Incendie des marchés : Naboudja Bouraima saisit Faure Gnassingbé et réclame réparation pour toutes les victimes

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Naboudja Bouraima n’est plus à présenter. L’ancien militant de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) faisait partie des présumés complices dans l’affaire des incendies des marchés de Lomé et de Kara. Dans une lettre ouverte adressée au chef de l’Etat, Faure Gnassingbé, le porte-parole du Mouvement de la justice sociale (MJS) se rappelle encore les traitements inhumains et dégradants subis dans les cellule de la prison civile de Kara. Le jeune professeur de Philosophie appelle le chef de l’Etat à tourner son regard vers ces commerçants et commerçantes hier riches, aujourd’hui tirant le diable par la queue, gisant sous une misère galopante. Lecture!

Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République Togolaise FAURE GNASSINGBE.

Objet : Interpellation pour réparation à toutes les victimes des incendies des marchés.

« L’humanité ne connaîtra jamais de paix durable si les institutions deviennent l’apanage d’une poignée d’individus ». Le message que je vous envoie en toute lucidité fait rejaillir toutes les souffrances physiques, morales et psychologiques que nous avons subi quand nous étions injustement confondus aux pyromanes. Nos familles ont plus subi l’opprobre et l’humiliation dans l’histoire scandaleuse des incendies des marchés publics de Lomé et de Kara, crimes pour lesquels nous fûmes considérés à tort comme des présumés complices sans auteurs, juste parce que nous étions une jeunesse consciente qui se battait pour un Togo plus juste et équitable.

Ce que certains ont perçu naïvement et avec méchanceté comme un crime et quand les incendies ont ravagé nos deux marchés publics, les plus grands en terme de rentabilité économique, KAMINGH Piyabalo étudiant exclu de l’université de Kara, NAPO Tchein, économiste de formation, NAPO Tchin professeur d’université et aujourd’hui contraint de quitter son pays, ALEDI Tchangai le seul gardien sur une dizaine qui fut arrêté pour faire admettre au commun des mortels que nous étions des complices.

Je voudrais vous rappeler que certains événements ne s’oublient pas facilement et parfois jamais car on ne peut pas vouloir faire plaisir à certains individus en brandissant des innocents comme des criminels.

Les conditions de détention au Togo ne sont rien d’autre que de la torture préméditée. Nous avons été purement et simplement victimes des tortures depuis la cellule à la gendarmerie jusqu’à la prison civile de Kara. Durant notre détention, permettez- moi de vous présenter un peu certains faits tragiques et insupportables.

D’abord, le monsieur mis à la disposition des détenus comme médecin soignant à cette époque, était un vétérinaire, c’est-à-dire formé pour soigner les animaux. J’ai subi trois piqûres simultanées de scorpion dans la nuit du 21 août 2013, déjà vous pouvez imaginer l’état de la prison quand on parle de piqûre de scorpion dans les bâtiments où nous étions entassés les nuits sans toilette à l’intérieur et il n’y a jamais eu une seule nuit sans qu’au moins 10 détenus ne fassent leur besoin devant nous tous. Le gardien Aledi, à qui vos militaires ont demandé d’admettre qu’on se connaissait avant notre détention est devenu un handicapé physique car il avait une tuberculose osseuse avant d’être jeté en prison mais faute de soins, l’irréparable est fait. KAMINGH, exclu de l’Université de Kara, est sorti de la prison avec tous les traumatismes cardiaques. NAPO Tchein, économiste de formation, aujourd’hui exilé est sorti de la prison civile de Kara presqu’aveugle.

Je précise que depuis septembre 2018 son passeport a été retenu au commissariat de Kara sans motif, alors pourquoi ne pas dire que nous sommes toujours en prison. Enfin, le grand frère NAPO Tchin a dû quitter le Togo avec toutes ses compétences qui pouvaient servir plus d’un. C’est de l’ostracisme pur et aucun Etat sérieux soit- il, ne cautionne de tels égarements. Je ne saurais boucler cette parenthèse sans attirer votre attention qu’à Kara nous étions 3 bassar sur les 5 détenus dans ce lugubre crime des incendies des marchés, pourtant aucun parmi nous n’était en possession du kérosène matériel ayant servi de crimes selon le rapport des experts français. Je voudrais rappeler au procureur général qui était en charge de ce dossier M. POYODI que la justice n’est pas un simple jeu où il faut mentir comme un enfant.

Je le cite dans la nuit du 8 mars 2013 sur les chaînes de la TVT que  » c’est un vaste réseau de criminels avec des indices graves et concordants…… » Notre justice aujourd’hui fait énormément peur aux togolais et c’est la pomme de discorde entre les togolais. Dans cette machination savamment orchestrée, il y a eu mort d’homme que ce soit du côté des détenus ou des commerçants qui ont tout perdu à cause des criminels qui ont pu utiliser du kérosène, matériel qui n’est pas à la disposition de la classe politique de l’opposition qui était réunie sous la bannière du CST ( Collectif sauvons le Togo. )

Aujourd’hui plus qu’à jamais, je vous demande de jouer pleinement votre rôle de premier magistrat en prenant l’engagement ferme de réparer toutes les victimes qui ont traversé les pires moments de leur existence ici-bas. Je demande vivement que tous les commerçants victimes de ces actes ignobles soient immédiatement dédommagés afin de leur permettre de retrouver un temps soit peu leur équilibre psychologique.

Monsieur le Président, l’ordonnance de non-lieu que nous avons eu depuis le 9 mai 2016 confirme notre innocence et nous donne à plus d’un titre le droit de réclamer réparation. Cette revendication ne saurait être assimilée à une faveur car, quand un individu subit injustement un préjudice, la justice a obligation de réparer le tort. Monsieur le Président, votre statut vous donne la responsabilité d’anticiper les choses car l’Association des victimes des incendies des marchés de Lomé et de Kara après six ans a trop attendu………

Dans le souci majeur de réparer les torts subis par toutes les victimes de ce crime planétaire et inoubliable, je suis persuadé que notre interpellation retiendra votre attention afin d’arrêter ce cynisme machiavélique qui caractérise notre justice.

Monsieur le Président, le temps de la responsabilité a sonné pour mettre fin à ses douleurs des victimes qui pleurent nuit et jour.

Votre dévoué,

Naboudja Bouraima.

Source : www.icilome.com