les yeux de sa femme qui se trouvait à quelques mètres de lui. Les braqueurs ont emporté le sac contenant une somme d’argent sous le regard impuissant des riverains », a affirmé un témoin. Ce dernier braquage rappelle ceux de la fin de l’année dernière. Des individus armés, en effet, ont utilisé presque le même mode opératoire pour attaquer une station d’essence et des particuliers dans le quartier de Bè.
Même mode opératoire
Lors des braquages qui ont eu lieu l’année dernière au grand marché de Lomé, les brigands ont opté pour la même méthode qui visiblement marche à tous les coups. Des individus sur une moto en possession d’armes, font des tirs de sommation pour semer la panique ou dans le pire des cas éliminent leur cible saisissent le magot avant de prendre la poudre d’escampette. Et le gouvernement avait semblé trouver une solution.
Il y a quelques semaines, le ministère de la sécurité et de la protection civile a décidé d’interdire l’entrée des engins à deux roues au Grand marché de Lomé. Selon le ministère, cette mesure s’explique par la nécessité de sécuriser le périmètre du site. «Certains individus arrivent avec des armes sur des motos », a indiqué le Lieutenant-Colonel Akobi Mensah, Secrétaire général du ministère de la Sécurité et de la protection civile. Et de poursuivre : « ils ont braqué et tué des citoyens, ce qui n’est pas acceptable. Il fallait prendre des mesures efficaces contre cela ». Avec cette mesure, aux principales entrées du grand marché de Lomé ont été installées des postes de contrôles.
La décision, à en croire les services du ministère de la sécurité et de la protection civile, va également permettre aux forces de sécurité de voler aux secours, d’intervenir plus rapidement sur le site du marché en cas de sinistre ou de nécessité. Ce qui était difficile, du fait du stationnement anarchique des milliers d’engins partout à l’intérieur du marché. Force est de constater, aujourd’hui, que les braqueurs utilisent toujours le même système. De ce fait, la question se pose de savoir si le département dirigé par le Gal Yark Damehane va étendre cette mesure à toute la ville de Lomé ? La question reste posée. Toujours est-il que, outre cette mesure, les forces de sécurité ont intensifié ces derniers jours des opérations dites de prévention de ces genres de forfaits dans certains quartiers. L’une d’entre elle avait eu lieu deux jours après le dernier braquage en date à Lomé.
De la poudre aux yeux
Les forces de l’ordre et de sécurité ont procédé à de nouvelles opérations de prévention de la sécurité en milieu de semaine dernière à Lomé. Ces opérations se sont déroulées le mercredi et le jeudi derniers sur réquisition du procureur de la République près le Tribunal de première instance de Lomé. Au final, plusieurs personnes ont été arrêtées. Plusieurs matériels roulants ainsi que du cannabis ont été saisis. Dans le détail, la première descente des forces de l’ordre et de sécurité a lieu le mercredi dernier de 6 h à 15 h dans le quartier Cassablanca. La deuxième est intervenue dans la nuit du jeudi à vendredi derniers, de 19 h à 4 h du matin dans la zone d’Agoè Nyivé notamment à Alinka, Fidokpui, Awoussa Zongo, Agoè Démakpoè, Dikame et Kotokoli Zongo. Après des contrôles et des perquisitions, on a déclaré l’interpellation de 205 personnes à l’issue des deux opérations. 71 personnes dont 6 femmes à Cassablanca et 134 personnes dont 3 femmes dans la zone d’Agoè. Les forces de l’ordre et de sécurité ont également saisit 2 véhicules, 211 motos, 3 tricycles et du cannabis à Cassablanca. Ils ont également saisi 2 motos dans la zone d’Agoè. Mais visiblement, ces opérations ne découragent pas les braqueurs.
A quel jeu jouent les forces de sécurité et les braqueurs ?
Selon le ministère de la sécurité et de la protection civile, ces nouvelles opérations s’inscrivent dans le cadre des efforts du gouvernement togolais visant à assurer la sécurité des populations et de leurs biens. « Nous voulons savoir qui est dans notre pays et qui fait quoi. Et si nous le faisons, c’est pour rassurer davantage les populations», a expliqué Gal Yark Damehane. Curieusement après cette sortie de l’ancien patron de la gendarmerie et les opérations de rafles, les individus visés par les forces de sécurité ont encore frappé, mettant fin tragiquement à la vie d’un jeune. Il faut dire que depuis plusieurs années, les forces de sécurité malgré de grandes capacités de renseignements n’ont pas réussi à prendre ces individus la main dans le sac. Pas une seule fois. Les forces de sécurité arrivent toujours après le départ de ces braqueurs. Alors, elles se résous à ouvrir une enquête dont les résultats n’ont jamais été connus du moins officiellement.
La répétition du mode opératoire des braqueurs et l’intervention toujours à retardement des forces de sécurité interpellent certains citoyens qui commencent par se poser des questions sur ces faits. En effet, l’un des atouts des forces de sécurité est la rapidité d’intervention. C’est d’ailleurs, pourquoi dans l’occupation territoriale, les commissariats et les brigades de polices ont été installés dans plusieurs quartiers pour faciliter les interventions en cas de sollicitation. Mais à ce jour, c’est tout le contraire qu’on constate. Les forces de sécurité mettent beaucoup de temps pour intervenir laissant largement la possibilité aux braqueurs de quitter les lieux de leur forfaiture.
Si l’argument de l’encombrement de la voie peut être recevable au niveau du grand marché, sur d’autres sites comme le quartier Bé, les forces de sécurités n’ont pratiquement pas d’excuse à faire valoir d’autant qu’elles ont été formées pour affronter ce genre de situation.
Aujourd’hui plus que jamais, les autorités en charge de la sécurité des citoyens doivent se poser les vraies questions et trouver les réponses idoines pour arrêter ces individus qui sèment la terreur principalement à Lomé. Il en va de la réputation, déjà très écorchée, des forces de sécurité.
Source : Fraternité No.299 du 16 janvier 2019
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