L’aéroport international de Lomé est présenté par ses responsables comme l’un des plus sûrs en matière de sécurité et de sureté, même si de temps à autre la pluie inonde le toit et la CEET plonge la plateforme dans le noir. Les responsables d’un aéroport sécurisé peuvent-ils fermer les yeux sur les manœuvres d’une compagnie aérienne qui met en danger la vie des passagers ? Il est généralement connu et dénoncé que les grandes compagnies aériennes comme Air France, Air Maroc et autres envoient souvent en Afrique subsaharienne des avions poubelles dont les qualités et le confort sont loin des aéronefs utilisés en Europe, aux USA et ailleurs. Il s’est passé un incident lundi soir, mardi et mercredi matin à l’aéroport de Lomé impliquant le vol AF 339 A en provenance de Paris via Niamey.
L’aéronef arrivé le lundi 5 août en fin d’après-midi à 16h 40, devrait repartir sur Paris via Niamey à 19h 45. A l’heure du départ l’avion n’a pas pu reprendre les airs en raison d’une panne technique. Les passagers ont été priés de rentrer chez eux et revenir le lendemain mardi sans aucun détail. Le mardi, les passagers se rendent à l’aéroport pour procéder aux formalités d’embarquement. A l’heure prévue, rien ne bouge jusqu’à 23h. Entre temps le vol direct venant de Paris ce mardi atterrit et repart vers 1h du matin. Celui de lundi qui doit repartir par Niamey est toujours en attente et les passagers commencent par devenir nerveux pour la plupart. Ils ont été enfin appelés à faire les formalités vers 2h du matin de mercredi 7 août. Mais leur calvaire n’est pas près de finir.
Les propos glaçants du commandant de bord
Alors que les passagers étaient en instance d’embarquer, c’est le commandant de bord qui s’invite dans la salle d’embarquement pour décrire un peu les conditions dans lesquelles il compte faire rentrer l’avion à Paris. Selon plusieurs témoignages des passagers recueillis par la Rédaction, le commandant de bord a tenu des propos pas du tout rassurants à la limite glaçants sur le déroulement et le plan de vol. En substance, il a dit aux passagers qu’ils ont essayé de réparer l’appareil, qu’il a l’obligation de le ramener à Paris et qu’il n’est pas question pour lui de passer un jour de plus à Lomé.
Selon toujours les passagers, il a déclaré que pour des raisons de sécurité liées au guidage radar, l’avion ne pourra plus passer par Niamey, mais par Dakar où les radars sont plus puissants. Il a terminé ses propos en disant : «voilà la situation, ceux qui ont envie de partir peuvent embarquer et ceux qui ne sont pas en mesure peuvent rester». Ces propos ont provoqué une panique générale au niveau des passagers et certains ont décidé de ne pas embarquer. D’autres qui avaient des obligations, notamment reprise de boulot, rendez-vous, correspondance à Paris, etc. ont décidé d’embarquer la peur au ventre. L’avion a fini par décoller vers 4 h du matin de mercredi en direction de Paris en passant aux larges de Dakar. Le vol était angoissant et c’est avec un traumatisme sans pareil que les passagers sont arrivés à Paris. L’un dont la famille s’est confiée à la Rédaction a fini chez un psychologue. Le désagrément pour les passagers suite à cet incident est sans commune mesure. Ceux qui ont voyagé la peur au ventre sont arrivés avec un traumatisme et ceux qui sont restés ont vu leur agenda totalement bousculé.
Pour comprendre les contours de cet incident gravissime qui est passé sous silence par les autorités de l’aéroport de Lomé et les responsables de la compagnie, la Rédaction s’est tournée vers le bureau local d’Air France à Lomé. Le contact de la Directrice commerciale Mme Sylvie Zanou est inaccessible, après que nous avons été tourné en rond par certaines personnes derrière les contacts fixes. Nous avons enfin réussi à joindre l’assistante du représentant de la compagnie. Selon la dame au bout du fil, le DG est en vacances et ne reviendra qu’à la fin du mois et il faut attendre le mois de septembre. Selon toujours elle, la Directrice commerciale est aussi absente.
A la question de savoir s’il n y a personne pour répondre à nos questions, la dame au bout du fil a répondu que seul le DG est habilité à le faire. Voilà donc une compagnie sérieuse dans laquelle il n’existe personne pour répondre d’un incident lié à un de leur appareil et qui a créé des désagréments aux passagers. Chacun peut se faire une opinion sur cette fuite de responsabilité. Et pourtant la Convention de Montréal signée en 1999 pour protéger les passagers aériens voyageant sur les vols internationaux établit les règles communes d’indemnisation entre les 120 pays qui l’ont ratifiée.
La Convention de Montréal établit des règles d’indemnisation pour les interruptions de voyage, qu’il s’agisse de retards de vols, d’annulations ou de refus d’embarquement. Elle indique que la compagnie aérienne est responsable des dommages causés par le retard dans le transport des passagers. Qu’a fait Air France pour les passagers de ce vol qui ont embarqué en arrivant traumatisés et ceux qui ont fait le choix de rester ? Rien, en tout cas, de l’avis des passagers.
Que font les responsables de l’aéroport et les autorités togolaises ?
Comment les responsables de l’aéroport ont –ils accepté que l’avion décolle après les propos pas rassurants du commandant de bord aux passagers dans la salle d’embarquement ? N’y a-t-il pas une cellule d’expertise sur le site pour voir ces cas de figure ou bien les compagnies aériennes sont-elles libres de faire ce qu’elles veulent ?
Le Colonel Gnama Latta, double DG de l’ANAC et de la SALT, dans ses sorties vaseuses avec des arguments métaphysiques, a toujours estimé que l’aéroport de Lomé est l’un des plus sécurisés en Afrique. Si c’est le cas, comment se fait-il qu’on laisse les choses se passer ainsi ? Existe-t-il une cellule pour contrôler la qualité, la sureté et le confort des appareils qui arrivent à l’aéroport de Lomé ? La question est d’autant plus légitime que les passagers se plaignent du manque de confort de certains appareils, parfois des sièges scotchés, des moteurs aux bruits assourdissants tout le long du voyage.
Il est temps que la bande à Gnama Latta sorte de ses jongleries et amusements habituels pour rappeler aux compagnies les normes en matière de navigation. L’incident du vol d’Air France AF 399A ne saurait se passer en Europe ou USA sans conséquence pour la compagnie. A un niveau plus élevé, les autorités togolaises doivent prendre exemple sur le Président béninois Patrice Talon qui a tapé du poing sur la table en ce qui concerne les prestations d’Air France dans son pays. Et depuis, la compagnie a revu les choses et amélioré ses prestations dans ce pays.
Il est temps de mettre fin au désordre pour permettre aux passagers partant de Lomé de voyager en toute sérénité et surtout dans le confort requis.
Source : www.icilome.com