Alors qu’ils n’étaient qu’une poignée en 2004, près de la moitié des États africains soumettent désormais leur situation économique aux analystes de l’agence Moody’s afin de se voir attribuer une note souveraine – qui n’est pourtant que rarement bonne.
L’agence de notation Moody’s vient de publier sa première étude centrée sur les pays émergents, rassemblant de nombreuses infographies sur les États, les entreprises et les institutions des 101 pays qu’elle suit et qui correspondent à la définition de « pays émergent ou en développement » élaborée par le FMI.
Un portefeuille en nette hausse depuis 2009, où il dépassait à peine la soixantaine de pays. Cette hausse est en partie due aux États africains qui sont de plus en plus nombreux à désirer une évaluation par celle qui est, avec Standard & Poor’s et Fitch, l’une des trois principales agences de notation du monde. Alors qu’en 2009, seuls Maurice, l’Afrique du Sud, le Botswana, le Maroc, la Tunisie et l’Égypte avaient une note souveraine attribuée par Moody’s, l’agence examine aujourd’hui la situation de 24 États africains.
Une « dynamique de transparence »
Et les résultats ne sont pas brillants : si le Botswana et l’Afrique du Sud ne s’en sortent pas trop mal (avec respectivement A2 et Baa3), les obligations des autres États examinées sont jugées « spéculatives », à des degrés divers. En outre, seul le Maroc (Ba) voit une perspective positive attachée à sa notation, les autres pays ayant des perspectives au mieux stables, au pire négatives (Namibie, Tanzanie, Cameroun, Swaziland, RDC et Mozambique).
Retards de paiement des États, faiblesses institutionnelles, manque de diversité des recettes étatiques, tensions politiques… Autant d’arguments régulièrement mis en avant par l’agence de notation pour expliquer ces résultats.
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La question se pose donc de savoir pourquoi les gouvernements concernés ont souhaité ces évaluations, dont ils devaient se douter des résultats. « La note et l’évaluation qui lui est associée peuvent démontrer un engagement dans une dynamique de transparence et contribuer à maintenir la confiance des investisseurs », répond Moody’s, à qui nous avons adressé ces questions.
L’existence d’une note est par ailleurs indispensable pour lever des fonds sur les marchés financiers, via les eurobonds, une pratique à laquelle se sont adonnés de nombreux pays africains ces dernières années pour financer leurs infrastructures.
Jeune Afrique